En urgence, l’UE débloque 150 milliards pour acheter des armes

En urgence, l’UE débloque 150 milliards pour acheter des armes

Le mécanisme « Safe », mis en place en urgence par le Conseil Européen, est passé relativement inaperçu au milieu d’une actualité internationale très chargée. On peut le regretter, car il pose un problème cornélien aux souverainistes : d’un côté, il participe d’une intensification de la construction européenne qui pose problème. D’un autre côté, il prévoit des mécanismes de préférence communautaire qui favorisent les achats d’armes au sein de l’Union. De ce point de vue, SAFE constitue une forme de victoire pour les souverainistes, dans la mesure où la Commission a commencé à revenir sur son dogme d’un « libre-échange » intégral. Faut-il ou non savourer notre victoire ?

Le mécanisme SAFE est important pour plusieurs raisons :

  • il est mis en place selon la procédure d’urgence (c’est-à-dire sans intervention du Parlement) par le Conseil européen qui intègre la Commission, mais reste sous la présidence des gouvernements (c’est une instance intergouvernementale)
  • il prévoit la création de dettes européennes « communes », dépensées par chaque Etat
  • il intègre un mécanisme de préférence communautaire : 65% des crédits doivent servir à acheter des armes de l’Union, 35% peuvent servir à des achats hors Union
  • toutefois, dans le contingent de 65% peuvent figurer des armes britanniques ou ukrainiennes, et de quelques autres pays

Ce mécanisme est évidemment insuffisant, d’autant que l’Union prévoit des volumes de dépenses plus importants (probablement 550 milliards) sans préférence communautaire. Mais, sur ce dernier volet, la décision n’est pas encore prise. Pour l’instant, donc, la politique d’armement se limite à ce mécanisme « SAFE ».

Chacun se forgera un point de vue sur ce sujet. Mais une chose est sûre : loin d’être « morte », l’Union Européenne semble disposer de ressources internes pour réagir aux crises internationales.