Masque obligatoire : protection sanitaire ou contrôle social ?

Masque obligatoire : protection sanitaire ou contrôle social ?


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Rendre le masque obligatoire partout ou presque, telle est l’obsession gouvernementale du moment, alors même que le nombre de décès et de personnes en réanimation atteint des profondeurs inégalées depuis le mois de février. Parmi ceux qui dénoncent une mesure liberticide (ce qui n’est pas sans fondement), on trouve énormément d’ennemis déclarés du « néo-libéralisme », partisans d’étatisations à tout-va. Or, faut-il rappeler que la « protection » dont l’Etat à la charge, et qu’il  met en avant pour justifier l’obligation du masque, est le visage avouable d’une fonction de contrôle qui est par nature liberticide ?

Le masque obligatoire comme solution radicale pour protéger les Français contre le virus, et des policiers partout dans les rues pour faire respecter l’obligation : cette décision est en préparation avec un zèle rare. Elle fait hurler tous ceux qui pointent du doigt l’effondrement du nombre de malades en réanimation. Le gouvernement maintient-il artificiellement le pays dans un climat de peur pour justifier un état d’urgence, une mise sous tension émotionnelle, qui lui permet de contrôler le pays ? ou bien se préoccupe-t-il de la santé des Français sans arrière-pensée.

Beaucoup penchent pour la première solution. Mais parmi eux, on trouve un grand nombre de gens qui sont aussi les premiers à presser l’Etat de nous « protéger » contre tout, y compris contre les libertés en tous genres que l’horrible capitalisme néo-libéral nous permet d’ordinaire.

Masque obligatoire partout, sécurité nulle part

Le masque obligatoire est l’idée à la mode dans les allées du pouvoir, et beaucoup soupçonnent le gouvernement d’instrumentaliser le COVID pour imposer une discrète reprise en main de la majorité silencieuse, un peu trop agitée ces derniers mois par les fièvres politiques contestataires. Ce procès d’intention n’est pas complètement sans fondement.

En effet, l’épidémie de coronavirus n’a jamais été aussi peu agressive, même si le gouvernement met en avant le nombre de contaminations qui exploserait… Bien entendu, le gouvernement évite de communiquer clairement le nombre de tests réalisés, comparé à ce qu’il était en mars ou en avril. Les simples citoyens risqueraient de se souvenir douloureusement de l’incurie de leurs élus, qui les ont privés des tests pour dépister l’étendue des dégâts au printemps.

Reste que le gouvernement, contre tout bon sens, et après avoir passé le printemps à expliquer qu’il ne servait à rien d’imposer le port du masque, choisit le moment où le virus ne tue plus ou presque pour imposer une doctrine contraire à toute la population. Portez le masque et tout ira bien mieux ! Reconnaissons que c’est au minimum absurde, et que cette inconséquence interroge sur les visées profondes de l’équipe au pouvoir.

Le questionnement est d’autant plus légitime que le gouvernement tente de faire croire qu’il serait possible de maîtriser complètement le risque de contamination. Mais sauf à vivre dans un scaphandre étanche du matin au soir, on voit mal comment les humains pourraient se prémunir définitivement contre les épidémies : par nature, la vie est productrice d’insécurité sanitaire…                                             !function(e,i,n,s){var t="InfogramEmbeds",d=e.getElementsByTagName("script")[0];if(window[t]&&window[t].initialized)window[t].process&&window[t].process();else if(!e.getElementById(n)){var o=e.createElement("script");o.async=1,o.id=n,o.src="https://e.infogram.com/js/dist/embed-loader-min.js",d.parentNode.insertBefore(o,d)}}(document,0,"infogram-async");

Les décès à l’hôpital par Covid-19
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L’obsession de la précaution et de la protection comme mode de gouvernance

A la décharge de Jean Castex, on ajoutera que cette obsession de la précaution qui pousse à déployer des policiers et des gendarmes partout dans les rues pour vérifier que chacun porte bien son masque, n’est pas complètement née de nulle part. Il est vrai que certaines fractions de la société attendent de l’Etat qu’il nous « protège » et qu’il prenne les mesures adaptées pour combattre la propagation du virus. Si Castex ne faisait pas ses diligences et se trouvait dans l’obligation prochaine de « reconfiner », il ne manquerait pas d’esprits bavards et virulents pour lui reprocher son « néo-libéralisme » et son manque de précaution.

