Avec Nicole Belloubet et Emmanuel Macron, la France n’était peut-être jamais allée aussi loin dans la course à l’État partial. Alors que le Président de la République a officiellement demandé à Nicole Belloubet d’intervenir dans une enquête judiciaire, elle s’essuie le camouflet de la famille Traore, qui lui rappelle les principes de la séparation des pouvoirs. Jamais les élites n’avaient humilié à ce point l’image de la République.
Nicole Belloubet et Emmanuel Macron viennent de porter encore plus loin l’État partial, et de le rabaisser comme jamais, dans l’affaire Adama Traore, mort après une interpellation houleuse consécutive à un délit de fuite. François Hollande avait déjà beaucoup humilié l’État avec l’affaire Leonarda… mais avec l’affaire Traore, le défi est désormais porté au plus haut niveau par un pouvoir exécutif en proie à une panique visible face à la contestation des “quartiers”. Les Gilets Jaunes ont eu droit à beaucoup moins d’égards. Une fois de plus l’État est mis au service d’une cause, et les règles de droit sont foulées au pied dans un flash totalitaire qui illustre la déliquescence de la démocratie sous Emmanuel Macron.
Belloubet sommée d’intervenir dans le dossier Traoré, selon l’AFP
On a connu l’AFP plus macroniste qu’aujourd’hui. L’agence de presse proche de l’État affirme qu’Emmanuel Macron a demandé à Nicole Belloubet d’intervenir dans le dossier Adama Traoré, qui agite les foules ces derniers jours. Bien entendu, Nicole Belloubet a démenti cette information, en expliquant qu’Emmanuel Macron avait simplement demandé qu’elle veille au bon fonctionnement de la justice.
Bien entendu ! veiller au bon fonctionnement de la justice dans cette affaire ne peut pas signifier intervenir en faveur de la famille Traoré qui explique à qui veut l’entendre qu’elle est victime d’injustices. L’affirmation de la ministre Belloubet fait d’autant plus rire que la même ministre n’a pas hésité à interrompre purement et simplement le cours de la justice durant le confinement, en mettant les magistrats en congé, et en décidant par circulaires générales du sort des justiciables privés de liberté.
On ne pouvait pas rêver d’une plus grande experte en matière de “bon fonctionnement de la justice”. L’affaire est entre de bonnes mains.
Dans une dépêche publiée ce lundi, l'Agence France Presse déclare qu'Emmanuel Macron "a demandé à la garde des Sceaux Nicole Belloubet de se pencher sur le dossier du décès en 2016 d'Adama Traoré, un jeune noir de 24 ans, lors d'une arrestation."
BFM TV Tweet
Le piège de la racialisation se referme sur Macron
Vue de l’Élysée, la présence de 20.000 personnes devant le palais de justice de Paris la semaine dernière, lors d’une manifestation pourtant interdite par le Préfet de police, est la preuve que les banlieues à minorités ethniques sont agitées par des passions politiques qui pourraient submerger le pouvoir. C’est tout l’objet du discours tenu par les Traore, et largement relayé par des medias comme BFM, selon qui la police serait raciste et protègerait les Blancs en discriminant les Noirs et les Arabes.
Depuis plusieurs semaines, les services de renseignement chauffent le gouvernement et le Président de la République : les Noirs et les Arabes vont se révolter contre le colonialisme de l’intérieur dont ils seraient victimes. Le grand fantasme sur les banlieues, toujours efficace dans l’esprit de ceux qui n’y mettent jamais les pieds, est réactivé.
Pourtant, le sentiment d’une police “raciste” est loin de faire l’unanimité parmi les “racisés” eux-mêmes. Une grande partie de ces manifestations est en effet pilotée par la gauche traditionnelle, et nourrie par la peur de la police probablement plus vivace chez les Blancs que chez les Noirs. Les exemples ne manquent pas en France, comme à Albi, de manifestations sur ce sujet… sans qu’aucun Noir ou Arabe n’y participe…
L’incompétence de Castaner, principale source de trouble
Pour que l’Élysée voie les choses telles qu’elles sont, à savoir que le malaise vis-à-vis de la police vient minoritairement des banlieues et majoritairement du reste de la population, il faudrait admettre l’échec absolu de Castaner, dont l’incompétence s’étale au grand jour sans discontinuer depuis sa prise de fonction. Depuis son arrive place Beauvau, la police est encore plus autoritaire, plus intrusive, plus discourtoise, plus arbitraire que par le passé.
