Jean-François Barnaba s’est illustré sur les plateaux de télévision par une prise de parole mesurée et une capacité de synthèse qui pourrait être très utile au mouvement. Lié à Alexandre Jardin, il n’exclut pas de déposer une liste Gilets Jaunes pour les européennes, indépendante des influences officielles. Nous l’avons rencontré. Voici son interview.
On retiendra tout particulièrement de cette interview la dissension que le dépôt d’une liste Gilets Jaunes a ouverte dans le mouvement. Les conditions de préparation de cette liste, que nous racontons ici, ont soulevé de nombreuses questions sur son indépendance et sur les influences qu’elle pouvait subir. Toutes ces questions sont loin, à ce stade, d’avoir trouvé leurs réponses.
Qui sont les absents de la liste Gilets Jaunes officielle?
En l’état, on notera que la liste qui est annoncée dans la presse est loin de réunir toutes les f(r)actions des Gilets Jaunes. En particulier, les mouvances d’Éric Drouet, de Priscilla Ludowsky et de Maxime Nicolle (alias Fly Rider), n’y sont pas représentées. C’est un point gênant, dans la mesure ces leaders ont une influence importante, voire déterminante, sur les mobilisations hebdomadaires.
On notera que des personnalités comme Benjamin Cauchy (Toulouse) sont données comme participants à d’autres listes. En l’espèce, Cauchy rejoindrait la liste Dupont-Aignan. Mais Jacline Mouraud, l’une des figures les plus populaires du 17 novembre, a pour sa part choisi de créer son propre parti.
Quelle idéologie pour cette liste?
Ce faisant, quel est le point commun idéologique entre les membres de la liste qui s’est constituée? C’est un peu le point d’interrogation qui parcourt les esprits. Mais plusieurs aspects se dégagent progressivement.
D’une part, la présence d’une personnalité comme Marc Doyer, ancien candidat aux législatives pour la République En Marche, donne le ton. Si les critiques contre Emmanuel Macron font partie du Grand Ordinaire des membres, elles relèvent en partie du passage obligé ou du folklore. Dans la pratique, la liste profitera plus à la majorité qu’elle ne l’accrochera.
D’autre part, la présence de figures proches du parti socialiste comme Haik Shahinian montre que le ton de la liste devrait plutôt se déporter sur la gauche. L’absence d’une figure plus marquée à droite comme Christophe Chalençon indique bien que les Gilets Jaunes présents ont eu à coeur d’arrondir leur image.
Une liste Macron compatible
Cette liste devrait donc réaliser un grand écart entre la fraction droitière du mouvement et la majorité parlementaire actuelle. Elle sera une sorte de chaînon manquant supposé récupérer les éléments les plus modérés et les Français hostiles à Emmanuel Macron et à Marine Le Pen. Ces estimations sont toutefois encore très hasardeuses. Les sorties médiatiques des candidats, qui ne sont pas tous rodés à l’exercice, pourraient réserver pas mal de surprises.