C’est le paradoxe de certains ennemis du libéralisme (et on en compte un paquet dans l’univers souverainiste) que de dénoncer le manque de service public, l’incurie de l’Etat, la marchandisation à outrance, pour, en même temps, comme dirait Macron, regretter que l’Etat étouffe nos libertés et n’impose une psychose collective pour maintenir l’ordre.

Protéger, c’est-à-dire gouverner par la peur

Avec une pointe de sarcasme, nous n’hésiterons donc pas à rappeler à nos amis défenseurs du service public, de la protection sociale monopolistique d’Etat et des autres protections en tous genres, que le principe même de la protection du citoyen par l’Etat repose sur le gouvernement de la peur. Les humains forment une société pour se protéger contre les malheurs naturels, et ils donnent à l’Etat le droit de procéder à des violences pour les protéger contre les menaces.

Penser qu’il faut étendre le champ de l’Etat pour mieux protéger les citoyens contre les différents risques de la vie procède fondamentalement de la peur : peur d’être détroussé par des voyous, peur de tomber malade, peur de mourir pauvre, peur de ne pas pouvoir envoyer ses enfants à l’école. Toutes ces peurs forgent l’anthologie de la protection par l’Etat, et l’antienne des raisons pour lesquelles il vaut mieux brimer et brider les libertés que l’inverse. La France est la patrie des chiens et non des loups…

« Hier, le premier ministre a annoncé que nous allions renforcer l’obligation sur le port du masque en étendant les zones où il est obligatoire, et en organisant des contrôles avec les forces de police et de gendarmerie pour vérifier que le port du masque est bien respecté ».   

Gabriel Attal

L’Etat contrôle la société pour la protéger

Il y a donc une vraie incongruité à demander d’une main à l’Etat de s’emparer de tout à la place du marché libre, et à regretter de l’autre les contrôles qu’il instaure à tous les étages pour vérifier l’application de cette diarrhée normative qu’il produit chaque jour. Car la nature même de l’Etat est de réglementer pour protéger. C’est sa mission fondamentale. Et plus on demande de protection, plus on demande d’Etat, et plus on obtient de règles, et plus on obtient de contrôles liberticides.

Il est donc assez amusant de lire, sous la plume de tous ceux qui, il y a quelques mois, regrettaient massivement le recul des services publics dans ce pays (recul totalement imaginaire, mais quand on a peur, on n’a jamais assez de protection) des râleries interminables sur le contrôle grandissant des citoyens par l’Etat. Comme si l’appel à combattre le « néo-libéralisme » n’avait pas préparé méthodiquement la mise des citoyens sous contrôle…

Protéger et asservir

On ne le dira jamais assez, ceux qui pensent qu’il faut « protéger » toujours plus les citoyens, et qu’il faut confier à l’Etat cette mission, acceptent l’idée qu’il faut toujours plus les asservir et faire reculer les libertés. Car la nature bifide de l’Etat est d’asservir pour protéger.

Il existe aujourd’hui deux interprétations de la politique gouvernementale.

La première consiste à prêter à Jean Castex l’intention sincère d’éviter un nouveau confinement, et donc de mettre les Français sous tension à leur expliquant que la liberté passe après la protection contre la maladie. Une deuxième interprétation consiste à prêter au gouvernement l’intention cynique de reprendre le contrôle du pays à l’approche d’une rentrée sociale dangereuse en utilisant le prétexte du virus pour resserrer les rangs.

Sur le fond, les deux interprétations ne sont pas exclusives l’une de l’autre. Dans tous les cas, il faut retenir de cette affaire que la protection charrie avec elle son flot de mesures autoritaires qui puent la dictature. C’est le prix à payer pour une société où le marché se réduit comme peau de chagrin, et où l’Etat s’impose à toutes les fonctions vitales de notre vie quotidienne.

Il n’y a pas d’expansion du service public sans recul des libertés.


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