Marc Benassy, ancien administrateur civil de l’Etat, nous propose une contribution sur le Brexit que nous publions intégralement.
Comme la poupée de Polnareff, le Royaume-(dés)Uni vient de répondre trois fois « No » aux propositions de Mère Théresa Maybe sur le Brexit. Cette attitude schizophrénique de nos voisins d’outre-Manche sur les questions européennes – oui sur le principe de la sortie mais non sur les modalités, quelles qu’elles soient – ne date pas d’hier puisqu’elle se manifeste en réalité depuis les débuts de la construction européenne : les Anglais ne veulent pas faire partie de l’Europe unie, mais ils ne tolèrent pas non plus qu’elle se construise sans eux. Comprenne qui pourra !
Les Anglais voulaient-ils le Brexit avant d’entrer dans l’Union?
Les Britanniques ont rompu les pourparlers entamés à Messine en 1955 et qui devaient aboutir au traité de Rome le 25 mars 1957, persuadés que cela n’aboutirait pas étant donné les divergences entres Etat. Quand ils ont compris que l’Europe était en train de se construire en dehors d’eux, ils tentent alors de répliquer par la création via le traité de Stockholm de l’Association Européenne de Libre Echange (AELE) avec des puissances aussi considérables que l’Islande ou le Liechtenstein, ceci afin de se limiter à une union douanière, sans aucune esquisse d’intégration politique. Devant le flop de l’AELE, les Anglais frappent à la porte du Marché commun avec les deux Harold (le conservateur McMillan en 1961 et le travailliste Wilson en 1967), où ils se font poliment éconduire par de Gaulle. Ce dernier n’avait pas oublié la parole de Winston Churchill : entre l’Europe et le grand large, nous choisirons toujours le grand large !
Il leur faudra donc patienter jusqu’en 1973 où, profitant de la naïveté de Pompidou et à la suite d’un référendum français en 1971, Edouard Heath réussit enfin à arrimer son pays au Marché commun en même temps que l’Irlande et le Danemark. Toutefois, Heath se fait très rapidement blackbouler par une furie anti-européenne en la personne de Margaret Thatcher, élue à la tête des Tories en 1975 alors qu’ils sont dans l’opposition. Dès sa prise de pouvoir, la Dame de fer entreprend de renégocier de l’intérieur son adhésion et d’obtenir des concessions unilatérales de ses partenaires à coup de guerre du mouton, de crise de la vache folle (non, je ne parle pas de Thatcher) et de déclarations à l’emporte pièce : « I want my money back ! , There is no alternative ! No, it is unacceptable !», suscitant même l’agacement de Jacques Chirac en termes très peu diplomatiques : « Qu’est-ce qu’elle veut de plus, cette ménagère, mes c….. sur un plateau ? ». On ignore comment l’interprète a traduit ses propos pour éviter la crise diplomatique !
Et c’est ainsi que n’ayant pas réussi à bloquer la création du Marché commun ni à susciter en face une organisation libérale assez puissante, les Anglais nous cassent les pieds (et le reste…..) depuis quarante ans en refusant l’euro et en multipliant les régimes de faveur, ce qui ne calme pas pour autant le mécontentement de l’opinion à l’égard des règles européennes, bouc émissaire commode de toutes les difficultés (refrain connu aussi en France…). Le référendum de 2016, marqué par une désinformation de l’opinion sur le coût réel de l’UE, une fuite piteuse des vainqueurs face à l’exercice des responsabilités et la volte-face de Mère Theresa hostile au brexit, mais acceptant néanmoins de mener les négociations de sortie et le partage de l’argenterie, inaugure une période d’incertitude qui dure déjà depuis trois ans et menace de durer encore longtemps, enkystant la construction européenne et décrédibilisant l’UE sur la scène internationale.
En réalité, si l’on enlève des 52 % de « oui » au brexit, les abusés et les naïfs ainsi que tous ceux qui ont voté contre le gouvernement anglais pour des raisons de politique intérieure au lieu de répondre à la question posée, il est fort peu probable qu’une majorité se dessine en faveur d’un brexit dur, sans accord de sortie en cas de nouveau référendum. Cette consultation est réclamée avec force par les nombreux partisans du « remain », déjà majoritaires en 2016 en Ecosse et en Irlande-du-Nord et une pétition en ce sens a déjà réuni plus de quatre millions de signatures. Si le non l’emporte, la question du retrait de la demande d’application de l’article 50 des traités européens se posera.
