Pendant qu’une partie plus mondaine de l’élite occidentale se passionne pour les reconductions et non-reconduction d’étoiles Michelin, sa partie scientifique s’occupe aussi de ce que vont manger les pauvres ce printemps : des grenouilles taureaux, semble-t-il.
Comme les rares français qui pensent à autre chose qu’à leur retraite pensent visiblement faire de leur pays la baraque « luxe et divertissement » de l’Eurogoulag de Davos, il est bien naturel qu’on s’y intéresse beaucoup aux étoiles du Guide Michelin, et tout aussi naturel, d’ailleurs, que ces étoiles aillent en se raréfiant : sans rareté, pas de luxe.
Comme la gastronomie semble appelée à définir le bol alimentaire d’un groupe toujours plus restreint de « parties prenantes » du nouveau capitalisme vert et inclusif fonctionnant sur 100% d’argent public (c’est le nouveau nom des membres du Comité Central), il est bien naturel que le Guide Michelin, dont le lectorat populaire a pratiquement disparu, devienne à la fois très élitaire et très idéologique, au service de cette clientèle, elle aussi, étoilée (de rouge).
1 étoile perdue, 10 grenouilles taureaux retrouvées
Pendant ce temps, la partie de l’appareil médiatique censée mériter l’attention des sans-dents en reflétant plus ou moins les conditions de leur triste existence se pose, elle aussi, la question du menu.
Etant donné que la grenouille taureau – espèce omnivore et envahissante – sature le biotope de l’Utah (tout en étant aussi présente dans certaines régions françaises), revoici les fameuses autorités scientifiques, qui, conciliant écologisme et philanthropie, donnent non seulement des recommandations de dépopulation (vous aurez compris que c’est leur dada), mais conseillent carrément aux gens qui ne sont rien de se manger peinards lesdites grenouilles. A part les mammifères (streng verboten), décidément, la Science nous organise un véritable open bar animalier !
« Susceptible, d’après le Parisien, de transmettre des pathologies mortelles aux autres amphibiens », la grenouille taureau aurait, nous assurent ces autorités, « excellent goût ».
Deux salles, deux ambiances : à l’étage VIP, on demandera probablement à Stéphane Bern de commenter la recette de lotte aux framboises du chef 3 étoiles Alexandre Couillon. Pour notre cantine inclusive et solidaire de l’Ukraine, en revanche, c’est BFM qui se chargera de nous transmettre les meilleures astuces petit budget pour l’accommodation du batracien au court-bouillon.
On finirait presque par oublier que – notamment d’un point de vue fiscal – c’est, malgré tout, le même resto.
Bonjour.
Est-ce que les pattes sont découpées sur les grenouilles vivantes comme d’habitude ?
Ils vont nous gonfler jusqu’à ce que les grenouilles soient plus accessibles que le bœuf…
Gare à l’implosion de la baudruche davosienne…
Je crois que la meilleure solution en cas de famine reste l’élevage des lapins vu leur taux hallucinant de reproduction ! Ça et quelques poules…
De toute façon après des années de pesticides type Monsanto du groupe Bayer, il n’y a plus d’insecte dans nos campagnes.
Plus jeune, je me souviens de la voiture couverte d’insectes écrasés après le voyage vers la maison de campagne. Aujourd’hui, quand vous en voyez un sur votre vitre, vous êtes si surpris que vous risquez un accident !
Dans la catégorie “cadeau de l’oncle Sam”, il y a aussi la perche soleil…
Pour qui a vécu dans les îles de l’arc caraïbe, les premières choses qui reviennent en mémoire ce sont les sons. Le plus lancinant est celui des élytres frottées dans le frondaisons de l’île du diable. C’était ça aussi le bagne. Mais sans conteste le plus doux est l’appel des minuscules grenouilles qui chantent à partir de vingt heures et jusque vers trois heures. Ce cui-cui accompagne la senteur délicieuse des minuscules fleurs du jasmin nocturne et la contemplation des étoiles à la recherche de la polaire, si loin dans le nord. Et puis pour les chanceux, l’appel du crapaud buffle. Nous avions le bonheur d’avoir sur la terrasse, sous la galerie, un petit lave mains qui fuyait avec retenue et s’ornait en son pied d’une touffe d’herbes vertes. Un crapaud buffle l’avait adoptée comme repaire nocturne. Oui, la nature est généreuse pour qui la respecte. MAIS MANGER CES DÉLICATS PETITS VOISINS, JAMAIS!!!!!!!!!!! QUELLE PENSÉE IGNOBLE.