On connaît la pleurniche mensongère habituelle sur le prétendu manque de moyens des hôpitaux publics en France, qui excuserait la déresponsabilisation massive des personnels, sévèrement encadrés par une bureaucratie castratrice (“c’est le ministère qui demande des tableaux Excel, M’sieur !”). La tragédie qui vient de se produire aux urgences d’Aix-Marseille nous rappelle que les hôpitaux publics, bien avant de manquer de moyens, manquent d’humanité ! C’est ainsi qu’une mamy sans histoire de 85 ans y est morte dans un local poubelle, dans l’indifférence coupable du personnel qui a refusé à la famille le droit de la chercher dans les locaux au moment de sa mystérieuse disparition. On ne s’engage plus au service des patients ? Un problème de budget et de salaire sans doute… C’est bien connu : il faut être très bien payé pour être simplement respectueux de l’humanité.
On connaît tous le discours insatiable sur le prétendu “manque de moyens” des services publics : plus les dépenses publiques augmentent (et, en France, elles explosent depuis l’arrivée de Macron au pouvoir), plus le manque de moyens deviendrait criant, et surtout plus l’efficacité des services publics baisse. Bien entendu, dans le même temps, personne ne s’interroge sur la sincérité de l’argument, et tout le monde évite précautionneusement de revenir sur les drames qui se jouent dans les hôpitaux publics qui manqueraient de moyens.
Et bien évidemment, tout le monde plaint le pauvre personnel soignant, en parlant de son stress… et en évitant tout aussi précautionneusement de parler des pléthoriques temps de repos et jours de congé dont ces personnels sont pourvus. Le manque de moyens, On vous dit.
La Provence raconte de façon clinique jusqu’à quelle inhumanité le baratin du manque de moyens pousse le sentiment d’impunité de certains personnels soignants dans certains hôpitaux publics (Dieu soit loué il existe encore des gens d’honneur, en grand nombre, dans notre pays !).
Donc, le 23 février, une petite-fille accompagne sa grande-mère de 85 ans aux urgences de l’hôpital d’Aix-en-Provence.
“Je voulais être avec elle mais ils ne m’ont pas laissée rentrer. Elle était en crise, il fallait qu’elle prenne son traitement. Vers 20h20, je suis rentrée de force mais ils m’ont ramenée à l’accueil. On m’a dit qu’il y avait trop de monde, trop de travail, qu’il fallait attendre qu’un médecin la voit, rapporte Claudine. Ils m’ont ensuite demandé de rentrer chez moi. Je suis arrivée à 21h à mon domicile, à Meyreuil et à 21h45 l’hôpital m’a appelée pour me dire qu’elle avait disparu.” (…)
Affolée, Claudine débarque à l’hôpital peu de temps après, accompagnée de ses filles. “On a demandé à regarder les caméras de surveillance au poste de sécurité mais on nous a dit que la personne qui s’en occupait était en congé et qu’eux n’avaient pas les codes pour les visionner, poursuit Claudine. (…)
“Mon cousin est pompier à Martigues. Il a appelé son chef de colonne, qui a appelé à son tour les pompiers d’Aix pour organiser les recherches. Le lendemain, on était près d’une vingtaine à sa recherche. On a fouillé partout dans l’hôpital, encore le lendemain. L’hôpital n’a pas bougé, personne n’a rien fait. On est rentré partout, dans l’IRM, dans le bureau des médecins sauf dans les chambres des patients, par mesure de respect. Puis je suis partie au sous-sol avec mon cousin pompier, une première puis une deuxième fois. C’est lui qui l’a trouvée, morte, dans ce conteneur à poubelles, dimanche 25 février, vers 15 h.” La vieille dame est malheureusement décédée, dans une benne qui collecte les déchets.
La Provence
Voilà ! voilà ! la personne qui a les codes des caméras de surveillance est en congé, personne d’autre ne les a, donc on laisse mamy mourir au milieu des ordures.
Le manque de moyens, bien sûr. En aucun cas, la déresponsabilisation, le bordel, le je m’enfoutisme, bref : l’avachissement du peuple français !
Et ne vous inquiétez pas, il n’y aura aucune sanction individuelle. Peut-être, et encore, une sanction très vaguement collective au bout de plsrs années de procédure avec qq indemnités minimes à la famille, indemnisation payée, qui plus est, par l’argent des autres…
Je reprends ce que j’ai écris sur télégram rester libre….
