Il y a une quinzaine de jours, le dirigeant de l’entreprise Wagner, Evgueni Prigojine, a sonné l’alarme, se plaignant de ne pas recevoir assez de munitions et menaçant de se retirer le 10 mai s’il n’obtenait pas gain de cause auprès du Ministère de la Défense. Le plus important est moins le déversement de ricanements qui a suivi sur les réseaux sociaux occidentaux que la décision qui a été prise par l’armée ukrainienne et l’OTAN de mettre le paquet, du coup, sur Bakhmout, au point d’en faire le centre d’une « contre-offensive » – sans que l’on sache si c’était celle annoncée. Le paradoxe de la stratégie russe : un nombre limité de ruses, qui fonctionnent parce que le pouvoir et l’armée russes sont systématiquement sous-estimés par leurs adversaires. Au moment où nous écrivons, non seulement les mercenaires de Wagner ne se sont pas retirés de Bakhmout ; mais ils n’ont plus qu’une petite parcelle de territoire à prendre. Et les pertes ukrainiennes à Bakhmout et dans les environs, dans la huitaine écoulée, ont été énormes.
Pour écrire cette brève analyse, je m’appuie sur trois longs exposés. L’un se trouve sur le blog d’Aleks (Black Mountain Analysis). L’autre, écrit par Julian MacFarlane, que nous avons cité dans notre dernier bulletin. Le troisième est de John Helmer, un journaliste américain qui vit à Moscou (mais qui ne fait preuve d’aucune complaisance vis-à-vis du pouvoir russe), et qui est toujours extrêmement bien informé : il avait été le premier, par exemple, à donner un exposé des faits plausible sur le sabotage de Nordstream, plusieurs mois avant Seymour Hersh.
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???????????? La ruse de Kotouzov a beaucoup servi et gagné depuis le 24 février 2022.
Belle analyse. Grâce à vos études on suit beaucoup mieux les événements. Je m’amusais en lisant les commentaires après la sortie de Prigogine
J’adhère totalement à cette analyse de la tactique à la Koutouzov. Mais j’apprends que les américains utilisaient pendant la 2GM les canadiens et australiens en troupes d’assaut pouvant avoir de fortes pertes, comme dit Kissinger « il est dangereux d’être l’ennemi des États Unis mais il est mortel d’être l’ami des États Unis » ☹️
Ces articles me font du bien. Ils sont aux antipodes des déclarations des MMS. Malgré tout, je ne peux m’empêcher de penser à tous ces jeunes soldats morts, utilisés comme des pions sur un échiquier. C’est le principe des guerres me direz-vous. Quand cesserons-nous tous ces conflits ? Jamais sans doute.
Vous avez raison, chère lectrice. C’est atroce.
Comme dit le bon sens des vieux dans ma campagne, l’Occident à oublié l’histoire de la Russie et sa capacité à se battre et dans le temps et dans son immensité. Et sa capacité de dissimulation et de leurre sur ses objectifs. Mais surtout, son patriotisme exacerbé quel que soient ses dirigeants quand le pays se sent en danger et que l’Occident se ligue contre lui. L’Occident a oublié ce qu’à été la guerre de 39/45 en Russie. Eux n’ont rien oublié et le passé resurgit. Ce qui les fera atteindre leurs objectifs que l’on ne peut que subodorer . J’ai une opinion sur ce point.
Merci pour votre analyse, comme toujours extrêmement intéressante
Lorsque j entends les cris et les invectives de Prigogine relayés avec délectation par les médias,je ne peux m empêcher de sourire en pensant que l’intox a bien fonctionné.
C’est quand même bizarre que si moi je decode alors que je n’ai aucune connaissance en
science de la guerre,
peu comprennent et se laissent embarquer dans un délire qui coûte la vie a autant de soldats ukrainiens…
Merci pour cet excellent article.
Lire, relire, à haute voix, dans l’espace public, partout où l’on peut le magnifique texte de Jean Giono : “Refus d’obéissance”
On pourrait lire cela aussi en pensant aux soldats de Bakmout :
“J’ai été soldat de deuxième classe dans l’infanterie pendant quatre ans …/… Nous avons fait les Eparges, Verdun-Vaux, Noyon-Saint-Quentin, le Chemin des dames, l’attaque de Pinon, Chevrillon, Le Kemmel. La sixième compagnie a été remplie cent fois et cent fois d’hommes. La sixième compagnie était un petit récipient de la vingt-septième division comme un boisseau à blé. Quand le boisseau était vide d’hommes, enfin quand il ne restait plus que quelques uns au fond, comme des grains collés dans les rainures, on la remplissait de nouveau avec des hommes frais. On a ainsi rempli la sixième compagnie cent fois et cent fois. Et cent fois on est allé la vider sous la meule.”
Brève analyse, mais très éclairante. Merci.
Là où Napoléon puis Hitler se sont cassés les dents comment ne pas douter de la contre-offensive occidentale.
A moins que le résultat importe peu, pourvu que la guerre ne s’arrête pas afin de maintenir le pouvoir de l’oligarchie sur les peuples.
Il faut croire que les Russes connaissent les ruses employées depuis fort longtemps pour vaincre des adversaires prêts à bondir avec tous leurs moyens. Ne font-ils pas que copier la bataille des Horaces et des Curiaces ? Tout cela est enseigné dans ce que certains appellent encore les écoles de guerres. Bon nombre de commandants militaires certainement très intelligents ont oublié ce qu’ils ont appris en pensant que c’est démodé.
Mais que croyez-vous que l’on apprenne dans les écoles de guerre ? On n’y apprend plus qu’à plaire au politique et à tenir des éléments de langage ne froissant pas les petits marquis de la république.
Merci pour cette éclairante analyse. La contre-offensive ukrainienne a bien eu lieu. Mais elle est passée inaperçue et s’est simplement enterrée dans ses tranchées. Le champ est libre. Je cite Wiki : Dès l’échec de leur contre-offensive de juillet 1918, les Allemands ont compris qu’ils n’avaient plus aucun espoir d’arracher la victoire.
J’ai trouvé bizarres les propos de Prigogine et l’absence de sanctions après un tel discours. L’explication donnée me paraît très plausible
Un détail semble montrer que la grande contre-offensive n’a pas encore été déclenchée : aucun char Leopard n’est monté en première ligne.
Mais ça n’arrivera peut-être jamais. Regardez ce qu’ils ont à la station Patriot la nuit dernière : pulvérisée par un missile hypersonique Kinjal. Il me paraît évident que, compte tenu de la forte charge symbolique de ce matériel, les Russes ont monté une opération spécifique pour le détruire dès sa première sortie. Tous les moyens de renseignement et de guerre électronique devaient être en alerte maximale pour le détecter et l’identifier, et un missile hypersonique avait été alloué spécifiquement à cette cible !
Nul doute que les chars Leopard sont attendus de la même manière…