L’affaire n’a pas dĂ» Ă©chapper Ă beaucoup d’entre nos lecteurs : il y a un peu plus d’une semaine, l’information a largement Ă©tĂ© commentĂ©e selon laquelle l’AGIRC-ARRCO avait sollicitĂ© l’Etat afin qu’il lui accordât une avance de trĂ©sorerie de l’ordre de 8 milliards d’euros. Ce prĂŞt doit sĂ©curiser le versement des pensions de juin et de juillet.
par Mickaël Ciccotelli
Historien spécialiste de la protection sociale
Bien que les responsables de l’AGIRC-ARRCO se veuillent rassurants sur la situation comptable de l’organisme, sa capacitĂ© Ă assurer le financement des pensions de manière pĂ©renne suscite quelques interrogations.Â
La trĂ©sorerie normale de l’AGIRC-ARRCO…
Si le montant – pas tout Ă fait dĂ©risoire – de l’avance demandĂ©e Ă la puissance publique par la rue Jules CĂ©sar est dĂ©sormais connu de bien des acteurs et observateurs du monde de la protection sociale, il ne suffit pourtant pas Ă qualifier de manière satisfaisante les enjeux comptables de l’affaire. Les 8 milliards d’euros dont il est en l’occurrence question mĂ©ritent en effet d’ĂŞtre mis en perspective avec d’autres donnĂ©es chiffrĂ©es qui permettent de caractĂ©riser l’activitĂ© courante de l’AGIRC-ARRCO.Â
Un tel montant reprĂ©sente un peu plus d’un mois de cotisations aux rĂ©gimes : d’après les dernières tendances, le montant mensuel de ces dernières Ă©voluait aux alentours de 7 milliards d’euros. Dans la mesure oĂą les recettes de l’AGIRC-ARRCO et les prestations qu’elle verse s’Ă©quilibrent globalement, ceci signifie Ă©galement que le montant demandĂ© Ă l’Etat correspond Ă peu plus d’un mois de prestations. Dernier chiffre utile Ă avoir en tĂŞte en matière de trĂ©sorerie de l’AGIRC-ARRCO : si l’on se fie aux ordres de grandeur Ă©voquĂ©s dans cet article de l’Ifrap, ces 8 milliards reprĂ©sentent un peu moins de la moitiĂ© du fonds de roulement de l’organisme.Â
En premier lieu, et puisqu'il est impossible de savoir si les prochains mois donneront lieu à une réelle reprise de l'activité économique, il n'est pas évident de tabler sur une reprise du cours normal de la trésorerie de l'AGIRC-ARRCO. Si les recettes devaient stagner au niveau qui est actuellement le leur durant trois ou quatre mois, la configuration se compliquerait alors sérieusement et il serait inévitable de puiser clairement dans les réserves.
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… et sa version dĂ©gradĂ©e en mode Covid
HĂ©las pour ses responsables, la crise sanitaire de la Covid-19 est venue quelque peu enrayer la marche normale de l’institution. D’après des chiffres avancĂ©s par Eric ChevĂ©e, vice-prĂ©sident de la CPME, et citĂ©s par Capital, le montant des cotisations a chutĂ© Ă 4,5 milliards d’euros pour le mois d’avril – contre, certes, 3,5 milliards escomptĂ©s Ă l’origine. Cette diminution sensible est due au fait que, dans l’Ă©tat actuel du droit, les cotisations AGIRC-ARRCO ne sont pas appelĂ©es sur les indemnitĂ©s de chĂ´mage partiel et au fait que, d’autre part, beaucoup d’entreprises ont bĂ©nĂ©ficiĂ© du report du versement de la part patronale de ces cotisations. Quoi qu’il en soit, ceci signifie que 2,5 milliards d’euros ne sont pas rentrĂ©s dans les caisses en avril.Â
Selon toute probabilitĂ©, le confinement ayant durĂ© deux mois, il faut s’attendre Ă ce que le manque total de recette – ou, du moins, le retard – engendrĂ© par la crise sanitaire soit en rĂ©alitĂ© le double de ce montant de 2,5 milliards d’euros – Ă©tabli sur un seul mois. Il y a par ailleurs tout lieu de penser que les recettes des prochains mois ne seront pas aussi importantes qu’elles devraient l’ĂŞtre thĂ©oriquement.Â
Une situation sous contrĂ´le…
