Nouveau tassement de l’épidémie malgré l’alarmisme ambiant

Nouveau tassement de l’épidémie malgré l’alarmisme ambiant


Partager cet article

La présentation du plan de relance par Bruno Le Maire était prévue cette semaine. Finalement, Emmanuel Macron et Jean Castex ont décidé de la reporter d’une semaine. Le Premier Ministre ne veut pas que la « pédagogie » sur le coronavirus ne soit éclipsée par les annonces sur la relance. Le signal clair : la peur de la maladie passe avant le sauvetage économique du pays.

Le gouvernement reporte donc d’une semaine la présentation de son plan de relance. Officiellement, il s’agit de ne pas télescoper les explications auxquelles les Français vont avoir droit pour limiter la contagion et éviter un nouveau confinement. La séquence du plan de relance a droit à une explication en soi, loin de l’actualité sanitaire. Donc on repousse les explications sur la relance. Elle attendra. La maladie avant tout.

Le symbole est terrible.

Le gouvernement par la peur

Jamais pourtant le coronavirus n’a aussi peu tué en France. La lecture des chiffres montre bien qu’il est devenu une phénomène anecdotique pour la santé publique. Et malgré une forte augmentation du nombre de contaminations, sa létalité reste confidentielle.

Cette évolution n’a pas empêché le gouvernement de « tenir le pays » durant tout l’été avec lui. La propagation du virus a permis, d’heure en heure, d’annoncer de nouvelles mesures toujours plus coercitives, jusqu’au port du masque obligatoire dans les entreprises à la rentrée, en ajoutant des zones géographiques toujours plus larges pour cette obligation.

Parallèlement, les médias mainstream, et tout particulièrement les chaînes d’information en continu, n’ont pas tari de reportages et de débats permanents sur le sujet. Tout s’est construit pour que les Français vivent dans la psychose du virus et dans la conviction que leur santé était à nouveau gravement menacée par cet ennemi invisible.

On ne pouvait imaginer meilleur gouvernement par la peur.

“Alors qu’entrera en vigueur dans 10 jours l’obligation du port du masque en entreprise et pour les élèves des collèges et lycées, le gouvernement est pleinement mobilisé pour préparer cette échéance sanitaire”   

Gabriel Attal

Silence sur la catastrophe économique

Pourtant, si les Français doivent avoir peur de quelque chose aujourd’hui, c’est plutôt de la crise économique dont les résultats semestriels des entreprises ont commencé à montrer l’ampleur. Les fleurons du capitalisme français vacillent, et le PIB se contractera cette année de plus de 10%. Voilà qui donne une bonne image des malheurs qui arrivent. Ils ne porteront pas le nom d’un virus méconnu, mais des noms beaucoup plus familiers à l’oreille des Français : chômage, plans sociaux, licenciements massifs, fins de droit.

Sur tous ces points, le gouvernement reste beaucoup plus discret. On attendrait de lui qu’il lance un appel à la mobilisation générale et à la prise de conscience collective. Il préfère envoyer le message d’un report du plan de relance, comme s’il n’y avait pas d’urgence, comme si le sursaut économique pouvait attendre.

Cette passivité lui sera un jour reprochée, tant elle est coupable. Il faudrait, avec le pays, discuter des priorités économiques. On préfère disserter interminablement sur les vertus de tel ou tel masque.

L’incompétence au pouvoir coûtera cher

Il faut dire que le gouvernement ne se contente pas d’enjoliver discrètement la situation. Il va jusqu’à réécrire l’histoire en faisant croire qu’au fond, la récession est un accident imprévisible survenu dans une mer d’huile. C’est le sens des interventions d’une Agnès Pannier-Runacher, la sous-ministre de l’économie qui répète à l’envi que la crise en cours est une chance pour l’économie française. Selon elle, la situation économique était excellente avant le confinement.

Ce genre d’affirmation illustre la profonde incompétence des soutiens qu’Emmanuel Macron a promus dans son équipe. Car avant même le confinement, le déficit public état incontrôlable, et la croissance était largement en panne.

Sur la base de tant d’erreurs de diagnostic, on voit mal comment pourrait se bâtir une relance durable. Si tant est qu’une relance par l’Etat soit possible.

