La nomination de Pierre Moscovici Ă la Cour des Comptes n’est pas une surprise. Elle Ă©tait attendue depuis longtemps. Ce qui intrigue, c’est mĂŞme qu’elle soit intervenue si tard. Nous tentons ici de dĂ©chiffrer les raisons qu’Emmanuel Macron a pu avoir de tarder Ă officialiser cette nomination.Â
La nomination de Pierre Moscovici Ă la Cour des Comptes Ă©tait prĂ©vue depuis près de deux ans. Nous l’avions dĂ©jĂ Ă©voquĂ© dans nos colonnes. Dès cette Ă©poque, les hĂ©sitations de Macron Ă©taient Ă©videntes… Le PrĂ©sident a finalement laissĂ© le poste vacant 5 mois avant de procĂ©der au remplacement de Didier Migaud, parti prĂ©sider la Haute AutoritĂ© pour la transparence de la vie publique. MĂŞme si Emmanuel Macron a l’habitude de prolonger ses hĂ©sitations au-delĂ du nĂ©cessaire (on l’a vu pour le poste de directeur gĂ©nĂ©ral de la très stratĂ©gique Caisse des DĂ©pĂ´ts et Consignations), ce retard Ă l’allumage intrigue et soulève pas mal de questions.Â
La nomination de Moscovici prĂ©vue dès 2018…
Pour mĂ©moire, la presse rapportait en 2018 que Macron avait demandĂ© Ă Richard Ferrand de proposer Didier Migaud (alors Ă la tĂŞte de la Cour des Comptes) au Conseil Constitutionnel… pour laisser la place Ă Pierre Moscovici, vraisemblablement appelĂ© alors Ă quitter prĂ©maturĂ©ment ses fonctions de commissaire europĂ©en. Finalement, au titre de l’AssemblĂ©e Nationale, Ferrand avait choisi Alain JuppĂ©, ce qui a mis le PrĂ©sident dans l’embarras.
Mais une chose est sûre, le jeu de chaises musicales était déjà dans les esprits depuis près de deux ans. Il faut dire que le faible entrain de Pierre Moscovici pour ses fonctions de commissaire était devenu de notoriété publique. Au point de discréditer un peu plus la France dans le concert européen.
L’Europe est le fil directeur de ma vie politique, et elle y a occupé suffisamment de place pour que je trouve aujourd’hui sur mon chemin de nombreux visages familiers, au gré des rencontres et des évènements.
Pierre Moscovici Tweet
La nomination ratĂ©e d’Éric Woerth
Selon la tradition ouverte par Nicolas Sarkozy, le PrĂ©sident nomme Ă la Cour une personnalitĂ© issue de l’opposition. Didier Migaud Ă©tait Ă l’Ă©poque dĂ©putĂ© socialiste, et rapporteur de la commission des Finances, le poste de prĂ©sident de la commission revenant Ă la majoritĂ©. Le bon sens aurait voulu qu’Emmanuel Macron rende la pareille en nommant l’actuel rapporteur de la commission, Éric Woerth, dont les compĂ©tences en finances publiques sont reconnues.Â
En choisissant Pierre Moscovici, le PrĂ©sident revient donc Ă un système oĂą la majoritĂ© truste tous les postes, et oĂą l’opposition est Ă©cartĂ©e de tout contre-pouvoir possible. C’est absurde dans le cas prĂ©sent, puisque peu de personnes s’abusent sur les compĂ©tences techniques et la motivation de Pierre Moscovici… Il se murmurait toutefois qu’Emmanuel Macron a sĂ©rieusement envisagĂ© de nommer, tout un temps, Éric Woerth. Pourquoi ne pas l’avoir fait ? L’affaire mĂ©rite d’ĂŞtre Ă©claircie.Â
Quelle promesse faite Ă Moscovici ?