Dans ces conditions, la demande d’avance de trĂ©sorerie formulĂ©e par l’AGIRC-ARRCO auprès de l’Etat pourrait permettre d’une part de compenser les paiements reportĂ©s ou dont les modalitĂ©s n’ont pas encore Ă©tĂ© dĂ©finies – dans le cas du chĂ´mage partiel – des cotisations de retraite complĂ©mentaire et, d’autre part, de faire face Ă d’Ă©ventuels non paiement de cotisations, dus Ă des dĂ©faillances d’entreprises notamment. Avec les huit milliards d’euros de l’Etat, l’AGIRC-ARRCO devrait consolider son fonds de roulement, s’assurant d’y voir clair Ă l’Ă©chĂ©ance d’un trimestre de prestations. Avec le paiement diffĂ©rĂ© de cotisations dues pour la pĂ©riode du confinement, l’institution pourrait rendre tout ou partie de l’avance Ă l’Etat et espĂ©rer reprendre le cours plus normal de son fonctionnement.Â
Pour ces raisons, les reprĂ©sentants de l’institution assurent-ils que la situation est sous contrĂ´le. CitĂ©s dans la presse, les principaux administrateurs de l’AGIRC-ARRCO, ainsi que plusieurs responsables des services, ont tous tenu un discours semblable, rassurant, sur cette situation. De manière moins formelle, plusieurs sources tiennent un discours qui, lĂ encore, se veut optimiste. “Croyez-moi : en cas de gros coup dur, l’AGIRC-ARRCO comptera parmi les dernières institutions de retraite Ă pouvoir continuer Ă financer des pensions” affirmait ce matin encore l’un de ses administrateurs.Â
À l'AGIRC-ARRCO comme ailleurs, on va donc se montrer attentif à la manière dont l'activité évolue durant l'été, car une évolution contrariante signifierait une mise en tension importante à la fois de la trésorerie et des réserves.
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… malgrĂ© quelques inquiĂ©tudes
Ces diffĂ©rents Ă©lĂ©ments ne sauraient toutefois masquer l’existence d’un certain nombre de motifs d’inquiĂ©tudes. En premier lieu, et puisqu’il est impossible de savoir si les prochains mois donneront lieu Ă une rĂ©elle reprise de l’activitĂ© Ă©conomique, il n’est pas Ă©vident de tabler sur une reprise du cours normal de la trĂ©sorerie de l’AGIRC-ARRCO. Si les recettes devaient stagner au niveau qui est actuellement le leur durant trois ou quatre mois, la configuration se compliquerait alors sĂ©rieusement et il serait inĂ©vitable de puiser clairement dans les rĂ©serves.Â
Or, justement, s’il est indiscutable que celles-ci atteignent le montant respectable de quelque 65 milliards d’euros, il est tout aussi indiscutable, comme ceci a Ă©tĂ© soulignĂ© ici ou lĂ , qu’elles ne sont que pour partie aisĂ©ment convertibles en liquide et, surtout, qu’elles le seraient moyennant des dĂ©prĂ©ciations parfois notables. Autrement dit : sauf Ă accepter de payer leur mobilisation Ă un prix Ă©levĂ©, les rĂ©serves de la rue Jules CĂ©sar doivent ĂŞtre mĂ©nagĂ©es autant que possible dans les prochains mois. Ă€ l’AGIRC-ARRCO comme ailleurs, on va donc se montrer attentif Ă la manière dont l’activitĂ© Ă©volue durant l’Ă©tĂ©, car une Ă©volution contrariante signifierait une mise en tension importante Ă la fois de la trĂ©sorerie et des rĂ©serves.Â
La trĂ©sorerie normale de l’AGIRC-ARRCO n’est pas en dĂ©ficit d’autant moins depuis leur rapprochement. Ne mttez pas une pression supplĂ©mentaire Ă une population fragilisĂ©e.
Il est vrai que malgrĂ© l’intelligence du Courrier des stratèges, il est systĂ©matiquement mais alors systĂ©matiquement annonceur de catastrophes. Dommage.
Je comprends pas AGIRC-ARRCO veut distribuer 1500€ aux personnes les plus démunies c’est à dire chômeurs et sans emplois,
Alors où va t’elle prendre cette argent la complémentaire puisque les n’arrive pas à augmenter les retraités.
Mais la semaine dernière agirc-arrco propose de distribuer 1500 euros pour les gens en difficulté et maintenant les versements pour les retraités ne sont pas assurer ? Quelle contradiction!!!!