La saison des faillites bancaires devrait commencer, selon la BCE. L’information est Ă©videmment passĂ©e inaperçue en France, oĂą personne n’a jugĂ© utile ni de la relever, ni de la commenter. Mais elle mĂ©rite pourtant qu’on s’y arrĂŞte et qu’on la dĂ©chiffre dans sa complexitĂ©, car elle annonce bien des sĂ©ismes en France, et bien des dĂ©convenues.Â
La BCE annonce le pire pour les banques
Le too big to fail devrait rester une doctrine officielle
Cela signifie-t-il qu’Ă la diffĂ©rence de la crise de 2008 la BCE et les institutions financières laisseront le marchĂ© opĂ©rer librement et, au besoin, certaines banques faire faillite ? Le discours n’est pas exactement celui-lĂ . Les grandes banques systĂ©miques feront, comme d’habitude, l’objet d’un sauvetage en bonne et due forme au nom du “too big to fail”. On connaĂ®t les multiples mĂ©thodes utilisĂ©es pour y parvenir : prĂŞts provisoires, nationalisation partielle, intervention plus ou moins dĂ©guisĂ©e du contribuable pour Ă©viter le pire.Â
En revanche, les petites banques percluses d’actifs toxiques, de prĂŞts pourris jamais remboursables, ne passeront vraisemblablement pas le cap des prochains mois, et la BCE s’en rĂ©jouit par avance. De lĂ Ă dire qu’elle facilitera le mouvement…
Le risque de l’Ă©conomie zombie
De la liquidité à la solvabilité des banques
Le calcul opĂ©rĂ© par la Banque Centrale est Ă©videmment incomprĂ©hensible pour le grand public. Il s’agit d’Ă©viter (cf. ci-contre) que des problèmes de liquiditĂ© ne cachent des problèmes de solvabilitĂ©. Ce type de jargon, un peu obligĂ©, renvoie clairement au problème que tout rĂ©gulateur doit rĂ©gler : les banques qui vont appeler la BCE Ă l’aide demandent-elles Ă ĂŞtre sauvĂ©es pour un problème passager qui ne tardera pas Ă se rĂ©gler avec un petit ou un bon coup de pouce ? Ou bien appellent-elles Ă l’aide parce que leur situation aurait Ă©tĂ©, tĂ´t ou tard, avec ou sans crise, totalement dĂ©sespĂ©rĂ©e ?
Dans ce dernier cas, il n’est pas dans l’intĂ©rĂŞt des pouvoirs publics au sens large d’intervenir pour soutenir l’activitĂ© de l’entreprise. L’argent consacrĂ© Ă sauver des entreprises sans avenir vient en effet en dĂ©duction de l’argent consacrĂ© Ă des entreprises d’avenir.Â
Toute la difficultĂ© est de faire la diffĂ©rence entre entreprises qui ont de l’avenir et entreprises qui ont des “problèmes de solvabilitĂ© non dĂ©tectĂ©s”.Â
Quelles banques françaises seront “dĂ©tectĂ©es” ?
On peut Ă©videmment se demander quelles banques en France peuvent se sentir visĂ©es par ces propos. La rĂ©ponse est double: Ă la fois toutes, et très peu. Toutes, car, contrairement aux affirmations des Ă©tats-majors parisiens, toutes les banques françaises vivent dans un secteur protĂ©gĂ© d’une vraie concurrence, et toutes ont multipliĂ© les prises de risque grâce Ă cette protection dont elles bĂ©nĂ©ficient. Très peu, car la France compte surtout des banques systĂ©miques que l’État ne peut laisser faillir sans un risque global. On sait donc que les BNP, CrĂ©dit Agricole, SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale et Natixis seront sauvĂ©es.Â
Il suffit de voir comment les mauvais rĂ©sultats de Natixis, annoncĂ©s hier, sont passĂ©s inaperçus.Â
Ce qui est bizarre c’est que ça fait des annĂ©es que le problème est identifiĂ© et personne ne change rien. En 2008 on a Ă©tĂ© pris de cours. Mais lĂ c’est pas vraiment une surprise ! On dirait que l’on a une Ă©lite qui n’est pas capable d’anticiper et gĂ©rer on dirait qu’elle n’est formĂ©e que pour perpĂ©tuer. Le monde a changĂ©, ça fait plus de 20 ans qu’internet existe. On dirait que la structure de l’Ă©tat est restĂ©e bloquĂ©e et elle a refusĂ© de l’intĂ©grer… C’est marrant ce problème français d’ĂŞtre incapable de se rĂ©former, il faut que tout s’effondre, qu’il y ait un dĂ©sastre pour repartir. Ca ne peut juste plus marcher. J’espère que l’Ă©lite dĂ©posera les armes et ne ruinera pas complètement la France, et qu’elle se mettra Ă bosser avec un peu plus d’humilitĂ© Ă la France d’après. J’espère qu’ils n’en viendront pas Ă avoir 3 millions de personnes dans la rue et Ă en devenir violent.
C’est triste tout ça.