Nous ne citerons même pas le cas des LBD utilisés massivement durant les manifestations de Gilets Jaunes contre des manifestants ciblés pour des raisons politiques. Il suffit de lire la presse locale pour voir fleurir les cas de citoyens tranquilles agressés sans raison avec une rare violence par des policiers dont le sentiment d’impunité laisse perplexe. On citera simplement le cas de Didier Desmet, retraité, méchamment passé à tabac à Lille l’an dernier, cité par France Bleu. Un exemple frappant parmi d’autres.
C’est incontestablement cette peur-là qui grossit le flot des manifestants contre la violence policière. Mais il est tellement plus facile de réduire le phénomène à une réaction ethnique…
Cette réduction évite à Macron de demander des comptes à son ami Castaner, qui connaît si bien les petits secrets de sa campagne électorale.
Avec son épouse, il était en train de quitter les lieux du rassemblement, près du stade Bollaert. Il raconte : "on rejoignait notre voiture, j'étais sur un terre-plein, entre la police et les manifestants. Ils m'ont attrapé par derrière, je ne les ai pas vus arriver". Sous le choc, il affirme perdu connaissance quelques minutes, avant d’être menotté. "Je leur ai dit de faire attention à ma jambe, j'ai une prothèse du genou", explique-t-il, "et là, ils ont tapé dans mon genou, marché sur ma jambe. J'ai pris des coups de matraque. J'étais au sol". Cet ancien chef cuisinier a ensuite passé trois heures en garde à vue, avant de se rendre dans le service de médecine légale du CHU de Lille. Bilan : traumatisme crânien, œdème au genou, et trois semaines d’incapacité totale de travail (ITT). "Je n'ai pas pu marcher pendant deux mois. Je dois repasser sur le billard", se désole Didier Desmet.
Didier Desmet, cité par France Bleu Tweet
L’État partial au service de Macron
Reste que, dans cette grande peur de la banlieue, qui est un peu notre savane à nous, pleine de bêtes sauvages et de grands prédateurs, Macron a manifestement demandé à sa ministre de la Justice d’agir sans vergogne. On attend avec impatience le moment où le procureur de Paris sera sommé de mettre les gendarmes impliqués dans l’affaire en examen.
La boucle sera bouclée ce jour-là. On s’étonne d’ailleurs que Macron prenne encore tant de gants avec l’apparente impartialité de la justice, si l’on se souvient des conditions de nomination du procureur de Paris. Choisi personnellement par le Président l’an dernier, contre l’avis des instances de la magistrature, Rémy Heitz est un personnage qui doit tout au président de la République. Il ne devrait donc pas tarder à céder à la pression politique en sacrifiant les deux gendarmes, embarqués dans cette tourmente, sur l’autel du Vivre Ensemble, du multiculturalisme et de la culpabilité éternelle de la France pour tous ses crimes coloniaux.
Car c’est bien connu, en banlieue, les coupables sont les policiers qui se font caillasser quand ils essaient d’intervenir, et les victimes sont les vendeurs de drogue et les voleurs de scooters…
Une fois de plus, nous devrions donc assister à un superbe flash totalitaire, où les institutions publiques vont piétiner – au nom du Bien, évidemment – l’État de droit. Il faut, de façon tout à fait partiale, nous faire avaler les bienfaits du multiculturalisme comme on fait avaler sa bouillie à l’oie avant Noël.
Macron humilié par la famille Traore
Comme cet abaissement de culotte au milieu de la cour de recréation ne suffisait pas, Macron s’est offert une humiliation supplémentaire. La famille Traoré vient de refuser l’entrevue que Nicole Belloubet lui proposait, en invoquant la séparation des pouvoirs. Voilà donc un petit rappel des règles démocratiques infligé à la ministre de la Justice par une famille dont plusieurs membres pourraient remplir un 30 tonnes avec leur casier judiciaire.
On comprend bien quel délire masochiste conduit Emmanuel Macron à tendre le bâton pour se faire battre par les Traoré. Mais entraîner la République dans ce délire, tout de même. Où va-t-on ? De qui se moque l’enfant de l’Élysée ? Il est en train de tourner les Français en ridicule.
“(…)où les institutions publiques vont piétiner – au nom du Bien, évidemment – l’État de droit.(…)”.
Je rappelle que Maître Macron a réfuté les ”violences policières” au motif que ces mots là n’étaient pas acceptables dans un ”État de DROIT”. Point à la ligne! À l’époque.