Vous disposez d’un contrat d’assurance-vie dotĂ© de 100.000€ d’en-cours, arrivĂ© Ă maturitĂ©, et vous vous demandez s’il est prudent de le conserver ou s’il vaut mieux le convertir en autre chose. Cette question nous est rĂ©gulièrement posĂ©e par des lecteurs. Voici quelques Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse… qui dĂ©butent une sĂ©rie que nous consacrons Ă ce sujet.Â
Faut-il ou non sortir de l’assurance-vie si l’on a accumulĂ© un capital de 100.000€ qui dorment sagement chez un assureur-vie ? Faut-il craindre une grande crise qui vous ruinerait ? Des mesures fiscales dĂ©sagrĂ©ables ? Voici quelques opinions sur le sujet… Mais Ă chacun de se faire son opinion.Â
L’assurance-vie ? Mais quelle assurance-vie ?
La première question Ă se poser est Ă©videmment de savoir en quoi consiste effectivement votre portefeuille d’assurance-vie. La situation la plus courante est celle d’un compte en euros dont la gestion est dĂ©lĂ©guĂ©e Ă votre assureur ou Ă un fonds de gestion.Â
Cette option est la moins risquĂ©e. Certes, les taux d’intĂ©rĂŞts sont dĂ©sormais nĂ©gatifs, et il n’existe guère d’espoir de voir le rendement de ce type d’Ă©pargne prendre un envol inespĂ©rĂ©. Atteindre un taux de 2% relève dĂ©sormais de l’exploit. Mais… en dehors d’une faillite de votre assureur, il y a peu de risque pour que votre capital ne soit menacĂ©. Ce n’est pas le cas avec les “unitĂ©s de compte”, qui sont des placements en bourse pour lesquels le pire peut survenir.Â
Concrètement, donc, si vous avez placĂ© 100.000€ il y a dix ans sur un fonds en euros auprès d’un assureur-vie ayant pignon sur rue, vous avez peu de risques d’ĂŞtre en mauvaise posture dans les prochaines semaines.Â
Des questions sur votre Ă©pargne ?
N’hĂ©sitez pas Ă me les envoyer. Je tente d’y rĂ©pondre de façon cash et indĂ©pendante…
Suivez notre sĂ©rie oĂą j’interroge des praticiens pour vous donner des idĂ©es adaptĂ©es Ă votre niveau d’Ă©pargne…
Que faire si j’ai des unitĂ©s de compte ?
En revanche, si vos 100.000€ sont placĂ©s en unitĂ©s de compte, la situation est un peu plus risquĂ©e. Les Ă©pargnants qui ont fait confiance au fonds H2O dont Natixis est partenaire l’ont appris Ă leurs dĂ©pens. Les dĂ©rapages boursiers ont beaucoup coĂ»tĂ© Ă ces fonds que Natixis a finalement dĂ©cidĂ© de placer auprès du grand public.Â
On ne le dira jamais assez : la bourse n’est pas ce monde idĂ©al, toujours en hausse, que dĂ©crivent certains analystes financiers souvent discrètement financĂ©s par des fonds d’investissement Ă la recherche de gogos pour faire monter les cours. Notre analyse depuis plusieurs semaines, confirmĂ©e par les faits, est mĂŞme qu’il ne faut pas y retourner avant 2021, et au cas par cas. Les cours sont en effet orientĂ©s Ă la baisse.Â
Si vous ĂŞtes dĂ©tenteur d’une assurance-vie en unitĂ©s de compte, il faut donc examiner clairement votre structure de portefeuilles et commencer Ă rĂ©flĂ©chir Ă la suite des opĂ©rations.Â
Le risque de détenir trop de liquide ou de livrets bancaires
Rappelons lĂ encore que les contrats d’assurance sont plus sĂ©cures que les comptes, avoirs ou livrets bancaires. En cas de panique boursière, les banques sont en effet beaucoup plus menacĂ©es que les compagnies d’assurance. En outre, en cas de faillite bancaire, l’argent dĂ©posĂ© Ă la banque, que ce soit sur un compte en banque ou un livret (type livret A) est beaucoup plus sujet Ă “saisie” de l’État que votre compte d’assurance-vie.Â
Si votre projet consiste Ă clĂ´turer votre contrat d’assurance-vie pour garder votre argent Ă la banque, par exemple en le dispersant sur des PEL et des livrets A, vous vous exposez Ă un risque plus grand. On ne saurait donc conseiller cette opĂ©ration…
Rumeurs persistantes sur des crises bancaires
Les banques europĂ©ennes, nous le signalons rĂ©gulièrement, ne cessent de demander des amĂ©nagements rĂ©glementaires pour rĂ©duire les contraintes en fonds propres qui leur sont imposĂ©es. Concrètement, elles demandent un allègement grandissant des mesures de prudence imposĂ©es après la crise de 2008. Ce n’est pas très bon signe…
Pensez immobilier
Si, vraiment, vous n’ĂŞtes pas Ă l’aise avec votre assurance-vie, et que vous souhaitez trouver un placement refuge face aux tempĂŞtes qui s’annoncent, rĂ©flĂ©chissez Ă l’investissement immobilier, singulièrement Ă l’Ă©tranger… et singulièrement dans un pays oĂą l’immobilier a peu de chance de perdre sa valeur.Â
De notre point de vue, ce choix global de convertir son assurance-vie en immobilier n’est pas forcĂ©ment judicieux, et n’emporte pas d’urgence particulière. Mais si votre objectif est de privilĂ©gier une logique de sĂ©curitĂ© plutĂ´t qu’une logique de rendement, et si vous n’avez pas besoin de cet argent Ă court terme, l’investissement peut valoir le coup.Â
Nous sommes convaincus, paradoxalement, que certains pays sont proches de l’autarcie et ne subiront que de façon lointaine les tourments de la crise Ă venir. Y compris en Europe. Dans ces pays-lĂ , un petit placement peut mĂ©riter rĂ©flexion.Â
Le risque de l’alignement fiscal
Toute la difficultĂ© est de bien penser sa stratĂ©gie par rapport Ă ses objectifs et Ă son âge. Si vous pensez transmettre votre assurance-vie Ă un bĂ©nĂ©ficiaire en profitant des mesures de dĂ©fiscalisation sur l’hĂ©ritage, vous pouvez vous faire un peu de souci. Il est en effet probable que l’assurance-vie soit refiscalisĂ©e d’ici Ă 2023, au moins pour les contrats supĂ©rieurs Ă 152.500€.
Pour l’instant, tout ceci relève toutefois de la supputation. Si votre contrat d’assurance-vie est d’abord un contrat d’Ă©pargne personnelle, il est difficile Ă ce stade d’anticiper une mesure fiscale qui vous serait directement dĂ©favorable. Pas de panique donc.Â