Pékin demande à Washington d’entrer sérieusement en négociation avec Moscou sur l’Ukraine

Pékin a fait connaître très clairement sa position sur le conflit ukrainien. Et il s'agit d'un clair message de désaveu de l'immobilisme américain dans la négociation. Hier en effet Washington a fait savoir à Moscou qu'il n'était pas question de renoncer à une possible intégration de l'Ukraine dans l'OTAN. Cependant, c'est le secrétaire d'Etat américain qui a sollicité un entretien avec son homologue chinois. Un moyen pour les Etats-Unis d'élargir le cercle de la discussion diplomatique?

Le communiqué officiel du Ministère chinois des Affaires étrangères est très clair: lors de l’entretien téléphonique qu’ils ont eu ensemble jeudi 27 janvier « M. Blinken a informé Wang Yi de la position américaine sur la question ukrainienne, entre autres. Wang Yi a déclaré que, pour résoudre la question ukrainienne, il est toujours nécessaire de revenir au nouvel accord de Minsk. Le nouvel accord de Minsk, approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies, est un document politique fondamental reconnu par toutes les parties et doit être mis en œuvre avec sérieux. La Chine soutiendra tout effort conforme à la direction et à l’esprit de cet accord. Dans le même temps, nous appelons toutes les parties à rester calmes et à s’abstenir d’attiser les tensions ou d’exacerber la crise. Wang Yi a souligné que la sécurité d’un pays ne devait pas se faire au détriment de la sécurité des autres, et que la sécurité régionale ne devait pas être garantie par le renforcement, voire l’expansion, des blocs militaires. Aujourd’hui, au XXIe siècle, toutes les parties devraient abandonner complètement la mentalité de la guerre froide et former un mécanisme de sécurité européen équilibré, efficace et durable par le biais de négociations, les préoccupations légitimes de la Russie en matière de sécurité étant prises au sérieux et traitées ».
Les Etats-Unis sortent-ils une porte de sortie diplomatique?
Hier 26 janvier, les Etats-Unis ont répondu aux exigences russes d’un accord de sécurité. Le texte n’a pas été divulgué mais on a compris que les Etats-Unis refusaient de s’engager sur la renonciation à intégrer un jour l’Ukraine dans l’OTAN. Du coup, le gouvernement russe a fait savoir, par la bouche de Sergueï Lavrov, sa déception.
Les Etats-Unis sont prisonniers de leur engagement à ne rien faire sans consulter leurs alliés au sein de l’OTAN; et à ne rien faire par-dessus la tête de l’Ukraine. En apparence. Il semblerait bien que la diplomatie américaine cherche une porte de sortie. C’est, comme l’indique le communiqué chinois, Anthony Blinken qui a demandé à parler à Wang Yi, son homologue chinois. Et la position chinoise est très claire: faire respecter les accords de Minsk. Ces accords garantis, en particulier, par la France et l’Allemagne, obligent le gouvernement ukrainien à respecter le cessez-le feu dans les territoires de l’Est de l’Ukraine. Alors que le communiqué chinois souligne un certain nombre de sujets de désaccord entre Washington et Pékin (JO, négociations commerciales), le sujet ukrainien est évoqué à la fin, comme une demande américaine et l’objet d’une réponse se voulant constructive de la parti de la Chine.
Quoi qu’en dise la diplomatie américaine et les médias occidentaux, la Chine est en appui de la Russie. La question ukrainienne est devenue une question eurasiatique. Il devient clair pour le gouvernement ukrainien et pour les plus radicaux des membres de l’OTAN, qu’un débat au Conseil de sécurité de l’ONU verrait la Chine, au moins, soutenir la Russie.
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