Ingénieur, consultant indépendant, auteur d'un article consacré au Great Reset sur l'European Scientist.
Michel de Rougemont s’est intéressé à un sujet qui nous occupe désormais : le Great Reset prôné par Klaus Schwab, fondateur du Forum de Davos, et par le Forum de Davos lui-même. C’est pourquoi j’ai fait le choix de l’interroger sur la question. L’avis d’un flegmatique ingénieur suisse est forcément intéressant, surtout lorsqu’il s’agit de disserter sur les projets portés par la Suisse elle-même.
Je recommande à chacun de regarder attentivement cette interview très équilibrée, qui permet d’ouvrir de nombreuses questions et de laisser à chacun la liberté d’y répondre en se forgeant sa propre opinion.
D’ici là, nous noterons tout de même un paradoxe. Pendant des décennies, le capitalisme de Davos a professé la religion de la production et du profit. Il s’intéresse désormais à la décroissance et préconise à une conversion à la frugalité écologique. Les raisons de ce revirement restent à élucider. Nous nous y emploierons au fil de l’eau, pour éclairer les évolutions de notre société.
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Fondateur du Courrier des Stratèges. Ancien élève de l'ENA, ancien administrateur de la sécurité sociale. Entrepreneur.
© 2023 Le Courrier des Stratèges
Bonjour,
Merci d’avoir le courage d’aborder ici le sujet central du Great Reset, qui n’est en rien un thème complotiste puisque bien officiellement à l’ordre du jour de Davos, mais tabou et donc sur lequel on peut difficilement s’exprimer.
Tout d’abord, il me semble qu’il y a déjà une assez longue généalogie à la récupération par le grand capitalisme (finance et sociétés multinationales) du thème de l’écologie (cf https://lesakerfrancophone.fr/capitalisme-et-ecologie) qui remonte aux années 70, avec en effet une très forte accélération actuellement.
En ce qui concerne l’apparente contraction qui existe, selon votre invité, entre la liberté économique présumée de Davos à ses débuts et son virage écologiste actuel, il faut remarquer que le contexte géopolitique, monétaire et économique du monde a complètement changé entre les années 1970 et maintenant : à l’époque, les USA étaient les leaders non contestés du monde libre, leur monnaie était parfaitement hégémonique et indétronable et leur économie, supérieure à toutes les autres. Aujourd’hui, la Chine, la Russie et les BRICS contestent l’hégémonie du dollar et les USA ont dans de nombreux domaines perdus leur domination. A un modèle d’économie libérale portée par les USA succède un modèle hybride susceptible de réunir les puissances en présence, beaucoup moins “libérales”. “Nos élites” semblent considérer que le modèle chinois, fait de capitalisme et de socialisme, s’avère finalement supérieur. L’écologie est le nouveau visage sexy d’un monde nouveau socialisme, qui laisssera une place à l’économie libre (surtout celle des multinationales) mais augmentera le contrôle étatique (comme nous le voyons en ce moment en Occident avec la montée en puissance d’une société de la surveillance généralisée).
En ce qui concerne l’apparente contradiction que vous soulevez, Monsieur Verhaeghe, entre productivisme et écologisme, je pense qu’elle ne s’explique pas par l’urgence climatique (l’obsession de l’écologie pour le CO2 est le résultat des actions de “récupération” de la fondation Rockfeller dès la fin des années 80) mais par le fait que la croissance des économies occidentales s’est faite depuis les années 70 par une constante augmentation de la dette publique, remboursable qu’avec de la croissance économique future, croissance économique qui n’a cessé de diminuer chaque décennie, car croissance économique intimement liée depuis 150 ans à la production pétrolière, or production pétrolière vouée à diminuer compte tenu que – même après une rallonge obtenue par l’exploitation du pétrole de schiste aux USA – le pic pétrolier a sans doute été dépassé en 2018. De ce fait, il me semble que la crise de 2008 contenue sans cesse par l’impression monétaire et l’endettement croissant des Etats ne fait plus illusion auprès des décideurs mondiaux qui savent que notre croissance future ne paira jamais les dettes contractées. Dans un monde voué à une forme de décroissance (en tout cas, celle liée au pétrole), nos élites mondiales ont préféré entamer un processus d’effondrement contrôlé (appelé aussi crise de la Covid 19 ou hystérisation d’une maladie somme toute assez banale) en espérant faire accepter aux peuples leur appauvrissement (le bâton est la société policière qui s’installe, la carotte, l’utopie écologiste de vivre frugalement mais en harmonie avec notre environnement). Nos élites de Davos ont décidé de sacrifier l’économie qui consomme du pétrole (les voyages en avion, les déplacements en voiture pour les loisirs ou les amis, les trajets journaliers vers le travail ou l’Université, etc) pour favoriser celle qui n’en consomme pas (l’économie sans contact des GAFAM, de la Tech, des entreprises vertes, etc). Bien entendu, comme dans tout système socialiste, ceux qui le tiennent auront droit à certains privilèges (parcourir en jet privé un monde moins pollué et vidé d’une partie de ses touristes, etc)…
Merci pour votre analyse. Je me permets de souligner qu’il s’agit d’un écologisme sélectif : les seules questions qui intéressent, ce sont le changement climatique, car il permet d’imposer l’austérité au plus grand nombre tout en poussant la “finance verte”, et la biodiversité, car elle permet de se réserver de vastes espaces naturels en en chassant les habitants au besoin. Le tout en se drapant de vertu. C’est juste parfait.
