NON! PRENONS-NOUS EN MAINS ! – Avec Michel Goldstein, nous sommes allés visiter le Salon de l’Agriculture pour tester notre vision de l’avenir de la France en Europe. Nos propositions: (1) La suppression de 50% des postes de fonctionnaires et gestionnaires de la distribution de la PAC: à Bruxelles, mais aussi à Paris et en région. (2) La renégociation voire la sortie du “Pacte Vert”. (3) Le conditionnement des versements français au budget de la PAC à une levée des sanctions contre la Russie et à une taxation des importations agricoles depuis l’Ukraine. L’agriculture française a besoin qu’on la soulage des contraintes qui pèse sur elle. C’est pourquoi nous proposons une débureaucratisation qui rendra la distribution des aides plus rapide et plus sûre; la fin d’une écologie idéologique pour laisser les acteurs faire leur agriculture verte, sur le terrain; l’amorce d’une négociation dure au service des intérêts français dans la PAC.
Nous nous sommes rendus au Salon de l’Agriculture vendredi 1er mars, dans le cadre de notre campagne pour notre liste « Non ! Prenons-Nous En Mains » pour les élections européennes du 9 juin prochain. Passionnante plongée au cœur des contradictions françaises !
Un Salon bon enfant régulièrement dérangé par les politiques
Pour l’anecdote, nous avons croisé François Hollande, détendu, tout sourire, se prêtant à toutes les photos demandées. Quelques heures avant lui, Marc Fesneau, revenu au salon sans le président de la République, mais avec le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, avait été visés par des jets d’œufs, des sifflets, des appels à la démission.
Vendredi était une journée ordinaire : ce qui a dominé depuis le début de la semaine, c’est une bonne humeur généralisée et une atmosphère détendue, de temps à autre interrompues par l’irruption d’une personnalité gouvernementale (ça s’est mal passé) ou une personnalité d’opposition (Jordan Bardella, Marion Maréchal, François-Xavier Bellamy), qui était bien accueillie.
Le fait qu’Emmanuel Macron ait été très mal reçu et Marine Le Pen au contraire chaleureusement ne doit pas nous empêcher de voir que la classe politique plaque, globalement, des slogans sur une réalité agricole française complexe, à la fois dynamique et fragile.
L’agriculture française est dynamique
D’un côté, on ressort du salon plein d’optimisme sur le potentiel de notre pays. Le Salon de l’Agriculture n’est pas un village Potemkine dissimulant le déclin de l’agriculture française ni un musée de la nostalgie d’une France rurale. Il permet de prendre la mesure du dynamisme de notre agriculture et de l’intelligence collective qui règne dans le secteur.
Nous avons, comme bien d’autres candidats aux élections européennes, arpenté les allées du Salon, pour comprendre les implications de la Politique Agricole Commune – qui reste, avec 40% du total, le premier poste du budget européen, soit 9 milliards et demi pour la seule France. Nous voulions aussi mieux comprendre les racines du malaise actuel des agriculteurs. Voici quelques-unes de nos observations :
L’agriculture française est porteuse d’une grande vitalité. On est heureux de constater la liberté d’esprit et de ton des agriculteurs avec qui on peut s’entretenir sur différents stands. L’histoire de notre pays, la puissance de facto de l’agriculture française d’aujourd’hui, ont pour l’instant laissé peu de prise au discours défaitiste habituel sur « la France trop petite pour peser ». Non, la France reste un grand pays agricole. Les longs entretiens que nous avons eus avec l’association « Zéro Pesticides » ou avec un céréalier de la Beauce sont deux exemples de « l’intelligence collective » évoquée à l’instant : d’un côté, le regroupement de 400 « petits producteurs » qui cherchent à innover à partir de leurs savoir-faire plutôt que selon des slogans venus d’en haut (Bruxelles ou Paris) et qui commencent à peser, collectivement, dans les circuits de vente ; de l’autre un agriculteur à quelques mois de sa retraite, fier de pouvoir transmettre son entreprise à une jeune agricultrice prête à relever le défi et qui nous a décrit, en une heure d’entretien, la manière dont il est à la pointe d’une agriculture hyper-moderne, utilisant la collecte de données d’un bout à l’autre de la chaîne de production.
L’exemple paradoxal de l’agriculture bio
Nous avions pris comme fil directeur « le bio ». Or quelle n’a pas été notre surprise, de constater que l’agriculture bio proprement dit n’avait pas de grand espace à elle. On ne la trouvait nulle part, ou presque, en tant que telle, le bio semblant être l’oublié de la crise.
