La privatisation d’Aéroports de Paris, c’est le moins qu’on puisse dire, ne passe pas comme une lettre à la poste. Les résistances sont farouches, au Sénat comme dans l’opinion publique. Mais le gouvernement garde son cap et ne mollit pas. La technostructure de Bercy avait planté le décor avant même le dépôt du texte à l’Assemblée Nationale.
La privatisation d’Aéroports de Paris est au centre d’une polémique intense. Prévue par la loi PACTE, cette décision fait débat et nourrit de nombreux fantasmes sur une possible collusion d’intérêts. Dans la pratique, la mesure a été décidée par Bercy avant même le dépôt du texte à l’Assemblée Nationale. Celle-ci joue simplement le rôle de chambre d’enregistrement d’une décision prise par la technostructure.
La privatisation prévue par un texte déposé en juin 2018
Pour mémoire, le projet de loi PACTE fut enregistré au bureau de l’Assemblée Nationale en juin 2018. Ce texte fourre-tout, protéiforme, fut donc rédigé par Bercy au premier semestre 2018. Le hasard des crises politiques a voulu qu’il soit discuté tardivement, et que la vitesse relative des travaux parlementaires ne permette pas d’envisager une adoption avant la fin du premier trimestre 2019.
Il n’en reste pas moins que ce texte n’est pas encore adopté, et que, pour l’instant, rien ne permet de préjuger, dans une démocratie normale, de l’issue des discussions.
La privatisation préparée dès décembre 2017 par Bercy…
Malgré ces circonstances de calendrier, le ministère des Finances n’a pas tardé à préparer activement la privatisation des Aéroports de Paris. Dès décembre 2017, l’Agence des Participations de l’État, dirigée par Martin Vial (ancien directeur de cabinet du socialiste Quilès et compagnon de Florence Parly, ministre des Armées), passait un marché avec Bank of America pour privatiser l’entreprise.
Cette procédure expresse montre, une fois de plus, que l’Assemblée Nationale n’a aucune influence sur les décisions prises en amont par la technostructure.