Une semaine après avoir été contraint de quitter son poste nouvellement créé de directeur de la stratégie et du développement chez Bayard, Alban du Rostu, ancien collaborateur du milliardaire catholique conservateur, revient sur les circonstances de son éviction. Dans un entretien accordé à l’Express, il a déploré une « campagne injuste dont il était victime », ainsi que le manque de tolérance et de dialogue des salariés de Bayard. Lesquels craignaient une « intrusion de l’extrême droite » au sein de cette maison fidèle à une ligne catholique sociale. « Je n’imaginais pas que ce serait dans un groupe chrétien qu’on me reprocherait d’être chrétien » a pourtant déploré Alban du Rostu.
Nommé le 25 novembre dernier, Alban du Rostu, ancien collaborateur de Pierre-Edouard Stérin a vu sa nomination au poste de directeur de la stratégie et du développement de Bayard, annulée en raison de vives protestations syndicales et de menaces de grève. Son lien professionnel passé avec milliardaire libertarien et exilé fiscal, a alimenté les craintes quant à une potentielle atteinte à l’image du groupe. Pour mémoire, Alban du Rostu est connu pour avoir dirigé le Fonds du Bien Commun de Pierre-Edouard Stérin et contribué au lancement de Périclès, un projet confidentiel du milliardaire doté d’un budget de 150 millions d’euros.
Un recrutement annulé sous pression syndicale
Dans une interview sur l’Express vendredi 06 décembre, Alban du Rostu revient sur son éviction et a déclaré:
« Je n’imaginais pas que ce serait dans un groupe chrétien qu’on me reprocherait d’être chrétien »
Il perçoit cette éviction comme une discrimination fondée sur des préjugés et regrette l’absence de dialogue avec les syndicats et le personnel.
Fort d’une expérience diversifiée, notamment chez McKinsey et dans des investissements culturels et médiatiques, Alban du Rostu embauché comme numéro 2 du groupe, s’est dit recruté pour impulser une transformation stratégique. Il prévoyait de développer les actifs numériques de Bayard et d’explorer des secteurs en forte croissance comme les expositions immersives et la réalité virtuelle.
« Mon projet était de moderniser Bayard tout en restant fidèle à son ADN »
affirme-t-il. Cependant, il dénonce un conservatisme empêchant tout changement significatif.
Un débat autour des opinions politiques
Selon Alban du Rostu, les critiques portées contre lui se concentraient sur son passé de bras droit de Pierre-Edouard Stérin , perçu comme un entrepreneur libéral et proche du Rassemblement national.
« Pourquoi prendre une personne marquée aussi fortement politiquement ? »
, s’interroge une source au sein du Syndicat national des journalistes (SNJ). Dans un communiqué, l’intersyndicale du groupe (CFDT, CFTC, CFE-CGC-CSN, CGT, SNJ) redoutait une possible influence politique, Alban du Rostu rejette ces accusations, rappelant que les opinions de ses anciens employeurs ne reflètent pas les siennes.
« Reproche-t-on aux salariés de Free les opinions de Xavier Niel ? C’est absurde, »
argue-t-il. Il regrette également que ses propositions de dialogue aient été ignorées.
Une société divisée, un appel à l’apaisement
Au-delà de son expérience personnelle, Alban du Rostu alerte sur une société fragmentée où le débat laisse place aux caricatures et à la méfiance. Il appelle à dépasser les clivages et annonce vouloir lancer une initiative pour promouvoir le dialogue et la coopération.
« Le monde chrétien, comme la société entière, doit surmonter ces divisions qui ne mènent qu’à l’éclatement«
conclut-il, appelant à un ressaisissement collectif face aux défis communs. Pour mémoire, Bayard appartient à la congrégation religieuse catholique des Assomptionnistes
Par ailleurs, Bayard prévoit également de céder sa participation dans l’École supérieure de journalisme (ESJ) Paris, acquise récemment aux côtés de Vincent Bolloré. L’intersyndicale du groupe se félicite, qualifiant cette décision de « victoire totale ».