Selon un courrier consultĂ© par les Échos, le gouvernement a donnĂ© jusqu’Ă la mi-juin aux assureurs santĂ© pour indiquer quel serait le montant de leur contribution au financement de la crise. Cette demande Ă©tait tout Ă fait prĂ©visible, et nous n’avions pas manquĂ© d’Ă©voquer sa forte probabilitĂ©. Pour les assureurs, comme nous l’Ă©voquions hier, l’addition sera d’autant plus salĂ©e que la FFA continue Ă communiquer dans l’entre-soi de la profession et Ă opposer un silence mĂ©prisant Ă l’opinion publique qui demande des comptes.
Selon le quotidien les Échos, Olivier VĂ©ran et GĂ©rald Darmanin ont donc Ă©crit aux organismes complĂ©mentaires santĂ© pour leur demander de participer au financement de la crise du coronavirus, compte tenu notamment de la baisse des consommations mĂ©dicales durant le confinement, qui leur aurait donnĂ© des marges de manoeuvre. Cette demande très prĂ©visible s’ajoute aux diverses contributions dĂ©jĂ versĂ©es, et aux autres qui ne manqueront pas de venir dans les prochains mois. Â
Les assureurs santé enrichis par la crise?
On se souvient ici que GEREP publie rĂ©gulièrement un baromètre de la crise du coronavirus, qui chiffre prĂ©cisĂ©ment l’Ă©volution des “sinistres” indemnisĂ©s par les complĂ©mentaires santĂ© durant la crise du coronavirus. Cet outil risque bien d’ĂŞtre vu comme une corde vendue pour pendre les assureurs santĂ©, puisqu’elle met des montants sur un pressentiment collectif d’une baisse forte de la consommation. Ă€ n’en pas douter, ce baromètre a nourri les intentions gouvernementales de rĂ©clamer aux organismes complĂ©mentaires une Ă©lĂ©mosyne fraternelle pour combler les abysses des comptes sociaux. Â
Toujours est-il que, Ă la louche (en compte-cartons, comme on dit en Afrique), la baisse des consommations, Ă l’instant oĂą nous Ă©crivons, peut se chiffrer Ă 10% des consommations habituelles projetĂ©es sur l’annĂ©e entière. Bien entendu, rien n’exclut qu’il y ait une remontada des consommations dans les mois Ă venir, et mĂŞme peut-ĂŞtre une dĂ©gradation par rapport Ă l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente compte tenu de l’interruption des soins durant le confinement. Ainsi, beaucoup annoncent qu’il existe une explosion des maladies cardiaques, faute de traitements prĂ©ventifs pendant deux mois. Â
« Avant de prendre des engagements supplémentaires, nous avons besoin de mesurer l'impact de cette crise économique sur les mutuelles »
Thierry Beaudet, FNMF Tweet
Tout le problème tient à la consommation en année pleine
Il est donc un fait que, Ă ce stade, on ne peut guère savoir si la consommation diminuera sur l’ensemble de l’annĂ©e ou pas. Il serait utile de dresser un bilan fin aoĂ»t, par exemple (ça tombe bien, c’est le moment des derniers rĂ©glages du projet de loi de finances), de la consommation sur les huit premiers mois de l’annĂ©e, pour comprendre le comportement global des Français. Â
Une certitude est acquise Ă ce stade : si, dans les prochaines semaines, aucun rattrapage de consommation n’intervient, les assureurs santĂ© n’Ă©chapperont pas Ă la cuisson anthropophagique qui deviendra un sport de haut niveau Ă Bercy cet Ă©tĂ©. Et, pas de chance pour les complĂ©mentaires, ils ne disposent guère des arguments des assureurs-vie pour inflĂ©chir la position du gouvernement. Â
La taxe est-elle inévitable ?
Le scĂ©nario le plus plausible en l’Ă©tat est aussi le plus prĂ©visible et le plus habituel. Les assureurs santĂ©, qui disposent d’un dĂ©lai courant jusqu’Ă la mi-juin pour rĂ©pondre aux injonctions gouvernementales, vont refuser de passer sous les fourches caudines d’Olivier VĂ©ran. Le gouvernement va tonitruer et prĂ©parer une taxe en loi de finances pour 2021 sur les assureurs santĂ©. Â
La profession se prĂ©pare donc assez logiquement Ă batailler lors du dĂ©bat budgĂ©taire pour limiter les dĂ©gâts. On jugera de la qualitĂ© de sa prĂ©paration, et de son influence rĂ©elle sur les parlementaires, Ă l’Ă©tendue des pertes. Â
« La situation est évolutive. Il y aura peut-être d'autres économies réalisées en cours d'année»
Source gouvernementale selon les Échos Tweet
Pourquoi les assureurs-santé préfèrent une taxe à une contribution
Les raisons pour lesquelles la profession prĂ©fère la taxe Ă la contribution sont bien connues. La taxe a le bon goĂ»t d’ĂŞtre payĂ©e par le consommateur, alors que la contribution peut parfois, lorsqu’elle intervient en annĂ©e pleine, toucher directement les rĂ©sultats des contrats. Or ceux-ci, dans certains secteurs, promettent tout de mĂŞme d’ĂŞtre juteux. On pense en particulier aux contrats collectifs santĂ© souscrits dans des branches comme la restauration ou l’hĂ´tellerie, oĂą le marasme sĂ©vit. Â
Ă€ n’en pas douter, des acteurs comme Klesia, très implantĂ©s dans ces secteurs, ont tout intĂ©rĂŞt Ă jouer la taxe en 2021 plutĂ´t que la contribution spontanĂ©e en 2020. Le temps joue en effet en faveur de cet assureur qui trouve ici une bonne occasion de reconstituer un petit matelas avant des annĂ©es difficiles. Â
Le pari risquĂ© d’une stratĂ©gie de retardement
Il n’est en revanche pas sĂ»r que les dĂ©cideurs publics ne soient dupes de cette stratĂ©gie de retardement. Le principal risque qui pèse est celui d’une contribution exceptionnelle cette annĂ©e, suivie d’une taxe. Pour Ă©viter ce scĂ©nario catastrophe, il faudrait que les organisations professionnelles se dĂ©cident Ă faire un peu de pĂ©dagogie publique (et mĂŞme beaucoup), en expliquant au grand public les mĂ©canismes du marchĂ©, si possible sans prendre des airs d’instituteurs de la IIIè RĂ©publique s’adressant Ă des demi-dĂ©biles (cette dernière exigence Ă©liminant la FFA). Â
N’oublions pas qu’Olivier VĂ©ran est un partisan du “tout sĂ©curitĂ© sociale” et qu’il ne manquera pas d’allier, Ă la commission des Affaires Sociales, pour punir les complĂ©mentaires de mieux gĂ©rer le risque que l’assureur public. Â
Bravo Ă l’auteur qui rĂ©ussit une fois de plus Ă rendre plaisant sinon drĂ´le un sujet que n’importe quel journal aurait restituĂ© glauque et oppressant.
La prĂ©sidente des ASSUREURS a très justement rappelĂ© que les risques et les coĂ»ts correspondants se calculent par annĂ©e. Donc si les dĂ©penses de santĂ© ont baissĂ© durant le confinement, rien ne permet de retenir un NON RATTRAPAGE DES FRAIS DE SANTE D’ICI FIN 2020. Donc l’Ă©tat de plie Ă une demande des associations de consommateurs et des syndicats. Mais la contrepartie sera de toute Ă©vidence une augmentation des primes en 2021 avec une baisse de la couverture et un rendement RIDICULE DE L’ASSURANCE VIE…..Les assureurs ne SONT PAS FOUS.