Le salaire moyen par tête (SMPT) est un indicateur économique injustement méconnu par la presse économique, car il est probablement le meilleur indicateur de l’état réel du pays. Et l’examen de son évolution depuis le confinement donne froid dans le dos. Même en 2009 (et de très loin!) on n’avait pas connu un tel désastre. En un an, le salaire moyen est passé de 2.650 €à 2.275€, soit une baisse d’environ 15%. Attention aux dégâts sociaux.
Un carnage social imminent en France ? Le salaire moyen par tête dont nous reproduisons ici l’évolution depuis 1999, illustre parfaitement son imminence. Ce graphique fournit par l’Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale (ACOSS), qui chapeaute les URSSAF, a de quoi donner des sueurs froides aux pouvoirs publics.
Le salaire moyen par tête, mais c’est quoi ?
Le salaire moyen par tête est fondamental pour la sécurité sociale : il est la “base” de calcul des cotisations à venir de notre usine à gaz nationale de protection sociale. Il est calculé de façon assez simple : on prend tous les salaires soumis à cotisation, et on divise cette somme (de, bon an mal an, 600 milliards €) par le nombre de cotisants. Il exclut donc les bénéficiaires du chômage partiel, qui perçoivent une indemnité non soumise à cotisations, et non un salaire.
C’est l’explosion du chômage partiel durant le confinement qui explique l’effondrement du salaire moyen par tête en France.
Le graphique ci-dessus illustre le double effondrement qui affecte le salaire moyen par tête : un effondrement en “GA”, c’est-à-dire en glissement annuel (autrement dit, on compare le deuxième trimestre de 2020 au deuxième trimestre de 2019), et un effondrement en “GT”, c’est-à-dire en glissement trimestriel (on compare le deuxième trimestre 2020 au premier trimestre…). Dans les deux cas, la chute est vertigineuse et dépasse les 12%.
C'est l'explosion du chômage partiel durant le confinement qui explique l'effondrement du salaire moyen par tête en France.
Eric Verhaeghe Tweet
Pourquoi est-ce inquiétant ?
Cette effondrement pose un problème majeur, dans la mesure où il annonce une tornade sociale éprouvante, dans des proportions qu’on peine à imaginer aujourd’hui. Comme le montre le graphique, même en 2009 la France n’avait pas connu un pareil phénomène. La masse salariale avait failli baisser, mais elle avait simplement stagné. Avec la crise qui vient, la situation est infiniment plus grave : elle montre que l’ensemble du système fondé par référence au salaire est désormais menacé.
Au fond, la principale victime du coronavirus sera probablement le salariat et sa protection, même si l’État s’est furieusement endetté pour le cacher.
On remarquera toutefois que l’affaire n’est pas perdue pour tout le monde. Les fonctionnaires sont à peine affectés par ce mouvement (graphique ci-dessous).
Pourriez vous donner vos sources Sur la valeur du SMTP car l’INSEE ne l’a pas publié
Merci
Très bon dossier merci. C’est pour des papiers comme celui ci que je suis abonné au Courrier.