Dans le match inavoué qui les oppose pour l'investiture présidentielle du Parti républicain en 2024, Ron DeSantis, par la netteté de sa victoire - qui contraste avec le résultat mitigé à l'échelle nationale pour les Républicains - a de quoi séduire les électeurs: il permettrait de sortir de l'affrontement entre la direction du parti, qui reste largement néo-conservatrice en politique étrangère et centriste en politique intérieure et la masse des électeurs qui reste fidèle à l'ancien président mais pourrait plébisciter un trumpisme sans Trump.
Les Républicains étaient trop sûrs d’eux.
Le fait qu’on entende encore parler de problèmes sur les machines à voter, par exemple dans l’Arizona, montre qu’ils n’ont pas tiré toutes les leçons du vol de la Maison-Blanche par les Démocrates en 2020. Tout aurait dû être fait, depuis deux ans, pour éviter la répétition des mêmes ennuis. Mais le parti républicain est divisé, entre une “élite” néoconservatricequi a laissé faire la fraude contre Trump, trop contente de se débarrasser de lui, en 2020, et le reste du parti, qui témoigne de l’enracinement du trumpisme mais n’a pas réussi à se débarrasser des “néo-conservateurs”. Brian Kemp est un bon exemple de ce blocage réciproque. Il a été décisif dans le refu des grands caciques du parti, en décembre 2020, de soutenir les réclamations du président réélu mais victime de fraude. Il s’est accroché, malgré l’hostilité à son égard, de l’ancien président. Et il vient d’être réélu gouverneur.
Par ailleurs, comme souvent les partis de droite, les Républicains sont sous-estimé la combativité des Démocrates. Les Démocrates ont deux moteurs puissants – et complémentaires: l’idéologie – qui donne à un certain nombre de leurs représentants, une force de type religieux, et la corruption, qui ne leur laisse pas d’autre choix que de rester au pouvoir pour éviter d’avoir à faire face à des juges.
Au total, confirmant les analyses d’Eric Verhaeghe ce matin, on arrivera sans doute à une courte victoire des Républicains à la Chambre des Représentants. Et à un maintien de l’égalité au Sénat, avec la voix supplémentaire de la vice-présidente, permettant aux Démocrates d’avoir la majorité. Actuellement, les résultats acquis donnent 199 représentants pour les Républicains et une projection à 226, soit une majorité de huit sièges. Et une égalité à 48 ex aequo pour le Sénat, avec quatre résultats encore indécis.
Par contraste, le score de Ron DeSantis et les résultats de Floride apparaissent brillants
Gov. Ron DeSantis gives his victory speech after being the projected winner over Democrat Charlie Crist:
“We chose facts over fear. Education over indoctrination … Today, after 4 years, the people have delivered their verdict: Freedom is here to stay.”pic.twitter.com/j13BIuQnrS— Alex Salvi (@alexsalvinews) November 9, 2022
Les Républicains ont enregistré leur succès le plus éclatant en Floride, où le gouverneur Ron DeSantis a fortifié son mandat, en raflant près de 60 % des voix, contre moins de 50 % en 2018, où il avait assuré sa victoire avec 0,4 % d’écart.
Le gouverneur a comparé, dans son discours de chef victorieux, les conditions dans le “Sunshine State” avec celles d’autres parties du pays sous contrôle démocrate.
“Nous avons défini une vision, nous avons exécuté cette vision. Nous avons obtenu des résultats historiques et les habitants de cet État ont répondu de manière record”, a-t-il déclaré.
“Maintenant, alors que notre pays patauge à cause de l’échec des dirigeants de Washington, la Floride est sur la bonne voie.”
De fait, les démocrates n’ont pu gagner que huit sièges de la Chambre des Représentants en Floride, contre 11 il y a deux ans.
Ce succès est très symbolique puisque le gouverneur réélu de Floride est le seul adversaire crédible de Donald Trump – pour l’instant – dans la course à l’investiture présidentielle pour 2024. Or c’est à lui que l’on attribue la victoire de Floride, et pour cause, tandis que c’est à Trump que l’on attribuera, ces prochains jours, dans les médias, le résultat mitigé dans l’ensemble du pays.
Il se peut donc que la bataille de 2023-2024 suive une pente naturelle: les électeurs américains ne voudront pas éternellement ressasser les batailles passées mais se donner les moyens de gagner. Aux Etats-Unis, le candidat nouveau est toujours plus attractif.
Bien entendu, rien n’est joué. D’abord du fait de l’instinct politique de Donald Trump. Ensuite, parce que Ron De Santis devra surmonter le passage d’une campagne en Floride à une campagne nationale. Cependant, il se peut qu’au milieu d’un résultat mitigé, une nouvelle étoile républicaine ait fait son apparition. C’est un vrai atout face aux Démocrates pour reprendre la Maison-Blanche en 2024.
Excellent résumé de la situation en ce lendemain de scrutin. ????????
Bonsoir,
Selon vous, comment expliquer – dans un contexte de crise économique et d’impopularité des Démocrates – que d’un côté en FL, De Santis et Rubio triomphent (quasi 20 points d’écart sur leur adversaire, que 4 districts bleus deviennent rouges et que d’un autre côté en PA, un type nommé John Fetterman, à l’allure de videur de boite, qui ne peut aligner deux mots depuis un AVC soit élu sénateur ? La réponse est connue : la fraude électorale.
Les Démocrates, surpris par la victoire de Trump, l’ont depuis 2016 littéralement institutionnalisée. Le futur candidat du GOP (Trump, De Santis ou un autre) n’a aucune chance, tant que PA, WI, MI, NV ou AZ sont contrôlés par les Dems…
La Floride n’est pas l’Amérique, et Trump peut mobiliser des milliards de dollars pour sa campagne qui aux USA reste un immense barnum. Donc il convient d’être prudent sur la suite.