Dans ce premier numéro de notre hebdomadaire économique, j’évoque les risques généraux qui pèsent sur l’économie mondiale (et l’incertitude politique, liée à l’offensive des mondialistes contre la démocratie, n’est pas le moindre, comme le montre la tentative d’assassinat sur Trump). J’en profite pour répondre à une question posée par un commentateur : pourquoi la BCE ne rachèterait-elle pas la dette française, pour résoudre notre problème de finances publiques ?
Comme vous le constatez, nous renforçons notre « surveillance » économique et nous resserrons nos conseils patrimoniaux pour vous accompagner dans cette période dangereuse et difficile.
Rappelons que, dans le contexte de blocage politique que nous traversons, le pire est d’autant plus à craindre que nous aurions besoin d’une autorité forte pour réagir à la crise des finances publiques.
Pour l’instant, Bruno Le Maire s’est contenté d’annoncer 5 milliards d’annulations de crédits supplémentaires, alors que le déficit, fin mai, s’est creusé de 7 milliards nouveaux. L’effort mené est donc insuffisant pour éviter une nouvelle dégradation spectaculaire du déficit.
Nous évoquons largement dans les vidéos de notre chaîne « patrimoine » les différents aspects pratiques de cette situation.
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Aujourd’hui, les forces bien décidées à ne consentir à aucun effort de réduction du déficit se mobilisent pour imposer une inquisition fiscale et poursuivre l’expansion permanente de la bureaucratie.
Dans le concours Lépine qui sévit sur la meilleure façon de rembourser la dette colossale que nous avons contractée dans notre avachissement grandissant, une idée mérite qu’on s’y arrête et qu’on y réponde : celle qui consiste à préconiser le rachat de tout ou partie de notre dette par la Banque Centrale Européenne, pour alléger le fardeau de son remboursement.
Cette solution démagogique pose de vrais problèmes :
- un problème moral : elle consiste à faire porter par nos voisins européens le poids d’une dette que nous avons fait exploser quand eux réalisaient les efforts de rigueur pour se désendetter. Autrement dit, elle repose sur une logique de passager clandestin qui récompense les moins vertueux et qui fait payer doublement ceux qui respectent les règles
- un problème de souveraineté : en reprenant notre dette, la BCE devient un acteur politique essentiel en France, à qui nous confions un levier d’influence sur nos choix intérieurs. Cette solution de facilité vise donc à accroître l’influence européenne sur la conduite des affaires françaises…
- un problème juridique : le traité n’autorise pas la Banque Centrale à racheter les dettes primaires des Etats membres. Il faudrait donc renégocier le traité pour appliquer cette solution, dont on comprend qu’elle a tout pour fâcher les pays qui ont fait des efforts
- un problème financier : le rachat de nos dettes par la BCE contribuerait à l’élargissement du bilan de celle-ci et à sa transformation en prêteur en dernier ressort. Il s’agit d’une prise de risque qui dévoye la banque centrale de son rôle de coupe-circuit en cas de crise financière. La crise de 2008 n’est pas arrivée autrement
- un problème économique : cette reprise de nos dettes par la BCE équivaut à une monétisation de notre dette, c’est-à-dire à une source d’inflation qui diminuera d’autant la valeur de nos patrimoines et attaquera sévèrement le pouvoir d’achat
Cette solution est donc extrêmement dangereuse. Mieux vaut des formes d’haircut (des mises entre parenthèses provisoires et sporadiques du remboursement de la dette losque celui-ci devient excessifs) qu’une annulation déguisée de la dette. L’haircut permet de soulager périodiquement la contrainte du remboursement par un moratoire partiel et de courte durée (par exemple, si la France doit honorer un remboursement de 300 milliards dans une année donnée, elle peut bénéficier d’un moratoire de deux ou trois ans sur la moitié de cette somme), et donc de rééchelonner de façon souple le remboursement de la dette, sans l’annuler. Cette mécanique limite les risques d’inflation, à l’occasion d’être pilotée efficacement et rigoureusement.