Scoop: LR déménage son QG pour s’installer….impasse Macron !

Scoop: LR déménage son QG pour s’installer….impasse Macron !
Impasse Emmanuel Macron

Soutenir d'emblée le président sortant Emmanuel Macron candidat à sa réélection? Cette option est est de plus en plus discutée chez LR. En tout cas parmi les ténors du parti. Elle ne fait pas l'unanimité mais elle révèle l'impasse dans laquelle se trouve Les Républicains. Nicolas Sarkozy ne peut pas se représenter. Aucun candidat alternatif ne semble émerger capable de se qualifier pour le second tour. Et surtout, le parti, malgré l'actualité, a peur de s'affirmer de droite !

La droite LR est en train de s’installer dans une impasse qui porte le nom d’ « Emmanuel Macron ». Depuis la condamnation en premier instance de Nicolas Sarkozy, la droite LR se retrouve sans leader capable d’accéder au second tour – du moins dans l’état actuel des sondages. Alors les conversations vont bon train sur une hypothèse: soutenir Emmanuel Macron à l’élection présidentielle? Séduisante sur le papier, quand l’ancien président ou plusieurs ténors du parti l’évoquent, elle met cependant mal à l’aise plusieurs élus locaux (tels Jean-François Copé, maire de Meaux, Christian Estrosi maire de Nice ou Karl Olive qui a accueilli Emmanuel Macron hier à Poissy)qui ne voient aucune incompatibilité idéologique  – curieusement – mais ont le sentiment d’être pris au piège. Ils ne savent pas comment se sortir, à un an de la présidentielle, d’une situation qui menace l’existence même du parti.  En fait, quand on essaie de comprendre les raisons qui ont conduit la droite dans l’Impasse Macron, on identifie trois facteurs: l’incapacité à faire l’inventaire du sarkozysme; la coupure de l’électorat populaire; l’abandon de thèmes que la droite défendait dans l’espace public il y a encore quelques décennies.

L'incapacité à sortir de l'ère Sarkozy

La droite n’arrive pas à se libérer de l’influence de Nicolas Sarkozy. En 2007, ce dernier avait été brillamment élu sur un programme authentiquement de droite. LR n’a pas à rougir du bilan de l’ancien président. La réforme de l’université et l’investissement résolu dans la recherche, la réduction du nombre de fonctionnaires de l’administration centrale, l’engagement résolu pour sortir le monde de la crise économique et financière sont quelques-unes des réussites les plus marquantes d’un quinquennat  que les deux successeurs de Nicolas Sarkozy font regretter. Cependant le président sortant ne fut pas réélu en 2012.  Il paya pour n’avoir pas réaliser le programme de contrôle de l’immigration qui lui avaient amené 2 millions de voix du Front National en 2007, reparties en 2012 vers Marine Le Pen.

Depuis 2012, Nicolas Sarkozy reste, malgré sa défaite, la figure tutélaire de son camp. Or, curieusement, non seulement lui-même mais l’ensemble du camp LR n’a jamais voulu regarder en face les raisons de la défaite de 2012. Le refus d’avoir assumé le programme annoncé de limitation de l’immigration.

La primaire de 2017 s’est jouée au centre-droit et Nicolas Sarkozy laissa tomber, quand il fut attaqué par les médias et la justice, François Fillon, le vainqueur de la primaire, que les adhérents et sympathisants LR avaient sélectionné parce qu’il était le plus à droite de tous les candidats.

Après le fiasco de l’élection présidentielle, où le candidat LR manqua la qualification pour le second tour, on ne procéda toujours pas à l’inventaire du sarkozysme. Ou plutôt on a suivi Nicolas Sarkozy dans sa tentation macronienne. Au lieu de renouer avec la France qui travaille et entreprend malgré les entraves étatiques, à l’occasion de la crise des Gilets Jaunes,  Nicolas Sarkozy se livre depuis lors à un jeu du « Je t’aime. Moi non plus » avec Emmanuel Macron.  Et il est aujourd’hui partie prenante de la tentation Macron des LR, se demandant comment il pourrait monnayer son soutien à un président qui aura du mal à être réélu.