On peut trouver une traduction en français d’un article très fouillé sur la question ici: http://www.entelekheia.fr/2019/07/31/la-fabrication-de-greta-thunberg-acte-vi-crescendo-une-decennie-de-manipulation-sociale-pour-la-captation-de-la-nature-par-les-entreprises/
Je me permets de souligner qu’il s’agit d’un écologisme sélectif : les seules questions qui intéressent, ce sont le changement climatique, car il permet d’imposer l’austérité au plus grand nombre tout en poussant la “finance verte”, et la biodiversité, car elle permet de se réserver de vastes espaces naturels en en chassant les habitants au besoin. Le tout en se drapant de vertu. C’est juste parfait.
On peut trouver une traduction en français d’un article très fouillé sur la question ici: http://www.entelekheia.fr/2019/07/31/la-fabrication-de-greta-thunberg-acte-vi-crescendo-une-decennie-de-manipulation-sociale-pour-la-captation-de-la-nature-par-les-entreprises/
Toutes mes excuses pour ce doublon involontaire 🙁
Je pense qu’il y a deux possibilités :
1- le covid est une merveilleuse opportunité pour lancer une création destructrice mais « contrôlée » par l’Etat et les grandes compagnies. En ruinant les entrepreneurs et en créant massif du chômage on crée une masse de gens soumis à l’Etat via un revenu universel.
2- ce grand reset mettant en avant les problématiques environnementales permet de créer un avantage compétitif face à la Chine et certains pays émergents.
Merci de ce lien très fourni ! Oui, c’est bien ça qui intrigue notamment, cette focalisation volontaire du sujet écologique sur seulement quelques points précis, et pas d’autres…
C’est ce qui suggère une instrumentalisation.
Les causes me semblent assez nettes.
Nos sociétés endormies se sont laissées envahir par la gauche et elle y est arrivée silencieusement par l’augmentation sans précédent des bureaucraties (50% de l’emploi même en Suisse) au nom du “bien”, et d’un “petit” problème à résoudre ici ou d’une pauvre à sauver là.
Ce sont des bourgeois salariés d’état complètement déconnectés du marché libre et des réalités qui infestent toutes nos institutions, des médias à la justice.
Ces gens qui sont gauchistes et étatistes par nature, croient sincèrement qu’ils peuvent “aménager” le monde et les humains comme leur petit environnement artificiel : par la loi, la fiscalité ou la subvention.
Comme toujours avec l’étatisme, ils se sont alliés avec certains bourgeois de “droite”, tout content d’être arrosés de mannes publiques et de ne plus avoir à lutter dans un marché concurrentiel ainsi que toute sorte de mafieux plus ou moins sincères.
Les autres sont partis ou sont allé grossir les rangs des assistés pour les Koulak.
.
Ça s’est croisé avec un catastrophisme pseudo-scientifique directement dirigé contre le libre marché (Club de Rome) et le divorce est maintenant total entre ces “oligarchies” gaucho-étatistes qui vivent sur une autre planète et les peuples des “arbres” comme dirait Charles Gave.