Juridiquement, toute demande de départ est définitive et tout maintien du R-U au sein de l’UE nécessiterait une nouvelle demande d’admission sans compter le risque de sécession de l’Ecosse et de l’Irlande-du-Nord, qui ont tout intérêt à rester dans l’UE, voire même de demande de rattachement de l’Ulster à la République d’Irlande afin de ne pas avoir 500 km de frontières à protéger et à surveiller. Mais on peut compter sur la couardise de nos dirigeants européens pour accepter soit l’effacement pur et simple de la demande de brexit, soit au minimum la suspension de l’article 50 et une nouvelle négociation, dont on ne voit pas très bien à quoi elle pourrait aboutir.
Mais les élections européennes se profilent à l’horizon ! Faudra t-il élire des députés britanniques et – si oui – auront-ils voix délibérative ou voix consultative sachant qu’ils représenteraient un pays qui demande à partir de l’UE ? On ne peut pas être à la fois dehors et dedans, that is the problem !
Résumons nous : après le rendez-vous manqué du 29 mars, la date du 12 avril est retenue pour une sortie sèche du Royaume-Uni. On ne peut matériellement pas renégocier un accord avant le 26 mai, date des élections européennes. Mais on peut accepter de suspendre l’application de l’article 50, et renégocier après le 26 mai avec un nouveau parlement, et donc sans les Anglais qui ne peuvent pas siéger des deux côtés de la table !
A mon avis, cette renégociation devrait inclure au moins deux volets ; l’acceptation de l’euro et l’abolition de toutes les clauses spécifiques au R-U dans les traités et accords européens, à peine de sortie sèche. Si les Anglais acceptent, l’euro sera facilement étendu aux autres pays de l’UE qui ne l’ont pas encore adopté comme la Suède, le Danemark et plusieurs pays d’Europe orientale. Cela paraît nécessaire au redémarrage du projet européen, tout pays récalcitrant étant alors aimablement invité à quitter l’UE.
Pierre Mendès- France disait « Gouverner c’est choisir !». Eh bien le temps est venu pour nos voisins britanniques de le faire pour une fois dans la clarté. Ou bien vous acceptez l’Europe telle qu’elle est, ou bien vous disons, comme le comte d’Anterroches à la bataille de Fontenoy : « Messieurs les Anglais, tirez (vous) les premiers !
Marc Bénassy
Excusez-moi mais c’est n’importe quoi cet article.
Il n’y a pas de mystères, il y a une volonté populaire de quitter l’U.E. (ce qui ne pose aucun problème et profitera probablement à l’économie Britannique, quoi qu’en disent la propagande européiste), et puis il y a des politiciens corrompus qui veulent y rester, avec à leur tête Theresa May qui après avoir fait campagne pour rester avant le referendum, fait tout ce qu’elle peut pour saboter les accords de sortie.
Et j’ajoute que les naïfs sont ceux qui ont voté pour rester dans l’U.E., impressionnés par les prophéties apocalyptiques des européistes, jusqu’à présent toutes démenties par les faits : le taux de chômage diminue et les salaires augmentent en Angleterre depuis l’annonce du Brexit.
Bravo YRR ! au moins un commentaire sensé.
Cet article est a coté de la plaque et ignore le fait que ce sont les Anglais qui sont logiqiues avec eux-memes car il résiste depuis le début a la technocratie euroéenne dictatoriale d’inspiration ordo-liberale c-a-d allemande !
De plus entrevoir la possibilite que les Anglais adopte l’euro, cette monnaie en faillite, ferait rigoler la plupart a Londres.
Les plus clairvoyants souhaitent le No-deal qu’ils voient comme un defi enthousiaismant sachant que le RU est parfaitement capable d’y faire face avec succes.
Le genre de passion qui n’existe plus en France !
From London
Mispe31