L’idéologie écologique rentre désormais en conflit avec le système monétaire actuel : comment prétendre que les dettes seront remboursées par la croissance future tout en organisant la décroissance supposée nécessaire pour sauver la planète ? Mettre à la casse les moteurs à explosion, produire de l’électricité avec des sources intermittentes, compenser la baisse des rendements agricoles va nécessiter des tonnes de création monétaire. Mais si un doute sur la valeur de la monnaie nait dans les esprits, l’inflation et la fuite devant la monnaie pourraient prendre leur essor. D’où la dernière initiative des autorités : imposer rapidement la monnaie numérique de Banque centrale. Une sorte de prison monétaire dans un monde où les paiements en espèces seraient bannis.
Cointribune se fait l’écho du dernier rapport annuel de la Banque des règlements internationaux (BRI) et titre « Bitcoin face aux sombres desseins des banques centrales ». La BRI évoque des points très précis des avantages pour les autorités monétaires des futures devises numériques ou Central Bank Digital Currency (CBDC ou en français « monnaie numérique de Banque centrale »). Rappelons que la Banque centrale européenne elle-même souhaite que l’euro numérique voit le jour avant 2026.
Les tests se multiplient pour accélérer le déploiement.
Monopole des banques centrales et disparition des banques commerciales
Les monnaies numériques de Banque centrale sont vues par la BRI comme une « opportunité pour le système monétaire » ; elles seraient reliées à une « identité numérique » complétée par des informations permettant de savoir si le citoyen peut emprunter. Titres de propriété, niveaux d’imposition, diplômes feraient partie du dossier permanent raccroché à l’identité numérique de chaque citoyen.
Les banques commerciales existantes n’auraient donc plus aucun rôle dans la distribution du crédit ni même dans la tenue des comptes bancaires.
À vrai dire, le rôle des banques commerciales est déjà considérablement diminué et surtout leur business model a disparu. Les intervenants de marché le savent et la capitalisation boursière des banques a été divisée par presque 10 depuis la crise financière de 2008.
Rappelons qu’aujourd’hui une banque a le privilège de prêter de l’argent qui n’existe pas. Lorsque les taux d’intérêt sont élevés ce fonds de commerce – qui consiste à négocier le privilège de création monétaire délégué par la banque centrale – est très rentable. Mais lorsque les taux d’intérêt sont nuls, la marge s’évanouit et lorsque les taux d’intérêt sont négatifs, les banques sont poussées à la faillite. Même si ce modèle bancaire est très contestable, tout renforcement de monopole doit être déploré par un esprit libéral.
En cas de montée de l’inflation, les banques seraient acculées à la faillite car des montagnes de créances ne leur seraient pas remboursées. Les banques centrales pourraient alors nationaliser les banques commerciales en détresse. Comprenez aussi que les dépôts des particuliers seraient nationalisés dans la foulée.
Le contrôle par la peur, par les données et par la monnaie
Un tel système permettrait d’instaurer un contrôle total sur les citoyens et d’expérimenter la Théorie Monétaire Moderne, selon laquelle les déficits publics ne comptent pas ; les États financent les dépenses qu’ils jugent utiles par la création monétaire. Bien entendu, la justification est que lesdites dépenses sont indispensables à notre bien-être, au devenir de l’humanité et de sa biosphère.
- Reset énergétique = transition énergétique, disparition du pétrole et décroissance
- Reset monétaire= élimination de toute forme de monnaie privée et d’anonymat dans les transactions
- Reset économique = limitation de la propriété privée au profit de l’économie du partage
Ces trois points sont les trois aspects d’une même mutation de la société soutenue par les élites internationales. Cette mutation sera imposée aux populations par le levier de la peur : peur des virus, peur du changement climatique, peur malthusienne de la surpopulation.
Pour en revenir au domaine monétaire, depuis la nuit des temps, le pouvoir souhaite contrôler la monnaie en qualité et en quantité. Comme je le montre dans mon livre qui récapitule 5 000 ans d’histoire monétaire, ce contrôle n’est pas fait dans le but du « bien commun » ou autre concept flou. Il vise simplement à accroître le champ du pouvoir qui s’y livre. Rappelons que la plupart des démocraties se financent aujourd’hui plus par la dette que par l’impôt. Les régimes totalitaires comme démocratiques ont tellement étendu leurs champs d’action que le financement par l’impôt et la taxe ne leur suffit plus.
Deux concurrences monétaires insupportables
Les cryptomonnaies représentent une possibilité de monnaie privée qui menace les pouvoirs. De même que les métaux précieux anciennement monétaires. Nous allons donc assister à de multiples ripostes des autorités (politiques et monétaires) contre toutes possibilités de monnaies privées.
Les prétextes seront la lutte contre les inégalités, la pauvreté et la criminalité. Concernant ce dernier point, l’optimisation fiscale est déjà assimilée à la criminalité en France comme le montre le fonctionnement de Tracfin.
Les armes seront bien sûr législatives et règlementaires. L’enjeu est le totalitarisme monétaire.
Le totalitarisme et le constructivisme ont cependant toujours échoué même si la force et la contrainte leur permettent de se maintenir un certain temps. Si l’inflation devient durable, il va devenir de plus en plus difficile de lutter partout à la fois contre la détention de métaux précieux à titre privé.
Si vous êtes tenté d’acheter de l’or ou de l’argent pour vous assurer contre la débâcle de la Théorie Monétaire Moderne, sachez toutefois que vous devez respecter quelques précautions.
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