Nous continuons notre analyse du programme politique du candidat libertarien aux élections présidentielles en Argentine, Javier Milei. Nous abordons aujourd’hui ses réformes économiques, et surtout sa réforme monétaire, qui est proprement géniale ! Pour garantir la stabilité de la monnaie, Milei propose tout simplement de supprimer la Banque Centrale argentine et de ne plus permettre à l’État argentin de battre monnaie. Dans cette logique qui, au fond, constitue la meilleure façon de garantir la stabilité monétaire, il propose aussi que chaque Argentin puisse librement choisir la monnaie dans laquelle il souhaite acheter et vendre. Voilà des propositions détonantes qui soulèvent avec beaucoup d’acuité la pertinence de notre appartenance à la zone euro. A la place d’un Frexit, imaginez un cosmopolitisme monétaire où vous pourriez librement choisir de payer en euro, en monnaie nationale s’il faut en créer une, en cryptomonnaie, en dollar ou en rouble !
Ce Javier Millei est décidément une bouffée d’air frais dans le paysage politique mondiale. Alors que le pesos argentin s’effondre, implose même, alors que l’inflation dépasse les 100%, il propose purement et simplement de ne plus battre monnaie, donc de supprimer la planche à billets, et de laisser les Argentins librement choisir la monnaie des transactions qu’ils passent chaque jour ! Voilà une proposition vraiment révolutionnaire, qui a le mérite de régler radicalement la question de l’inflation nourrie par la planche à billets, et celle, très épineuse en Argentine, du contrôle des changes.
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C’est déjà ce qui se passe en Argentine depuis bien longtemps. Les échanges en dollars ont permis à la population de survivre. Ce candidat n’invente rien, il confirme la réalité du terrain.
Un argentin de Buenos Aires m’a raconté que pour faire face à cette énorme inflation (plus de 80%), certains avaient créés une sorte de monnaie locale sous forme de bouts de carton (sans lien de conversion avec le pesos) sur lequel était inscrit les dus et les reçus des biens et services. La communauté acceptant ce système s’est agrandie rapidement à tel point que l’Etat s’en est mêlé pour réclamer son impôt ! Il y a aussi la monnaie June qui est sans lien avec l’euro. Ce sont les membres certifiés de la June (uniquement des personnes physiques) qui co-créent la monnaie en reçevant automatiquement chaque jour un montant en June calculé selon une formule mathématique liée à l’espérance de vie. Cela permet de parer au phénomène de création ex nihilo de la monnaie par un établissement externe, mais la question de l’impôt a acquitter par les entreprises subsiste. Imaginons que je puisse payer mon abonnement au CS en June ou “carton argentin”, la question principale va être de savoir comment le CS va-t-il pouvoir s’acquitter de l’impôt ? Pour le btc, cela pourrait toujours être possible de reconvertir en eur mais avec un risque de change à charge de l’entreprise. Si par contre l’Etat accepterait le btc comme le proposerait Milei, ce serait alors lui qui supporterait le risque ? Je me demande d’ailleurs comment cela se passe point de vue impôt au Salvador, pays qui a fait du btc une monnaie nationale ?
De ce que je comprends du btc, il est limité a 22 mios, et donc résoudrait le problème de l’inflation monétaire que nous subissons actuellement et supprimerait l’effet cantillon au profit des plus riches qui ont eux, la capacité d”anticiper”.
Archiméde avait crié Eurêka avec le même enthousiasme jubilatoire que le votre. La proposition de supprimer la BCE est très intéressante et totalement révolutionnaire. Mais vous allez être confrontés aux financiers qui vivent de la dette de l’état : « donnez-moi le contrôle de la monnaie d’une nation et je ne me soucie pas de qui fait ses lois » disait Mayer Amschel Rothschild. Mais nous n’avons pas le choix il faut écouter Thucydide : « le secret du bonheur c’est la liberté et le secret de la liberté c’est le courage » la nouvelle devise du CdS .
Le viel adage (1558) pourra s’appliquer : la mauvaise monnaie chasse la bonne (Loi de Gresham). La valeur de la monnaie est une question de confiance.
J’ai vu en Ecosse plein de billets des banques privées : RBS, Clydesdale bank…. qui ont le même usage que les billets de la banque centrale BoE. donc la création monétaire par les banques privées selon les besoins de l’écononie existe déjà en Europe. En France, cela ferait des billets BNP, CA…
Le plus important est comme le dit Meili que l’Etat ne devrait plus pouvoir faire tourner la planche à billets pour ses dépenses exhorbitantes comme il le fait systématiquement. Mais la BCE n’était-elle pas censée dans ses status être indépendante de l’état ?
Fabrice, ce sont les états constitutifs de la zone euro qui sont les actionnaires de la BCE, donc la BCE n’est pas indépendante.
J’attends avec impatience d’en savoir plus…
Que pensez-vous justement de l’idée d’Alexandre Juving-Brunet de battre monnaie ? Il serait intéressant de connaitre votre point de vue sur ce sujet.
Merci d’avance pour votre réponse.
