Pendant qu’Emmanuel Macron glosait devant un Youtubeur dont la principale utilité est de ne pas appeler à la réflexion politique, plusieurs nouvelles sont tombées sur la souffrance de la France périphérique. C’est la société mondialisée, déceptive dans toute sa splendeur. Des prouesses technologiques permettent de communiquer avec la planète Mars, mais l’approvisionnement en eau, l’accès à des urgences hospitalières, deviennent problématiques. Mayotte ou encore le village de Carhaix en donnent un exemple frappant : dans le monde contemporain, le meilleur est un rêve, le pire est une réalité.
De l’interview donnée par Macron sur la chaîne Youtube Hugo décrypte, y avait-il beaucoup à attendre, sinon un exercice de communication ?
Si vous faites l’effort de regarder, même seulement une vingtaine de minutes de l’entretien, assez rapidement vous vous amuserez à compter les « c’est hyper important », les « vachement » et les « trucs » du Président. Ah ouais, faut faire jeune !
Il y a trente ans, Jacques Chirac exerçait son emprise sur la politique française parce qu’il était capable de parcourir des milliers de kilomètres à la rencontre des Français, de serrer des milliers de mains par jour, sans se lasser. Emmanuel Macron, lui est capable de parler pendant des heures sans interruption. Mais faut-il vraiment s’extasier parce qu’il tient le choc d’un entretien d’une heure et demi avec un YouTubeur ?
En effet, à écouter attentivement, une tendance a dominé : l’accompagnement du fatalisme ! L’entretien commence par la question des troubles psychologiques qui pèsent sur de nombreux jeunes gens ! Mais qu’est-ce qu’il est gentil, Hugo, qui ne reproche pas une seule fois à Emmanuel Macron une politique absurde de confinements, pendant le COVID, qui s’est mise en place au détriment de la jeune génération.
Ensuite, vient un long dialogue sur l’écologie ! Jamais on n’entend Hugo mettre en cause l’atmosphère apocalyptique dans laquelle le climat de peur sur le « changement climatique » a plongé les jeunes. Aucun reproche aux générations plus âgées !
On pourrait égrener la liste des sujets ; décrochage scolaire, accès à l’emploi, rythmes scolaires ; le schéma est toujours le même : voilà la jeune génération accablée d’un problème ou porteuse d’une revendication. Que fait l’État pour y répondre ? Vous particulièrement, Monsieur le Président ? D’ailleurs votre ministre UnTel a dit ceci ou cela : est-ce que cela va être tenu ? Est-ce que c’est assez ? …
On sort de l’entretien avec le sentiment d’avoir assisté à un laborieux exercice de communication. Et c’est celui d’un pétainisme moderne, où le chef de l’État est là pour accompagner le déclin, communiquer sur les désastres.
Pendant ce temps, les urgences de Carhaix meurent…
Comment ne pas rapprocher cet exercice grandiloquent de communication avec la fermeture des urgences à l’hôpital de Carhaix ? Officiellement, il s’agit d’une « régulation », c’est-à-dire d’une fermeture des urgences la nuit, faute de personnel suffisant pour ouvrir 24 heures sur 24. Il n’en reste pas moins que les habitants de cette bourgade de 7.000 habitants sont fâchés de devoir se déplacer de nuit à Morlaix, en cas d’urgence. Le trajet dure 45 minutes.
Pendant le Président tire des plans sur la comète, les campagnes n’ont plus assez de médecins pour effectuer des gardes d’urgence suffisantes. Comment expliquer ce naufrage français ? Une chose est sûre, entre la start-up nation tant promise et la triste réalité de nos campagnes en déshérence, le fossé est désormais trop grand, trop important, pour être tenable bien longtemps. Reste à savoir si la sécurité sociale est la bonne formule pour faire face à ce problème.
… et Mayotte a soif
Dans le même temps, la France se couvre de ridicule à Mayotte, où le traitement des eaux est si insuffisant que l’eau potable y est coupée deux jours sur trois. Alors que, partout en Afrique, nos positions sont contestées par des mouvements africains qui contestent le colonialisme français, la métropole se montre incapable d’assurer un service minimum de l’eau sur une île au coeur du très chaud Océan Indien.
Pour la France, il s’agit là d’une situation fâcheuse et périlleuse, qui souligne les difficultés du « centre jacobin » à délivrer les services fondamentaux qu’on attend partout dans un Etat moderne. La métropole est-elle désormais débordée par l’incompétence de la caste, au point qu’elle ne puisse plus légitimer sa présence au bout du monde ?
C’est aussi la conséquence du système Macron, de son impéritie, qu’il faut avoir le courage d’interroger les yeux dans les yeux, par-delà l’idéologie…
Quel dommage que MacRon ait choisi un enfant poli pour être interviewé,il aurait du choisir le grand journaliste carnassier américain Tucker Carlson qui était de passage en Europe, il a interviewé Victor Orban en abordant les thèmes essentiels touchant la Hongrie, l’approvisionnement en gaz du south stream, « personne a intérêt à y toucher » a dit Orban avec son bel accent hongrois.
Peut-être que les journalistes sont de plus en plus mal à l’aise à jouer la comédie avec l’acteur de l’Elysée?
Faire miroiter un peu de notoriété à un jeune qu’on met ainsi en état de dépendance psychologique suffisante pour qu’il ne lui vienne pas à l’idée de poser des questions gênantes, est… comment dire? typique de la psychologie autocentrée et dominatrice du président.
Bonjour Eric,
vous écrivez fort justement : » les campagnes n’ont plus assez de médecins pour effectuer des gardes d’urgence suffisantes. »
Très intéressée par les Journaux Officiels, j’ai conservé une liste incroyable de médecins algé riens particulièrement mais aussi d’autres pays et très peu d’Europe qui sont autorisés à exercer en France. Les listes sont sans fin.
Que font-ils de ce droit d’exercer ? A part dans les hôpitaux où ils occupent la quasi totalité des services, je ne vois pas de spécialistes ou généralistes s’installer en France profonde.
Il n’y a pas que la santé. Où passe l’argent?
Un exemple: la dernière fois que j’avais demandé un passeport, tout s’était réglé dans une mairie non loin de min domicile.
Aujourd’hui, il faut passer par internet (pas de déplacement, oui)… et je dois aller chercher le passeport à… 40 km de chez moi, dans les heures d’ouverture précisées, c’est-à-dire deux (petites) demi-journées par semaine.
C’est beau la technologie… dis donc ce n’est pas très vertueux de faire déplacer chaque personne pour un passeport plutôt que d’avoir une mairie qui le fait localement… encore une belle connerie qui va à l’envers du discours ambiant du : sauvons la planète