Il y a-t-il eu délit d’initié autour des produits d’épargne – lancés qui plus est, dans des conditions réglementaires troubles – par BPI ? Au risque de choquer, j’ai envie de réponde : qu’importe. Car ce qu’on apprend au passage du fonctionnement de cette institution est, à vrai dire, encore bien plus inquiétant que ces éventuels aspects délictueux.
Loin de moi l’idée de minimiser le délit qui aurait pu être commis par les connivents de BPI. Il appartiendra au PNF (institution assez peu subversive au demeurant) de le dire. Mais Marianne a probablement raison de jeter un pavé dans la marre en soulignant que :
« De l’argent de l’État transféré avec une décote, des personnels en charge d’une mission de services publics qui profitent de l’occasion pour investir personnellement, tout cela fait désordre, comme le souligne (…) l’ex-procureur près de la Cour des comptes, Gilles Johanet. À ses yeux acérés, ‘cela ressemble beaucoup à une prise illégale d’intérêts’ »
Seulement voilà : ce qu’on apprend en même temps à ce propos, c’est que :
« Détenu à 50/50 par l’État et la Caisse des dépôts ((…) elle aussi publique), Bpifrance est (…) considérée comme le bras armé de l’État pour soutenir le tissu économico-industriel français. Et confère à son directeur général, Nicolas Dufourcq, une place cardinale dans l’économie du pays. Proche d’Emmanuel Macron, cet inspecteur des finances règne sur 100 milliards d’euros d’actifs. Un ministre de l’Économie bis, pour ainsi dire. »
Etat « simplement » corrompu, ou économie camée à l’argent public ?
En d’autres termes : la corruption (si corruption il y a) apparaît sur ce grand corps français malade de dirigisme d’Etat comme une fièvre grippale sur un organisme cancéreux. Et le coup d’accélérateur que cette dynamique d’étatisation à bas bruit de l’économie semble avoir connu en 2020, à la faveur du quoi qu’il en coûte dont la gabegie covidiste a été le prétexte, est tout aussi révélateur.
Quand on se fait l’écho de l’indignation (au demeurant légitime) de Marianne, le risque est donc, une fois de plus, de sombrer dans une critique myope, technicienne et moralisatrice, d’un système dont les dysfonctionnements profonds sont en réalité de nature politique et culturelle : au-delà de la question « qui vole combien », il y a la question autrement angoissante de la tentation palliative du socialisme oligarchique.
oui. La BPI, comme les autres entreprises publiques, permettent surtout de placer à leurs têtes des copains énarques qui peuvent ainsi toucher des rémunérations jusqu’à 10 fois plus élevées que dans leur corps d’origine, rémunérations parfaitement hors de leur portée dans un monde vraiment privé.
Ouais. Vous avez raison, il vaudrait mieux que tous les leviers soient transférés à l’UE et que la France soit un supermarché pour les américains..