Autres temps, autres mœurs : au très littéraire XVIIIe siècle, Diderot avait consacré un livre entier (son Neveu de Rameau) à ce qui aujourd’hui tient en 2 tweets sur la nièce de Darmanin. Du fait de l’inertie culturelle, néanmoins, la substance reste à peu près la même.
Au XVIIIe siècle, la monarchie française, autocratie molle, menait des guerres absurdes et désastreuses contre des autocraties dures situées à l’est : Prusse, Russie. Cela horripilait les philosophes, qui trouvaient au contraire ces autocraties orientales formidables – notamment du fait qu’elles avaient le bon goût (en voie de disparition dans les couloirs du Kremlin post-communiste) de financer certains philosophes français. Vu de Paris, Moscou a toujours été un endroit formidable.
Face à eux, un parti antiphilosophique (raillé dans le Neveu de Rameau) se répandait en accusations futiles et en coups bas – étant donné qu’il ne pouvait décemment pas, à l’ombre de Versailles, dire tout haut qu’on est un peu ridicule en réclamant à Paris des libertés qui n’ont jamais existé à Moscou, tout en chantant les louanges de Moscou.
GàV de la nièce de Darmanin : vers la prise de Fort Boyard ?
Moins de trois siècles plus tard, la France est toujours une monarchie – élective, ce coup-ci, et avec une constitution par terre dans un coin, pour le cas où quelqu’un aurait besoin de s’essuyer les chaussures.
On y croit toujours à la magie météorologique catholique – désormais concurrencée par un nouveau culte pseudo-scientifique, dit « climatique ». Dont les excès assez ridicules fournissent au monarque électif d’excellents prétextes à dragonnades, quand il faut rappeler aux gueux à qui ils doivent le privilège de pouvoir aller acheter du pain à prix d’or sans enjamber d’ordures.
Devenues plus viriles sous l’influence des arts martiaux asiatiques, les danses de cour sont désormais chorégraphiées par un certain Darmanin, qui perpétue la tradition de Pasqua comme Rameau perpétuait celle de Lully : sans trop d’imagination.
Ancienne gendarme volontaire, la nièce de Darmanin partage beaucoup des passions inquisitrices de son oncle : ficher et fliquer les gueux, en glanant au passage quelques informations susceptibles d’améliorer leurs relations avec le sexe opposé – relations par ailleurs souvent marquées par la pénibilité de « l’effort de baiser ».
Dans un pays tout entier consacré à la reconstitution historique, on finit par se demander qui a intérêt à embastiller une si noble pucelle.
???? Se méfier de l’eau qui dort. Ne pas enterrer Marine Le Pen. ☝️☝️ Quand le vin est tiré il faut le boire. ???? Le bon vin fait le bon vinaigre.