Denécé : « L’Europe devient le champ d’essai pour la politique intérieure états-unienne »

Denécé : « L’Europe devient le champ d’essai pour la politique intérieure états-unienne »

Éric Denécé a bien voulu faire le point avec nous sur les intentions affichées par Donald Trump en matière de politique étrangère. Entre le Groënland, le Canada, Panama, et les interventions de Musk en Europe, on ne sait plus où donner de la tête ! S’agit-il de caprices fantasques, ou d’un agenda calculé et anticipé ? Denécé nous dit ce qu’il en pense…

Les affirmations de Trump sur le Groënland, le Canada ou Panama, relèvent-elles de la forfanterie ou du projet politique abouti ?

Eric Denécé, géopoliticien bien connu, a accepté de répondre pur nous à cette question etmême à ces questions !

Il rappelle :

  • l’antériorité historique du projet de rattachement du Groenland aux Etats-Unis, qui ne date pas d’hier, notamment pour des raisons de ressources fossiles
  • l’enjeu d’une intégration économique du marché canadien à l’entité états-unienne
  • l’antériorité de l’administration du canal de Panama par les USA, jusqu’en 1999, qui explique la revendication de Trump

Pour Eric Denécé, ces revendications s’expliquent par plusieurs phénomènes :

  • d’abord, l’obsession trumpiste d’enrayer la progression de la Chine dans l’ordre mondial
  • ensuite, la volonté d’inverser la tendance des USA, et plus globalement de l’Occident, au déclin en réaffirmant sa puissance
  • la discrète volonté de se venger de ceux qui ont critiqué le trumpisme pendant plusieurs années, voire ont aidé aux poursuites contre Trump

Reste que la tâche de Donald Trump paraît immense, et que ses appétits extérieurs, parfaitement alignés avec la tradition impérialiste américaine, pourraient être contrecarrés par ses difficultés intérieures. De ce point de vue, ses grandes lignes idéologiques (valeurs conservatrices, lutte contre le wokisme et le genrisme, et autres aspects saillants) devront être « expérimentées » concrètement. Et, sur ce point, il n’est pas exclu que les « écarts » de Musk sur les réseaux sociaux avec les dirigeants européens soient une sorte de ballon d’essai.