Tête de turc de la gauche misérabiliste qui sert, en 2023, d’opposition contrôlée à E. Macron, Olivier Dussopt ne s’est, à titre personnel, pas toujours si bien entendu avec Macron – ayant même, dans un passé pas si lointain, incarné une version précoce de ce même misérabilisme. Contradiction de la politique, ou paradoxe de surface du misérabilisme ?
« Dans les arcanes du pouvoir – nous dit l’hebdo féminin Gala, dépositaire d’un savoir ancestral –, l’adversaire d’hier peut devenir l’allié d’aujourd’hui. » C’est en effet la seule leçon qu’on puisse tirer de l’évolution apparemment chaotique des relations entre le mari de Brigitte et son actuel ministre du Travail – la seule, tout du moins, dans le cadre d’une vision du pouvoir (typiquement féminine) qui le réduit à l’intrigue.
Car, dans le monde (horribili dictu : typiquement masculin) des réalités politiques, les deux hommes ont, en réalité, toujours appartenu au même camp : celui de la politique-spectacle des pseudo-Etats post-nationaux et non-souverains – dans lesquels feu la question sociale devient une sensibilité sociale, c’est-à-dire un état d’âme. En 2014, la précieuse ridicule Dussopt jugeait encore rentable, en termes de carrière, d’exhiber une telle sensibilité : torturé par le souvenir de « sa mère ouvrière » (les pères ont désormais mauvaise presse), il reprochait à Macron un « comportement de connard » (autre catégorie psychologisante, parfaitement étrangère au politique).
Dussopts d’hier et Macrons d’aujourd’hui : misère du misérabilisme
Et Macron (alors en poste à Bercy) d’entrer dans le jeu : se gardant bien de rappeler Dussopt au sérieux d’une responsabilité politique dont il est lui-même la négation incarnée, il envisageait plutôt, comme l’anti-homme d’Etat qu’il n’a jamais cessé d’être, d’en « venir aux mains » avec l’autre précieuse : le crêpage de chignon, équivalent Gala de l’option nucléaire.
L’observation attentive de ce petit jeu post-politique permet, tout du moins, de prédire le comportement futur des figurants (notamment NUPES) qui mettent aujourd’hui en scène le même misérabilisme (se gargarisant de « pénibilité » etc.) que Dussopt en 2014, une fois qu’ils auront, comme le RN, pris goût à la soupe. Car la catégorie dont ils devraient vous parler s’ils étaient plus que des clowns, c’est celle (politique) de justice, et non celle (affective et métaphysique) de compassion – n’en déplaise aux postchrétiens qui, ayant déserté leurs églises, croient pouvoir et devoir l’exercer dans une agora en déliquescence.