Le gouvernement avait pourtant promis un avenir radieux à la filière. Les ventes du bio ont encore baissé de 5% l’année dernière, les consommateurs délaissant ces produits jugés trop chers qui coûtent en moyenne 30% de plus que les autres. Les agriculteurs qui passent au Bio doivent accepter une perte de rendement. Ont été versé à la filière Bio en 2023 cent millions d’euros, 50 millions en janvier dernier ; soit 833 euros par exploitation. Résultat ; 3300 agriculteurs ont arrêté le Bio.
Mais certains diront que la préoccupation d’une agriculture respectueuse de l’environnement et de la santé est suffisamment intégrée pour être partout…En réalité, les agriculteurs à qui nous avons parlé se méfient d’un label imposé par l’administration ou des modes des citadins des grandes métropoles. A la Porte de Versailles, on préférait visiblement mettre en valeur les terroirs et les initiatives locales. Et puis, il y a un ennemi…. : le « Pacte Vert ». ( Atteindre la neutralité climatique entre 2030 et 2050 …avec tout un tas de mesures restrictives.)
Cette bureaucratie française qui emm… les agriculteurs français
Au risque de briser un tabou, ce n’est pas la PAC en soi qui constitue le principal problème.
D’abord parce que la France, ainsi que nous vous l’avons dit, reste le premier bénéficiaire de la politique agricole commune.
Ensuite, parce que les complications, pour nos interlocuteurs, viennent d’abord de l’administration française, des couches de bureaucratie, de la « surtransposition » des directives de Bruxelles. ; nous sommes là au cœur de l’incohérence d’un gouvernement français qui, d’un côté, explique aux agriculteurs, que l’on peut vivre avec des accords de libre-échange, qui accroissent la compétition mondiale, et, de l’autre, ne cesse de renforcer les lourdeurs bureaucratiques.
Enfin, parce que ce sont des contraintes politiques actuelles qui sont visées : le « Pacte Vert », dont nous parlions à l’instant ; ou les conséquences des sanctions qui ont fait perdre le marché russe, depuis dix ans ; et qui se sont énormément accrues depuis le début de la Guerre d’Ukraine, en particulier avec le renchérissement du prix du gaz et du pétrole ; la concurrence des produits ukrainiens, qui font baisser les prix.
Nos priorités pour l’agriculture française
Nous sommes repartis du Salon avec une vision plus claire de ce que devrait faire un gouvernement qui défende l’agriculture française :
+ Conformément à la philosophie générale de notre programme, nous voudrions que les lourdeurs bureaucratiques soient supprimées à tous les niveaux : de l’administration régionale, en première ligne pour la répartition des fonds de la PAC au niveau bruxellois, en passant par l’administration centrale française. Conformément à notre programme, notre objectif est la suppression, au niveau supranational comme au niveau national et régional de 50% des fonctionnaires dédiés à la gestion de l’agriculture française et de la PAC en général.
+ En suivant l’esprit de notre « liste citoyenne », nous voulons défendre la créativité de nos agriculteurs en ce qui concerne le respect de la santé et de l’environnement. Il s’agira de refuser des dispositifs abstraits, imposés depuis Bruxelles : pensons à la question de la rotation des céréales, à « Farm to Fork » ou aux objectifs fixés a priori de diminution de l’emploi des pesticides (-50%) et des engrais (-20%) d’ici 2030. Ce n’est pas à la Commission de Bruxelles de décider de ces questions d’en haut. Nous souhaitons la renégociation voire la suspension du Pacte Vert.
+ Lorsque l’on parle de « souveraineté alimentaire », c’est inséparable de la souveraineté tout court. Le moyen le plus immédiat de défendre notre souveraineté alimentaire, c’est de mettre fin à la Guerre d’Ukraine et à ses conséquences. Non seulement, il n’est pas question que l’Ukraine devienne membre de l’UE ; mais Kiev ne doit disposer d’aucun accès privilégié au marché européen – et ceci d’autant plus qu’un tiers des terres ukrainiennes sont aujourd’hui aux mains d’investisseurs étrangers. Nous souhaitons donc que les versements français au budget européen de la PAC soient conditionnés à la fin des sanctions contre la Russie et à la taxation des produits agricoles importés d’Ukraine.
Ne vous interrogez pas sur l’absence du secteur bio au salon!
L’organisateur est sans aucun doute la FNSEA qui prétend que seule l’agriculture chimique est possible et rentable. Elle n’a donc pas envie d’apporter la contradiction au milieu de ses stands!
non le bio ne prend pas et se “casse la figure” depuis quelques temps car trop cher.
Il faut tout simplement supprimer la PAC qui a été un des premiers effets pervers de l’asservisseemnt à l’UE. L’agriculture est un des points forts de la France.