Une seule voix, une même clameur, des bancs de l’Assemblée aux plateaux de télévision, nous abreuve de la même litanie : « La Chambre est introuvable. Il n’y a pas de majorité. La France est ingouvernable ». Pourtant, à s’en tenir aux résultats des élections, à la lettre des institutions, à la composition du Parlement, cette majorité existe, c’est la majorité des carpes et des lapins, la majorité du Front Républicain, une majorité si dérangeante et monstrueuse pour ceux qui la composent, comme pour le président de la République, qu’ils refusent de la voir et affirment qu’elle n’existe pas. Car la reconnaître pour ce qu’elle est reviendrait aussi à constater et finalement à admettre qu’il n’existe qu’une seule opposition. Les conséquences en seraient si dévastatrices pour tous ces élus qui tiennent à leurs places, leurs privilèges, leurs prébendes et se nourrissent grassement sur la bête que nous sommes, qu’ils préfèrent fermer les yeux, taire l’évidence et nous imposent de le faire avec eux.
Les résultats des deux tours des législatives et des manœuvres affolées de l’entre-deux-tours sont pourtant clairs. Rappelons-nous. Au soir du premier tour, le 30 juin dernier, le Rassemblement National arrivait légèrement en tête avec 29,26% des voix, talonné par le Nouveau Front Populaire, nouveau visage de l’Union de la Gauche, et ses 28,06%, puis, loin derrière, Ensemble, la fameuse « majorité présidentielle », avec 20,04% et plus loin encore les Républicains avec leurs maigres 6,57%. Suivaient toute une série de forces et de candidats divers qui, avec moins de 5% des suffrages, ne nous occuperont pas ici. 76 députés avaient été élus dès ce premier tour : 39 pour le RN et ses alliés conduits par Eric Ciotti, 32 pour le Nouveau Front Populaire et 2 petits choses pour Ensemble, ce qui confirmait finalement la tendance générale. On annonçait par ailleurs, à 21:06, ce soir-là, 285 à 315 triangulaires, qui laissaient entrevoir pour le second tour, sinon une majorité absolue pour le Rassemblement National du moins une large victoire. Il suffisait de contempler la mine déconfite des commentateurs et de leurs invités politiques pour percevoir combien l’heure était grave.
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