La Belgique est un pays hybride, une sorte de fédération, pour être poli, mais en réalité un conglomérat de communautés qui se sentent forcées de cohabiter et qui se détestent. Au nord, les Flamands et leurs commerces, leur argent, leur port d’Anvers et leurs économies ; au sud, les Wallons et leurs dettes, leurs assistés sociaux, leurs magnifiques Ardennes, leurs bières et leur langue française. Au centre, Bruxelles la belle, devenue le siège social d’une « Union européenne » de la désunion et de la corruption, le lit d’une communauté d’agents de l’industrie, les lobbys qui passent leur vie à influencer les politiques dans l’unique défense de leurs propres intérêts. La Belgique et ses 5 gouvernements, son Roi, ses 54 ministres, ses 3 langues nationales et son immigration légendaire.
La France, c’est la République et son Roi, ses frasques, son arrogance, son humour sans doute, à force. Il casse tout et ne reconstruit rien, il attend, il se tâte, il joue au poker, parfois il perd, souvent il gagne, mais la partie est longue et il a le temps, il sourit et enfourche son jet-ski, il est heureux, c’est certain. Sommes-nous donc stupides pour ne pas comprendre que quoi qu’il fasse, rien ne changera ? Sommes-nous aveugles pour ne pas voir qu’un gouvernement a deux raisons de ne pas exister : la première est que le chef dirige tout et vassalise son gouvernement ; la seconde est que tout est déjà décidé, ailleurs, à Bruxelles, pardon, à Washington.
Coalitions et alliances dysfonctionnelles
Ce qu’attend le peuple est qu’on lui demande de s’exprimer par le vote à certaines dates, selon un calendrier établi, puis vient la grande soirée, le grand spectacle et la grande surprise de qui aura la majorité, qui sera élu. Passée cette soirée de joies et de tristesses, vient le jour de l’application des choix populaires, ou plutôt, la réunion des divergences d’une coalition à mettre en place qui tiendrait compte des mesures de la gauche et de celles de la droite, en proportion de leurs résultats respectifs à l’élection. Comment veux-tu que ça marche ? (Pardonnez mon tutoiement, je me parlais à moi-même.)
Chez nous, en Belgique les gouvernements ont des noms d’oiseaux selon les couleurs des partis représentés, alors, ce sera la Vivaldi, la Suédoise, maintenant on parle de l’Arizona, etc. Comme la droite et la gauche ont des avis totalement divergents et qu’elles réunissent chacune à peu près la moitié des votes, on nous dit qu’elles vont travailler ensemble sur des matières comme le budget, l’emploi, l’inflation, la santé, l’éducation. Alors on va placer des ministres aux bonnes couleurs aux bonnes places. Enfin, on va essayer. C’est pourquoi les Verts se retrouvent à la mobilité et à l’environnent, les socialistes à la santé et au social, la droite à la justice et à la politique extérieure. Et ça ne marche évidemment pas.
L’illusion du pouvoir démocratique
Tout a été transformé en marchandise, la politique, les États, alors, la mise en place d’un gouvernement dit « démocratiquement élu » est une hérésie, une impossibilité théorique. Ceux qui croient trouver un équilibre sont les rêveurs, les utopistes. Seuls les intérêts de chacun sont défendus, la cause première de la gestion de la cité est absente de toute préoccupation. Elle est déjà gérée dans ses moindres détails jusqu’à la fonction des capuchons de bouteilles en plastique par ces technocrates corrompus, alors, que peut-on espérer de ce monde politique ?
Rien ! Des couvertures de magazines à scandale, des annonces narcissiques et vides de sens. On ne peut qu’assister à la prolongation théâtrale d’une tradition républicaine désuète, digérée par des pouvoirs supérieurs qu’il faut aller chercher là où ils sont.
Ceux qui gouvernent réellement ne perdent pas leur temps à faire des élections ou alors dans l’entre-soi de la Commission européenne, des banques, de l’industrie, ils ne perdent pas leur temps à élire des chefs, ils se nomment eux-mêmes.
Alors, amis français, amis belges, réjouissons-nous de ces moments sans gouvernements, ils peuvent durer longtemps (16 mois pour constituer la Vivaldi en octobre 2020 en Belgique) et pendant ce temps, moins de décisions iniques nous sont infligées, donc « Vive le non-gouvernement ». Reprenons les rênes de nos vies et organisons-nous en ne faisant plus attention eux, ils disparaîtront naturellement.
Le Courrier des Stratèges
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