Dans cette interview quinzomadaire de Thierry Meyssan, nous faisons le point sur la riposte iranienne à l’attaque de son ambassade à Damas par Israël. Dans la pratique, cette réponse iranienne est à la fois mesurée et réussie, dans la mesure où des missiles hypersoniques ont atteint leur cible sans possibilité d’interception occidentale, comme Edouard Husson le rappelait en début de semaine. Toute la question est désormais de savoir si, derrière ces apparences hostiles, Israël va rompre le vieil équilibre régional avec l’Iran… Thierry Meyssan nous donne les clés de cet axe secret qui pourrait voler en éclat.
Cette interview « historique » dans tous les sens du terme est importante car elle éclaire des points majeurs sur les relations entre Israël et l’Iran :
- historiquement, une relation tacite, pour ne pas dire un « axe » existe entre l’Iran et Israël, du fait même de l’intervention américaine dans la région, durant les années 50
- au sein du pouvoir iranien, une aile « conservatrice » perpétue ce rôle, savamment tu en Israël
- la question est aujourd’hui de savoir si Netanyahu est prêt à faire voler cet accord historique en éclat
- rationnellement, la situation ne devrait pas déboucher sur une escalade
- l’extrémisme du régime de Netanyahu pourrait remettre en cause cette rationalité
- les prochains jours seront cruciaux
Une interview indispensable pour comprendre le jeu entre Israël et l’Iran, devenu vital pour la paix dans le monde.
Bonsoir,
Vous avez a priori oublié de dire que les Iraniens ont dit à l’ONU qu’ils arrêtaient la « revanche » si Israël faisait de même
Bien cordialement
Jean
Chaque année la fête du Pourim célèbre le massacre de 75000 perses il y a plus de deux millénaires. Durant cette fête apparemment on mange des petits gâteaux symbolisant les corps démembrés de ces perses antiques. Quelqu’un a un jour demandé à je ne sais quel historien, ce que les descendants des perses, les iraniens, en pensaient. Il répondit que cette histoire est fictive. Donc la fête du pourim célèbre une paranoïa agressive envers les iraniens… Alors, on peut se méfier de ce que feront les fous génocidaire dans cette affaire récente.
Pourtant je crois bien que Cyrus le roi de Perse a libéré les hébreux de leur captivité à Babylone ?
Je ne vois pas en quoi la réponse iranienne était mesurée. Quant à dire qu’elle a été réussie parce que 1% des drones et missiles ont atteint leur objectif, c’est très exagéré. La réussite a plutôt été du côté du dôme de fer.
Sur l’affaire de Suez, Philippe Simonnot a donné des détails importants, en ce qu’ils montrent que les chantages d’un petit Etat du Moyen Orient ne sont pas d’aujourd’hui.
La France a joué en effet un rôle majeur dans l’acquisition de l’arme nucléaire par cet Etat, mais suite à un chantage.
Simonnot cite une certaine réunion ultra-secrète qui s’est tenue à Sèvres le 21 octobre 1956. S’y trouvaient Guy Mollet, Christian Pineau, ministre français des Affaires Etrangères, Ben Gourion, Shimon Peres et Moshe Dayan, rejoints par la diplomatie britannique le 22.
Il s’agissait de monter l’opération de Suez qui consiste à associer Israël à la lutte conjointe de la France et de la Grande-Bretagne contre Nasser (*), l’une parce que ce dernier soutenait le FLN (**), l’autre parce qu’il voulait nationaliser le canal. L’instant était propice: le chef de l’Etat égyptien avait interdit la traversée du canal aux navires israéliens. La Grande-Bretagne, pourtant réticente au départ à une intervention armée, se laissa convaincre par le plan français.
Ce plan consistait à ce qu’Israël envahisse le Sinaï jusqu’au canal de Suez afin de permettre aux forces franco-britanniques d’intervenir pour séparer les belligérants. Mais Ben Gourion s’est montré réticent à faire passer Israël pour un agresseur… sauf si la France acceptait d’aider son pays à obtenir la bombe atomique.
Il faut préciser aussi que la force nucléaire israélienne, financée par la diaspora, a bénéficié par la suite de l’aide des Etats-Unis et même de l’Allemagne – qui a fourni un sous-marin nucléaire – et deviendra très importante tout en restant clandestine: Israël ne se reconnaît pas, aujourd’hui encore, comme puissance nucléaire…
La France a donc initié dans cette région un déséquilibre géostratégique fondamental, qui peut expliquer la propension de l’Iran à rétablir un équilibre.
https://www.youtube.com/watch?v=eL_6s4LwZSg à 14´30
(*) Nasser, défenseur du panarabisme, était à l’époque considéré par Guy Mollet et Anthony Eden – et par toute la presse – comme le nouvel Hitler. En tant que chef d’Etat s’opposant aux planifications occidentales, nous le comprenons maintenant…
(**) un transfert d’armes et de matériel, d’Egypte vers l’Algérie venait d’être intercepté
Le pire est que cet Etat, suréquipé en armement nucléaire tout en n’ayant pas signé le traité de non-prolifération. agit aussi souterrainement au coeur même de nombre d’Etats occidentaux tout en faisant planer la menace Samson…
A 25:20, Monsieur Meyssan évoque l’ambassadrice étasunienne en Irak, Mme Gilepsie, et affirme qu’elle est morte juste avant de témoigner devant le congrès des États Unis. Or cette dame, Mrs April Glaspie, a non seulement témoigné mais elle est actuellement encore en vie.
C’est du fact checking !!
L’entretien est très instructif, monsieur Meyssan connaît bien la question proche orientale mais il n’est pas dans la tête des protagonistes pour répondre à toutes les questions. Sans soutien américain Israël ne peut pas poursuivre l’escalade, les iraniens ont eu une riposte mesurée et ils ont montré la faille de la défense israélienne.
Il semble bien que le « great reset » ait commencé de façon opérationnelle en 2001 avec la destruction de l’Irak laïque par la volonté du messianisme impérialisme américain. Première étape de la destruction de tous les Etats du Moyen Orient sauf un. Notons que le WEF fut créé en 1971.
Dans la même mouvance du WEF, l’Union Européenne pourrait bien démarrer en 2024 la destruction effective de tous les états d’Europe appartenant à l’alliance.
Le Moyen Orient illustre bien le fait historique que les Etats soient pérennes quel que soit leur gouvernement, en dépit des pressions extérieures. La sagesse serait de développer un ordre juridique mondial qui respecte les états, dans la même esprit que celui des droits humains.