Le renoncement définitif des élites à la raison

Cette séquence d’un plan de relance (déjà tardif, en soi) reporté pour cause de « pédagogie » sur le coronavirus est la meilleure preuve donnée du biais qui structure désormais nos élites : l’abandon de toute pensée économique à long terme, et le repli assumé sur les peurs et sur les solutions émotionnelles. Alors qu’Emmanuel Macron a essentiellement fondé son élection sur la dénonciation du « populisme » et sur le repli frileux que le souverainisme appelait de ses voeux, alors qu’il s’est présenté comme le chantre de la raison face à l’obscurantisme des nationalistes, il donne désormais l’image d’un président qui ne parie et ne capitalise que sur les peurs des Français. Partout, on parle de maladie, de virus, de contamination, qui permettent de « domestiquer » les Français.

En revanche, l’appel à la mobilisation autour d’un plan de relance n’intéresse personne. Il est vrai que cet appel supposerait de dire la vérité et de parier sur le sens des responsabilités économiques dans la population. Il faudrait, pour cela, sortir du mépris de classe selon lequel les Français sont des Gaulois réfractaires, bornés et peu éduqués. Il faudrait les associer au pouvoir. Et ça… c’est un partage que les élites n’aiment pas.

Vers un carnage social

En attendant, on compte les pertes : 7 milliards pour Renault, 2 milliards pour Air France, la même chose pour Airbus. La catastrophe économique est sans appel. Selon toute vraisemblance, les amortisseurs sociaux nécessaires pour éviter les mouvements de panique dans la population, voire les mouvements de révolte, vont coûter très cher.

On regrettera que, obnubilé par sa réélection, Emmanuel Macron privilégie un populisme bobo fondé sur le recours massif à la planche à billets, en lieu et place d’une véritable relance de l’économie qui serait salvatrice pour le pays.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Robotaxis : la Chine dépasse déjà la Silicon Valley

Robotaxis : la Chine dépasse déjà la Silicon Valley

Baidu, le “Google chinois”, propulse ses robotaxis Apollo Go à 250 000 courses par semaine, égalant son rival américain Waymo, la filiale d’Alphabet. La bataille pour la mobilité autonome s’accélère, tandis que les États-Unis avancent prudemment, la Chine accélère son déploiement, sans syndicats, ni régulations paralysantes. Selon un article de CNBC, le service de robotaxis de Google, baptisé Waymo, vient d’être détrôné par son concurrent chinois. Appolo Go du groupe Baidu a réalisé plus de 250


Rédaction

Rédaction

Réformer l’État, pas les Français: l’IA, une arme de libération contre la bureaucratie, par Eric Lemaire

Réformer l’État, pas les Français: l’IA, une arme de libération contre la bureaucratie, par Eric Lemaire

Pendant vingt ans, la France a regardé passer la révolution numérique comme on observe un train depuis le quai. Nous étions parmi les pionniers du digital public — 4ᵉ au monde au début des années 2000 selon l’ONU — et nous voici aujourd’hui relégués autour de la 35ᵉ place. Ce décrochage n’est pas seulement une question de classement : il coûte des milliards d’euros à la collectivité, ralentit les services publics, et mine la confiance des citoyens dans l’efficacité de l’État. L’intelligence art


Rédaction

Rédaction

L’Ukraine, nouveau marchand d’armes: l'Europe finance, Kiev encaisse

L’Ukraine, nouveau marchand d’armes: l'Europe finance, Kiev encaisse

Alors que Kiev se met à exporter ses armes « testées sur le champ de bataille », les Européens continuent de payer la facture américaine. L’Ukraine transforme la guerre en marché. L’Europe, elle, reste simple client. Depuis le début de la Guerre avec la Russie en 2022, l’Ukraine a interdit les ventes d’armes à l’étranger afin de renforcer sa défense. Mais au cours de ces trois dernières années, la production d’armements, notamment de drones navals, a connu un essor considérable dans le pays. Su


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Trêve hivernale: la France continue de protéger les squatteurs, pas les propriétaires
Photo by Salah Ait Mokhtar / Unsplash

Trêve hivernale: la France continue de protéger les squatteurs, pas les propriétaires

En Ariège, un couple attend depuis vingt ans afin de récupérer sa propre maison, occupée illégalement. Malgré une décision de justice favorable, l’expulsion est encore suspendue par la sacro-sainte trêve hivernale. Une nouvelle illustration d’un pays qui méprise ses propriétaires. Vingt ans. C’est le temps qu’il aura fallu à un couple d’Ariégeois pour obtenir gain de cause dans une affaire ubuesque : celle d’un artisan, ancien employé, qui s’est installé illégalement dans leur maison. Condamné


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany