Le débat organisé par France 2 pour les élections européennes nourrit une vive polémique. La direction de la chaîne se propose de donner une exposition suffisante aux listes pronostiquées à plus de 5%, et un temps réduit aux autres. Ce coup de pouce donné aux plus grands acteurs déplait aux plus petits, dont certains menacent de boycotter l’émission. La neutralité de Delphine Ernotte commence à être mise en cause. Dans le collimateur d’Emmanuel Macron après les présidentielles, son maintien en poste est précaire et influence forcément ses calculs politiques.
Bien sûr, il y a la difficulté d’organiser le débat avec autant de candidats, dont certains sont à peine groupusculaires. Les expériences précédentes ont montré qu’une dizaine, voire plus, de candidats sur un plateau rendait rapidement les débats inaudibles. Donc, la préoccupation de sélectionner n’est pas absurde.
Seulement voilà… les techniques de sélection appellent forcément quelques questions. En l’espèce, le choix de répercuter des sondages en intégrant sur le plateau par exemple Raphaël Glucksmann, qui n’a jamais été élu et qui flirte péniblement avec la barre des 5%, montre combien la stratégie de Delphine Ernotte est contestable. On voit bien que ne pas froisser le compagnon d’une Léa Salamé, par ailleurs présentatrice de France 2, est un élément qui pèse.
L’idée de reléguer en seconde partie d’émission les “petits” candidats participe de cette logique discutable. Sur ce point, la polémique a enflé au point que la presse “neutre” pose ouvertement la question de la stratégie de Delphine Ernotte.
Il faut dire qu’un dirigeant de chaîne, c’est précaire. Et dans le cas de Delphine Ernotte, les agacements bien connus de Macron à son endroit contribuent plutôt à la rendre docile. Ou prévenante. Ou attentionnée. Face au risque de contre-performance de la liste En Marche, ce genre d’attention est toujours bienvenu.