« Réponse » de SBER à Microsoft, le logiciel Kandinsky2.1 est jugé insuffisamment nationaliste par S. Mironov, député à la Douma qui menace V. Poutine aussi férocement que Retailleau menace Macron.
Le génie de l’équipe d’ingénierie politique qui, à la fin des années 1990, a mis au point le produit Poutine, c’est d’avoir compris que l’Occident ne pensait pas pouvoir survivre sans guerre froide. Pour rester positif (fonctionnel), l’Occident avait besoin d’un négatif, et la Russie a décidé de le lui fournir.
Ce mimétisme inversé a entre-temps atteint un haut degré de perfectionnement. A quelques semaines des déclarations des mondialistes occidentaux de gauche (Azoulay) et de droite (Musk) sur les dangers de l’IA, un membre de l’opposition la plus visiblement contrôlée à V. Poutine, Sergueï Mironov, reproduit à propos du logiciel Kandinsky2.1 leurs discours portant, en général, sur ChatGPT.
Mironov, bien sûr, ne va pas, comme A. Azoulay, soupçonner l’IA de diffuser des discours de haine : naturellement homophobes et climatosceptiques, les Russes adorent la haine. Ni, comme Musk, de menacer l’humanité d’extinction, car les Russes, rendus presque immortels par leurs injections de Spoutnik V, sont des surhommes toujours maîtres, et jamais victimes, de la technologie.
Poutinisme : pour un Great Reset nationaliste et conservateur
Non. Ce que Mironov va reprocher à cette application de la pieuvre numérisante SBER, c’est, bien entendu, de ne pas être assez nationaliste : elle devrait produire des graphismes encourageant davantage l’expansionnisme territorial russe.
Aussi vieille que Davos, la méthode est bien la même : pendant qu’on analyse des dangers imaginaires, personne ne parle (ni à l’Ouest ni en Russie) de l’agenda de flicage omniprésent que poursuit – avec ou sans Kandinsky2.1 – le géant SBER (une banque devenue une sorte d’administration numérique de facto de l’État russe) de l’oligarque davosien H. Gräf, ni plus ni moins que la C.I.A. de Biden ou le très étoilé commissaire Breton.
On peut, du coup, partir du principe que ses audacieuses critiques n’exposeront pas trop le patriote Mironov aux foudres de la répression du régime poutinien.
La nouvelle est d’ailleurs relayée par Reuters, qui parle pourtant beaucoup moins des 39 questions d’Igor Strelkov (autrement embarrassantes pour le Kremlin), c’est-à-dire d’une opposition de droite bien plus redoutable que Mironov pour ce régime poutinien que « l’Occident collectif » fait (plus ou moins) mine de chercher à renverser.