Quels sont les thèmes qui ressortent du Grand Débat? Au-delà des annonces gouvernementales, les premières analyses montrent une lame de fond hostile à la dépense publique et à la pression fiscale. Ces éléments confirment nos propos d’origine sur la nature profondément libérale du mouvement et infirment les récupérations étatistes qui fleurissent à gauche.
Le mérite en revient au journal Le Monde, qui a analysé les contributions libres au Grand Débat. Les chiffres parlent d’eux-mêmes:
Selon OpinionWay, qui a traité les quelque 1,9 million de contributions parvenues sur le site du grand débat, un large consensus se dessine pour réduire la dépense publique afin de réduire le déficit (75 % des répondants), et en premier lieu les dépenses de l’Etat. Lesquelles ? Les réponses sont plus floues, mais sont mentionnées en premier les dépenses consacrées à la défense (28 %) et celles de la politique du logement (22 %).
Les réponses sont plus diversifiées en ce qui concerne la fiscalité. Plus d’un tiers des répondants (34,7 %) estime que l’impôt sur le revenu devrait être payé par tous, 28,2 % qu’il faut réformer et simplifier la fiscalité, 24,8 % qu’il faut la baisser. Une baisse qui porterait en priorité sur la TVA, notamment sur les produits de première nécessité, et l’impôt sur le revenu. Tandis que 27,8 % des répondants souhaitent que soient davantage taxés les hauts revenus (rétablissement de l’ISF, suppression de niches fiscales, augmentation du nombre de tranches d’imposition) et renforcée la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales. En revanche, 58 % des répondants disent qu’ils ne sont pas prêts à payer un impôt destiné à encourager des comportements bénéfiques à la collectivité, comme la fiscalité écologique.
75% des contributeurs libres au Grand Débat se sont prononcés pour une baisse de la dépense publique! Ce chiffre tranche fortement avec le mythe, savamment nourri par la haute fonction publique dès le début de la crise, sur un prétendu besoin de protection et de service public. Les Français ont clairement porté l’avis inverse.
Ces chiffres confirment l’analyse libérale que nous donnons à cette crise depuis plusieurs semaines.
58 % des répondants ne seraient pas prêts à payer un impôt encourageant un comportement bénéfique à tous, comme par exemple la fiscalité écologique. J’utilise le conditionnel par étonnement. Un “comportement bénéfique collectif” c’est vague. Par contre, refuser la fiscalité écologique n’est pas dans l’air du temps, ni cohérent au matraquage médiatique. De plus, se positionner à l’inverse de la doxa, revient à exprimer un choix fort sur un sujet technique.
Les écologistes sont populaires parce qu’ils expriment un “courant de pensée” désigné par le suffixe “iste”. Les écologues sont des scientifiques, ingénieurs ou universitaires. On n’est pas dans le même monde, la différence se situe entre la « croyance » et le « savoir ». En l’occurrence, sur ce sujet, le savoir n’est pas vraiment accessible à tous.
Pour ne rien arranger, écologistes et scientifiques sont d’accord sur la constatation du réchauffement, mais les divergences apparaissent sur les remèdes et surtout dans la hiérarchie de leur urgence. Les scientifiques sont très réservés sur l’arrêt du nucléaire qui peut avoir un avenir, les écologistes sont contre. Les scientifiques exposent que la surpopulation mondiale est un problème sérieux, les écologistes n’en parlent pas. Les scientifiques chiffrent les émissions carbonées ET le stock sur nos têtes, ainsi que le temps de réversibilité qui fait froid dans le dos. Les écologistes n’en parlent pas.
Bref, ce sont deux mondes qui se croisent sans se voir, avec d’un côté, des chiffres, des courbes, une expertise et de l’autre des visions, des mots, une idéologie.
Si le chiffre de 58 % n’est pas une erreur et que les mots associés ont un sens, cela voudrait dire qu’un doute s’installe sur l’écologisme. À moins que ce ne soit plus simplement que sur le consentement à l’impôt. Après réflexion, la deuxième hypothèse est surement la bonne.