????Les dépenses publiques dépasseront les 75% du PIB cette année

L’économie française devrait atteindre le score soviétique, en 2020, de 75% du PIB consacrés aux dépenses publiques. Il n’est pas sûr que Leonid Brejnev aurait osé présenter de tels chiffres au Soviet Suprême en son temps. Une telle performance semble avoir contenté Bruno Le Maire, qui a mis ces chiffres fièrement en avant lundi dans les médias.
Bruno Le Maire est heureux ! La France va consacrer 75% de son PIB aux dépenses publiques en 2020. Enfin, il ne l’a pas exactement présenté comme ça. Il a simplement expliqué que l’État avait d’ores et déjà mobilisé 20% du PIB pour sortir le pays de la crise du coronavirus… Et comme nous étions à 56% de dépenses publiques…
450 milliards sur la table…
Grande nouvelle donc, la France a mobilisé à ce stade 450 milliards € pour conjurer la crise du coronavirus (et du confinement, et de la guerre des prix du pétrole, pour les puristes attachés à une présentation exhaustive de la situation). Comme le dit très bien Bruno Le Maire, cette somme équivaut à 20 points de PIB.
Quelle fierté ! Alors que les dépenses publiques avaient atteint 56% du PIB en année normale, il faut désormais redresser ce chiffre de 20 points pour comprendre dans quelle dérive néo-libérale nous avons sombré. En dehors de la Corée du Nord, de Cuba et du Viêtnam, nous ne devrions pas compter beaucoup de concurrents dans la course au communisme cette année.
“Si on prend l’intégralité de ce qui a été fait, en budgétaire et en soutien de trésorerie, c’est 450 milliards d’euros, 20% de la richesse nationale, qui ont été mis sur la table”, a dit le ministre de l’Economie sur BFM TV et RMC.
Bruno Le Maire
Il y a deux mois, le plan était de 190 milliards
Faut-il rappeler que, fin mars, Gérald Darmanin annonçait que la France débloquait 190 milliards pour éviter la catastrophe. Finalement, plus du double est sorti de nos poches percées, retardant d’autant la conscience que les Français peuvent avoir de la gravité de la situation.
Nous avions déjà annoncé à l’époque que l’année se terminerait avec des dépenses publiques à 70% du PIB. Tous les compteurs explosent désormais, et l’on ne sait où cette fuite géante s’arrêtera.
Mais où Macron trouvera-t-il l’argent ?
Pour l’instant, tout va bien. Malgré l’inflation galopante de ces sommes, la France parvient encore à se financer. L’emprunt à 20 ans lancé ce mercredi a suscité de nombreux appétits chez les investisseurs. Les moyens devraient être donnés pendant quelques semaines. Mais… pour l’instant, les investisseurs ne connaissent pas l’état de la situation, et tout le monde vit sur un petit nuage entre plan européen à 750 milliards et annonce de coronabonds à 500 milliards.
L’optimisme moutonnier triomphe.
L’Agence France Trésor (AFT) a fait état mercredi d’une demande record de 58 milliards d’euros pour la nouvelle OAT (obligation assimilable du Trésor) d’échéance 25 mai 2040. Cet emprunt syndiqué à 20 ans dont le lancement avait été annoncé mardi, vise à couvrir une partie des nouveaux besoins de financement de l’Etat liés à la crise du coronavirus.
Reuters
La BCE lance les premières alarmes
Face à cette euphorie de la dépense, le meilleur est sans doute à venir. Pour l’instant, un Bruno Le Maire tire gloire de l’intervention massive de l’État. Il n’est pas le seul. Partout en Europe, et même dans le monde, c’est la course à celui qui affichera la plus grosse dépense, le plus gros plan, le plus gros montant.
Mais à ce jeu-là, l’économie mondiale devrait gonfler rapidement de très belles bulles qui éclateront à l’automne ou plus tard, mais qui éclateront un jour. La BCE le sait, qui a d’ores et déjà, dans sa revue de stabilité, manifesté son inquiétude vis-à-vis du phénomène. Selon ses craintes, plusieurs pays pourraient être contraints à quitter la zone euro avant de faire défaut. « Elle évoque aussi les risques liés à l’endettement des entreprises, à la faible rentabilité des banques et à l’éventualité d’une correction sur les prix immobiliers. »
Bref, l’argent facile des États abreuvés d’argent imaginaire par la Banque Centrale Européenne commence la zombification de nos économies, synonyme de réveil douloureux pour nos économies.
L’insolvabilité guette.
Anticiper un défaut français
Pour l’instant, les cigales françaises chantent et dénient les risques qui s’accumulent. En particulier, la BCE prépare un scénario où elle ne pourrait plus intervenir sur les marchés secondaires avec la BundesBank allemande. Il n’y a qu’en France où le risque est balayé du revers de la main au nom d’un interminable optimisme qui a si souvent montré ses effets pervers par le passé. Sagement, il vaut mieux anticiper la survenue d’un défaut français dans les 2 ans à venir et adapter sa stratégie d’épargne à ce moment douloureux où un Philippe le Bel de passage pourrait avoir la tentation de pratiquer quelques rapines pour renflouer ses caisses.
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