Agnès Buzyn a été portée au pinacle par toute la macronie tant qu'elle était ministre. Pourtant, ses méthodes autoritaires ont mis l'hôpital au bord de l'explosion. Depuis qu'elle n'est plus rien, les langues se délient... et la protection qu'elle a apporté à son mari a soulevé à plusieurs reprises de nombreuses difficultés. Encore plus depuis la crise du coronavirus.
Agnès Buzyn devrait passer un été pourri. Après avoir perdu son poste de ministre pour perdre en beauté une campagne électorale exposée, après s’être mis à dos la macronie par des imprécations livrées au Monde, elle devrait aujourd’hui être rattrapée par les petits scandales autour des protections qu’elle a accordées à son mari, Yves Lévy, ancien patron de l’INSERM.
Agnès Buzyn et ses conflits d’intérêts
À plusieurs reprises, Matignon s’est inquiété du soutien actif qu’Agnès Buzyn, devenue ministre de la Santé, accordait au patron de l’INSERM, Yves Lévy, accessoirement second mari de la ministre (rappelons que le premier n’est autre que l’un des fils de Simone Veil, avocat au Conseil d’État). Il avait même fallu, à l’époque, pour couper-court aux rumeurs, indiquer par décret que l’INSERM était rattachée désormais à Matignon.
La ministre de la Santé est désormais mise à la question pour son attitude vis-à-vis de l’Institut Hospitalo-Universitaire Infection Méditerranée, créé de toutes pièces par le bouillonnant Didier Raoult, inventeur du traitement du coronavirus à la chloroquine. Ce professeur de médecine désormais mondialement connu n’a guère été soutenu, au moment de la création de cet institut, par… l’INSERM ni par le ministère de la Santé.
Didier Raoult a un conflit ancien avec le mari de la ministre, par ailleurs PDG de l’Inserm, Yves Lévy, sur le modèle des IHU. Il l’a publiquement exprimé à plusieurs reprises et notamment dans un article du Canard qui soulignait le conflit d’intérêts patent entre une décision ministérielle sur le statut des futurs IHU et la position similaire du PDG de l’Inserm. (…) En plus de cela, la fin de l’année a apporté une autre nouvelle négative pour l’IHU et Didier Raoult décide de l’évoquer à l’attaque de son discours alors qu’il rappelle les membres fondateurs de son institut : « Entre temps l’Inserm et le CNRS nous ont lâché ». Envoyée comme une bombe, la phrase nécessite précision. En 2017, les conseils scientifiques des deux principales institutions de la recherche française étaient invités à donner un avis sur le maintien de l’octroi de leur label aux deux nouvelles unités de recherche, Mephi et Vitrome, issues de l’Urmite, unité de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes, dirigée jusque-là par Didier Raoult. Or, les conseils scientifiques des deux institutions ont rendu des avis défavorables, avis suivis par les deux directions.
Ce conflit ouvert entre le mari de la ministre, qui a visiblement voulu torpiller l’institut dirigé par Didier Raoult, et celui qui est devenu le héros de la lutte contre l’épidémie n’a probablement pas fini de faire couler de l’encre… y compris en justice.
Agnès Buzyn peut d’ores et déjà se préparer à une convocation devant la Cour de Justice de la République.
Rappelons simplement que le mari de la ministre, Yves Lévy, n’avait qu’une seule motivation dans ce dossier : garder le pouvoir à l’INSERM et éviter le partage des décisions avec des instituts gérés localement. On est ici très loin de l’intérêt général.