La DGCCRF mène une lutte très contestable contre la médecine naturelle, qui oblige les praticiens (qui sont généralement des travailleurs non salariés) à de nombreuses contorsions pour éviter l’accusation d’exercice illégal de la médecine. De nombreux praticiens s'interrogent même sur le droit d’utiliser l’expression que nous aimons bien de « médecine naturelle ». De source sûre, la DGCCRF menace d’ailleurs plusieurs praticiens de contentieux plus ou moins lourd du fait de l’utilisation de cette expression. Au-delà des aspects strictement techniques du dossier, il nous a semblé important de refixer quelques éléments de doctrines sur ce sujet.
Il faut d’abord marteler que l’expression de « médecine naturelle » n’a rien de révolutionnaire ni rien de trompeur (puisque la « tromperie » est le motif le plus souvent invoqué par la DGCCRF pour en condamner abusivement l’utilisation).
La médecine naturelle est conforme au droit international public
Premier point fondamental : l’Organisation Mondiale de la Santé, institution spécialisée de l’ONU dont la France est membre, reconnaît tout à fait l’existence, à côté de la médecine dite conventionnelle (et que la France appelle volontiers LA médecine, ou l’allopathie), d’une ou de plusieurs médecines non-conventionnelles ou traditionnelles.
La position juridique de la DGCCRF selon laquelle le mot de « médecine » serait réservé à la seule allopathie est donc contraire aux engagements internationaux de la France. Cette position émanant de l’un des services de Bercy illustre une fois de plus la capacité de certains (hauts ou non) fonctionnaires français à s’affranchir du droit pour imposer leurs propres règles en dehors de tout cadre démocratique. Il faut ne montrer aucune indulgence sur ce point vis-à-vis de cette superbe sortie de route du ministère des Finances.
Médecine naturelle et écologie profonde
Cette guerre que Bercy déclare en toute autonomie à des pratiques reconnues internationalement montre une fois de plus combien la haute fonction publique française est coupée des réalités. Partout en effet s’élève, y compris en France, une aspiration à l’écologie profonde qui appelle la société et son circuit de production à mieux respecter le rythme et les équilibres de la nature.
Ce respect de la nature et de son ordre nous replonge dans le cosmos que Platon évoquait en son temps, notamment dans son dialogue intitulé Gorgias. Pour les Grecs, qui ont beaucoup inspiré l’Occident, la nature était un tout organisé dans lequel l’homme occupe une place éminente, mais qu’il doit respecter. L’écologie profonde n’est rien d’autre que ce retour à la pensée cosmique qui inspirait les Anciens et qui a cimenté l’âme occidentale.
Dans cette pensée construite, la médecine que nous appelons naturelle a une place essentielle. Elle vise à trouver des remèdes respectueux des grands équilibres de notre planète, et respectueux de notre rythme et de notre harmonie biologique.
En lui déclarant la guerre, c’est à l’écologie profonde et à son harmonie systémique (pour reprendre une expression à la mode mais qui, ici, a du sens) que l’administration française déclare aussi la guerre.
Médecine naturelle ne signifie ni médecine alternative ni charlatanerie
En rappelant la connexion intellectuelle entre la médecine naturelle et le platonisme si cher à nos élites, il convient de clarifier deux idées incontournables.
La première vise à bannir tout clivage entre médecine naturelle et médecine allopathique. Ce n’est pas l’un ou l’autre, mais forcément l’un et l’autre. Personne ne conteste l’utilité des acquis scientifiques et médicaux sur lesquels prospèrent l’allopathie. Mais c’est une pauvreté intellectuelle de la part de certains allopathes d’exclure du « sérieux scientifique » toute autre pratique que la leur. L’apport de la médecine naturelle complète ou peut compléter utilement les bienfaits de l’allopathie.
C’est pourquoi – et c’est la deuxième idée que nous voulions souligner – il est indispensable de crédibiliser et de sécuriser la pratique de la médecine naturelle en distinguant, sur des critères objectifs et désintéressés, le bon grain et l’ivraie. C’est à cette tâche que s’attelle notre association Galieno et son comité scientifique.
Il est nécessaire pour toute profession de faire « le ménage » dans ses rangs, car c’est une condition de confiance avec les consultants.
Inévitable écologie profonde
Sur ces bases assainies, il nous semble que la France peut entrer en confiance sur la voie d’une réconciliation avec ses pratiques traditionnelles, et avec la ou les médecines naturelles. Nous avons l’ambition d’y contribuer (modestement, humblement) en apportant notre part à cet édifice.
Nous sommes convaincus que l’écologie profonde est l’horizon naturel de ce siècle, après quelques décennies abandonnées à la consommation exaltée de Coca-Cola, de Big Mac, et de produits polluants dont l’utilité se révèle contestable. Et nous sommes convaincus que nos médecines traditionnelles en forment une part fondamentale. Que cet état de fait plaise ou non à la parole officielle.