Assez naturellement, beaucoup d’analystes (dont l’auteur de ces lignes) ont toujours considĂ©rĂ© que la Commission EuropĂ©enne se montrait indulgente vis-Ă -vis de la France et de ses dĂ©rapages budgĂ©taires du seul fait de la prĂ©sence de Pierre Moscovici au poste stratĂ©gique de commissaire chargĂ© de l’Économie. Il est tout Ă fait plausible, mĂŞme si cela n’est pas prouvĂ©, que Pierre Moscovici ait mis dans la balance son indulgence envers la France et son parachutage Ă un poste prestigieux une fois son mandat de commissaire achevĂ©.Â
Si cette hypothèse relève de la conjecture, elle explique bien pourquoi Macron met en jeu sa crĂ©dibilitĂ© Ă un moment peu favorable pour le rĂ©cupĂ©rer.Â
Reste toutefois une question pendante : pourquoi cette dĂ©cision n’a-t-elle pas Ă©tĂ© prise dès le mois de janvier, ou de fĂ©vrier… et pourquoi avoir attendu si longtemps, au risque de devoir officialiser une dĂ©cision prise depuis longtemps dans une phase politique très sensible ?
Je pense aussi à la création d’un « ministre des finances » de la zone euro – un Président permanent et exclusif de l’Eurogroupe, qui pourrait être aussi le membre de la Commission européenne chargé des affaires monétaires – qui incarne et défende cet intérêt commun, et garantisse que nos décisions soient rapides et à la hauteur des enjeux.
John Doe Tweet
Macron espĂ©rait-il vraiment la crĂ©ation d’un ministre des Finances europĂ©en ?
Une piste possible pour expliquer ce retard se trouve peut-ĂŞtre dans un discours prononcĂ© par Pierre Moscovici en 2013. Il y plaide (nous citons ses propos ci-contre) pour la crĂ©ation d’un poste de ministre des finances europĂ©en, un peu plus sexy et moins exigeant que la technicitĂ© de Premier PrĂ©sident de la Cour des Comptes.Â
Dans la pratique, il est frappant de voir que la nomination de Moscovici est finalement dĂ©cidĂ©e alors que la Commission von der Leyen a jetĂ© ses premiers dĂ©s sur les plans de relance europĂ©en, et sur son programme de Green Deal. Faut-il en conclure que, jusqu’Ă la dernière minute, Macron a conservĂ© Moscovici dans sa manche pour occuper de nouvelles fonctions europĂ©ennes qu’il escomptait crĂ©er avec l’accord d’Angela Merkel ?
Rien ne le prouve Ă ce stade, mais l’hypothèse est tentante et lĂ aussi explique mieux le calendrier des dĂ©cisions prĂ©sidentielles.Â
Une Cour des Comptes réduite à pas grand chose
Une certitude se dĂ©gage dĂ©sormais : la Cour des Comptes va beaucoup perdre de l’aura que Didier Migaud lui avait donnĂ©e durant sa prĂ©sidence. Et tout laisse Ă penser que Moscovici y dĂ©ploiera les qualitĂ©s qu’on lui a connues avant : dĂ©sintĂ©rĂŞt pour les dossiers de fond, nonchalance, primat de la combinazione sur l’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral.Â
DĂ©cidĂ©ment, tout ce qui marchait pĂ©riclite, et tout ce qui ne marche pas prospère, dans ce pays.Â
Encore un “toutou” Ă la botte de macron.
Ce planquĂ© lui restera ainsi redevable et l’autre est tranquille
Les comptes n’ont pas de soucis Ă se faire !!!
Oui, c’en est fini de la rengaine des rapports catastrophiques de la Cour des Comptes Ă©maillant notre agenda Ă la St Glinglin, avec par ailleurs des scandales d’autant plus gros qu’aussitĂ´t remballĂ©s et classĂ©s sans suites…
Maintenant, avec des rapports Ă l’eau de rose, plus la peine de s’y assoir dessus !
Ne pourrait-on pas carrĂ©ment confier ce pouvoir de contrĂ´le Ă la Commission des Finances de l’AssemblĂ©e Nationale ?
La cour des comptes avec Didier Migault.
Je me trompe ou c’est bien l’homme responsable de la faillite de Grenoble qui s’habille des oripeaux de la bonne gestion Ă la cour des comptes…. Après avoir mis Grenoble Ă terre…
C’est Ă vomir….
Si quelqu’un peut me de tromper, je reprendrai de l’espoir.
Cour des comptes: des fonctionnaires évalués par des fonctionnaires !!!!! On nous prend vraiment pour des ânes ! Assez!