J’ai fait une vidéo sur l’émission de monnaie. Le problème n’est pas d’émettre la monnaie en soi mais de connaître la politique monétaire de l’émetteur. Quelles sont les règles d’augmentation de la masse monétaire dans le temps ? Dans le cas du Bitcoin, on sait par exemple, que la masse globale ne pourra dépasser 22 millions de jetons. Quid du franc libre d’AJB ? Entend-il protéger les gens qui lui ont fait confiance et, pour ce faire, entend-il garantir la stabilité du cours ? Ou bien prévoit-il d’augmenter la masse de sa monnaie chaque fois qu’il a besoin d’argent, provoquant ainsi une dépréciation régulière, et donc la ruine progressive de ceux qui l’ont aidé. D’une manière générale, ce type d’opération obéit à des règles légales et prudentielles, notamment de publicité, destinées à protéger les particuliers. AJB les a-t-il respectées ? Si oui, vous devez savoir mieux que moi les règles du jeu qu’il a écrites. Si non, je trouve compliqué de prétendre conduire des politiques publiques en étant aussi léger avec l’intérêt général. Je ne peux pas dire grand chose de plus.
je vous remercie pour la clarté de votre réponse complète.
Bien cordialement.
Pour le Bitcoin on sait qu’il y en aura 22 millions ; mais depuis l’unité du bitcoin se sous-divise de plus en plus. N’est-ce pas une forme de création monétaire en découpant l’unité la plus petite en de nouvelles unités de plus en plus petites ?
Je n’affirme rien sur ce point n’étant pas spécialisé mais c’était une question que je me posais l’autre jour
Pour l intérêt des citoyens, que vaut il mieux, abattre l’Etat ou bien mettre en place une séparation des pouvoirs qui seule permet aux électeurs de contrôler ledit Etat? (Ceci n’est pas une utopie, les Etats Unis l’ont fait, pas parfaitement mais bien mieux que les européens). Ce débat invite à la reflexion. merci. Courage (donc).
Ce que je crois: le dollar va devenir la monnaie argentine pour éviter la pagaille monstre dans les paiements et les banques, que provoquerait une multitude de monnaies autorisées au libre choix de chacun.
Pas très cohérent avec un pays qui rejoint les BRICS travaillant à la dédollarisation des échanges internationaux.
A moins que les opérateurs argentins finissent par choisir le franc suisse, qui, à la différence du dollar, n’est pas plombé par l’endettement national.
Empêcher le surendettement par création monétaire ex nihilo, cela a du sens, empêcher un État de battre monnaie n’en a aucun.
Et à l’époque où la monnaie était en or et en argent, cela avait-il du sens ?
Comment l’Etat crée-t-il de la monnaie sans fin? En empruntant à la banque centrale qui n’ose pas lui refuser pour diverses raisons. L’autonomie de la banques centrale n’est bien souvent qu’une fiction. La monnaie fiduciaire en circulation (billets et pièces), ne représente que 20% du bilan (2022) de la BCE, alors que les prêts obligataires au secteur public s’élèvent à 33%, équivalent à une année de PIB France.
Bien sûr, laissons le marché s’occuper de tout, sa main invisible garantira l’intérêt général.
On en a la démonstration tous les jours…
L’important n’est pas de supprimer la monnaie mais le principe d’endettement. Sans cela, on pourra faire toutes les contorsions monétaires que l’on voudra mais on ne résoudra pas le problème. Avoir une monnaie nationale est un principe naturel. Ne pas en avoir signifie avoir un budget en devises étrangères multiples et dépendant des fluctuations monétaires quotidiennes cotées sur le Forex, marché des devises. Sous Pompidou, il a été décidé que l’Etat ne pourrait plus emprunter à la Banque Nationale mais seulement sur les marchés. Aujourd’hui nous avons une dette démentielle. Jusqu’à Giscard, nous n’avions aucune dette !! Sous des dehors d’homme de droite, il a été le premier président socialiste de la Vème république en amorçant un endettement de 1% par année de son mandat. Mitterand et Maurois ont ensuite lâché la bride. Milei a raison de vouloir revenir à un état régalien mais l’idée de supprimer la monnaie nationale est vaine.
Excellente explication merci
Il n’y a pas de bonne solution. Il faut de la création monétaire pour accompagner la croissance mais juste ce qu’il faut pour ne pas provoquer de l’inflation.
Le bitcoin par construction ne satisfait pas à la tâche. L’or non plus désormais, contrairement au XIXe siècle où la croissance de sa production avait permis d’accompagner la croissance économique.
Une solution serait un panier de monnaies avec mise en concurrence de plusieurs banques émettrices mais il reste a inventer la législation organisant cette concurrence sans déséquilibre ni possibilité de malversation, la concurrence conduisant naturellement à une inflation nulle.
L’important n’est pas de supprimer la monnaie mais le principe d’endettement. Sans cela, on pourra faire toutes les contorsions monétaires que l’on voudra mais on ne résoudra pas le problème. Avoir une monnaie nationale est un principe naturel. Ne pas en avoir signifie avoir un budget en devises étrangères multiples et dépendant des fluctuations monétaires quotidiennes cotées sur le Forex, marché des devises. Sous Pompidou, il a été décidé que l’Etat ne pourrait plus emprunter à la Banque Nationale mais seulement sur les marchés. Aujourd’hui nous avons une dette démentielle. Jusqu’à Giscard, nous n’avions aucune dette !! Sous des dehors d’homme de droite, il a été le premier président socialiste de la Vème république en amorçant un endettement de 1% par année de son mandat. Mitterand et Maurois ont ensuite lâché la bride. Milei a raison de vouloir revenir à un état régalien mais l’idée de supprimer la monnaie nationale est vaine.
Le meilleur exemple : la Suisse, pas de dette, pas de chômage, industrie en croissance et monnaie forte et le plus riche du monde par habitant.
Petite video très instructive trouvée ce jour, témoignage d’un Français expat expliquant le fonctionnement du système Suisse et les raisons de sa réussite :
https://www.youtube.com/watch?v=K0yHFtDSr74&t=104s