Une droite LR coupée de l'électorat populaire

Quand on se demande pourquoi aucun candidat n’arrive à émerger véritablement – même pas Xavier Bertrand – de la dizaine de noms habituellement cités pour incarner les couleurs de « la droite » à l’élection présidentielle, on identifie rapidement un facteur: depuis les années 1980, la droite gaulliste et giscardienne s’est toujours plus coupée de l’électorat populaire. Dans l’opposition entre la France périphérique et la France des métropoles, popularisée par Christophe Guilly, la droite LR, issue du RPR et de l’UDF, a toujours plus restreint son terrain électoral à la « France d’en haut », aux 35 à 40% de l’électorat qui sont les gagnants de la mondialisation, ceux qui ont voté oui à Maastricht en 1992 ou au Traité Constitutionnel européen en 2005; cet électorat qu’Emmanuel Macron a su séduire en 2017. La campagne aux accents populistes de Nicolas Sarkozy en 2007 avait représenté une tentative sans lendemain pour reconquérir un électorat populaire. Au fond, la réussite d’Emmanuel Macron en 2017, c’est d’avoir rassemblé suffisamment de cette France d’en haut au premier tout pour pouvoir, ensuite la rallier quasi-complètement à lui. Ce que Valérie Pécresse ou Xavier Bertrand ont en tête, c’est de reprendre le plus possible d’électeurs à un Emmanuel Macron qui a lassé une partie de ses soutiens.  Bruno Retailleau, après  François-Xavier Bellamy aux élections européenne, entend séduire la franche la plus conservatrice sociétalement de cet électorat mais cela le mènera difficilement au-delà de 10%; et pendant toute la crise des Gilets Jaunes, il lisait tout ce qui se passait avec les lunettes d’un « parti de l’ordre » qui au fond s’est reconnu dans Emmanuel Macron.

Actuellement, lorsqu’on regarde comment les candidats à la candidature préparent leurs programmes, on ne voit – sauf chez David Lisnard, qui sait parler à la France des entrepreneurs  – quasiment rien d’autre que des préoccupations liées à la France des métropoles. Xavier Bertrand n’en finit pas de vouloir affirmer son incompatibilité avec le Rassemblement National. Mais quand il affirme qu’il est le meilleur candidat de second tour, ce que confirme un sondage récent. Mais, crédité de 15% au premier tour dans les enquêtes d’opinion, il ne mort pas pour l’instant sur un électorat populaire qui seul peut lui permettre de se qualifier.

LR a déserté les thèmes traditionnels de la droite

On souligne souvent, et à juste titre, que la droite a déserté les thèmes d’une France patriote qui vote Marine Le Pen, à commencer par l’immigration et la sécurité. Mais à eux seuls ces sujets ne suffisent pas pour constituer un programme de la droite. Pas plus que la focalisation sur une ligne conservatrice, comme Laurent Wauquiez l’avait souhaité pour les élections européennes de 2019.  En se ralliant toujours plus fortement, comme elle le fait, à Emmanuel Macron, la droite se met un peu plus dans cette « dans une dépendance au social-étatisme lourde de conséquences, la droite perdant peu à peu ses liens vitaux avec la société civile« , pour citer une excellente analyse de Dominique Reynié, qui ajoute: « La nostalgie du pompidolisme fonctionne comme une évocation de cette époque où la droite était au rythme de la société, en empathie avec les forces créatrices, économiques, culturelles et scientifiques« . Aujourd’hui, la droite n’entend plus la France des entrepreneurs écrasés de charges; elle dont la force est dans les mandats locaux ne se bat plus pour des avancées de décentralisations ni pour la démocratie locale. Elle n’a pas saisi la chance que représente le développement d’un enseignement supérieur privé dans les métiers de la 3è révolution industrielle pour reprendre en main la question de la formation et de l’emploi. Elle accepte la tyrannie du « principe de précaution » au lieu de redonner au pays le goût de la science. Elle néglige le monde agricole et tout ce qu’il pourrait fournir de méthodes alternatives pour une écologie non idéologique.

Plus généralement,  la droite a laissé tomber ce qui est sa raison d’être depuis la Révolution: la défense des libertés concrètes et collectives  contre la double tentation de l’étatisme proliférant et de l’individualisme débridé.

S’enfoncer dans l’impasse Macron comme en sont de plus en plus tentés les ténors de la droite ne fera qu’aggraver la crise dans laquelle elle est plongée. Est-ce un sort bien enviable que de devenir le MODEM d’un deuxième quinquennat Macron?