C’est bien un manque d’humanité…témoignage : dans une maison de retraite non médicalisée, à l’heure du service du soir, une mamie vomissait des matières fécaloïdes+ diarrhée, je suis restée avec elle, ai appelé les urgences et dans l’attente du SAMU, je l’ai nettoyée et apprêtée pour son transfert, pas de perte de temps, scanner au CHU, résultat : péritonite , elle a été opérée dans la foulée…bien sûr mon collègue n’était pas content et selon lui, j’aurai dû la laisser seule ….donc je me suis beaucoup fâchée.
Heureusement que la direction m’a soutenue et la famille m’a remerciée d’avoir aidé leur parente.
Je rajoute : bien d’accord ” du je m’en foutisme complet”, cela n’a rien à voir avec “le manque de moyens” je pense que la vax a rendu les gens hargneux et” à la masse”, les rendant de plus en plus inhumains. Nous faisons tous des horaires de dingue, jusqu’à l’épuisement mais quand quelqu’un est en danger, on s’en occupe sinon on fait autre chose. Je souhaite qu’on trouve celui qui a mis la mamie à la benne et qu’il prenne cher.
De toute évidence il faut réorganiser les urgences médico-chirurgicales, avec un accueil médical qui dispatche le niveau d’urgence des admissions . Nous avons toujours eu aux urgences la médecine de guerre qui privilégiait le patient jeune ( malade ou blessé) sur le patient âgé dont l’espérance de vie est moindre. Mais aujourd’hui la médecine française évolue vers la médecine africaine où se rendre aux urgences devient dangereux et où la pénurie d’antibiotiques fait courir des risques aux enfants. Que voulez-vous Macron ne peut pas donner des milliards à Zelensky et financer les hôpitaux, il a choisi.
Dans des organisations devenues complexes et lourdement bureaucratisées, plus personne n’est responsable (ne répond) de ce qu’il fait. Plus précisément, le respect des procédures – dictées par les bureaucrates – remplace la focalisation sur les objectifs. On ne fera pas reproche pour un décès, mais oublier de remplir un papier vaudra sanction.
Autrement dit, les moyens comptent davantage que la fin.
Encore une fois, on se rend compte que moins de liberté va de pair avec moins de responsabilité, et au final moins d’efficacité.
En 2021, beaucoup de soignants n’ont pas défendu leurs collègues suspendus, préférant partir en congés et leur cracher dans la figure.
Ces gens là méritent le mépris. Les Français l’ont compris, ça fait belle lurette qu’ils ne tapent plus sur des casseroles a 20 heures.
Le je m’en foutisme dont vous parlez a toujours existé cher monsieur, et pas seulement à l’hôpital Mais à présent, avec le manque de personnel, il devient extrêmement apparent, et il s’est même aggravé de façon notable. C’est tout à fait dramatique. Vous avez tort de parler du manque de moyens au conditionnel, il est bien là. Ici il y a probablement eu des fautes à sanctionner mais souvent les patients meurent aux urgences par manque de personnel sans qu’il y ait un manque d’humanité. Réorganiser? Humaniser? Très bien, mais cela sera impossible sans embauche massive de personnel. Et ne parlons pas des 35 heures, une catastrophe à l’hôpital. Vous voulez moins de congés pour les hospitaliers? Dans ce cas il faut les supprimer et repasser à 40 heures.
L’hôpital public n’a jamais eu autant de moyens. Avez-vous un seul indicateur objectif à l’appui de votre affirmation pédante de “vous avez tort”, ou c’est juste la puissance du préjugé de téléphage gavé de conneries qui vous fait parler ?
C’est en 2004 que la tarification à l’activité (T2A) a été introduite par le ministre de la Santé Jean-François Mattei avec un consensus droite gauche..ce mode de financement revient à “conditionner la rémunération des établissements au traitement réalisé pour une pathologie plutôt que de leur donner un budget global annuel comme c’était le cas avant”exemple, pour un traitement chirurgical de la cataracte, un hôpital sera payé 1 367,97 euros pour réaliser une extraction du cristallin.”si un hôpital dépense davantage que le tarif fixé, il est déficitaire et se retrouve donc incité à faire des économies. En reprenant l’exemple de la cataracte exposé précédemment, si le traitement d’extraction du cristallin (dont le tarif a été fixé à 112,60 euros) coûte finalement 120 euros à l’hôpital – en cas de complications par exemple –, celui-ci perdra de l’argent. Si, en revanche, l’intervention lui coûte 100 euros, l’établissement dégagera une marge. “Ces tarifs nous incitent à nous demander quels actes seront les plus lucratifs”, détaille Anne Gervais, médecin, spécialisée en hépatologie à l’hôpital Bichat à Paris”
Le bilan du quinquennat se jouera t-il pour partie sur l’hôpital?