Vaccin : les 3 raisons de l’échec européen

Vaccin : les 3 raisons de l’échec européen

Contrats mal ficelés, échecs camouflés derrière un principe de précaution, restrictions à l’export, freinent la vaccination. De quoi douter du bien-fondé d’un fédéralisme européen.

L’Europe est en retard sur la vaccination, loin derrière les Etats-Unis, Israël et – comble d’humiliation – le Royaume-Uni. En moyenne, moins de 4% des citoyens de l’UE sont vaccinés.

Au motif que l’union fait la force, il a été décidé que l’affaire serait traitée au niveau européen. On ne peut désormais que le regretter.

Des contrats qui oublient de verrouiller l’essentiel

Le député européen pro-fédéralisme, Guy Verhofstadt, impute le fiasco aux contrats d’approvisionnement sur lesquels l’Union Européenne avait la main.

«  L’Europe est leader mondial du vaccin. Plus de 75% de l’ensemble des vaccins sont produits en Europe, tout comme la majorité des presque 200 millions des vaccins anti Covid qui ont déjà été produits. […] Les contrats qui ont été signés sont déséquilibrés. Ils sont précis concernant les prix et les responsabilités mais faibles et vagues concernant les fournitures et les cadences de livraison, permettant aux pharmas impliquées d’esquiver leurs obligations contractuelles ».

A l’examen des contrats, ce n’est pas si clair. Ce qui est clair, en revanche : les contrats avec AstraZeneca et Pzizer ont été signés avec 3 à 4 mois de retard ; celui signé avec Johnson & Johnson laisse la société livrer en priorité les États-Unis ; enfin, Israël aurait accepté de payer le vaccin Pfizer 2,3 fois le prix européen et en a donc obtenu 40% de plus.

Rappelons que la vaccination est une des conditions du retour à la normale de la vie économique et que l’argent ne surgit pas du néant selon le bon vouloir de la Banque centrale européenne. Les discours tels que « la vie n’a pas de prix » ou « quoiqu’il en coûte » ne sont que du vent. Les soins ont toujours un coût. Israël s’est livré à un calcul simple : coût d’une semaine de confinement comparé à coût de la vaccination et a ainsi rapidement établi sa contre-offre. En France, établir le coût du confinement semble un calcul dépassant les capacités de nos technocrates.

Cette surenchère israélienne a été dénigrée par le commissaire européen Thierry Breton qui accuse le pays d’avoir livré les données médicales de ses ressortissants.

Ceux qui font mieux que l’Europe sacrifieraient la sécurité

Il semblerait bien que la bureaucratie européenne soit fautive. Pour se dédouaner, elle s’abrite derrière un principe de précaution qui va apporter de l’eau au moulin des « antivax ». Au lieu de se réjouir de la réactivité du monde pharmaceutique à mettre au point et produire des vaccins, la commissaire Ursula von der Leyen accuse la Grande-Bretagne – qui va trop vite à son goût – de compromettre la sécurité. La France, par la voix de Clément Beaune, en rajoute une couche accusant spécifiquement la perfide Albion de « prendre des risques ». Quant à Emmanuel Macron, il se laisse à dire que le vaccin AstraZeneca ne serait pas efficace pour les personnes âgées, en contradiction avec tous les essais cliniques.

Ce discours confus et sécuritaire conduit au cafouillage AstraZeneca, suspendu par certains pays sur soupçons d’effets secondaires graves, puis réintroduit après avis de l’Agence Européenne du médicament. Retard supplémentaire…

Restrictions d’exportation et protectionnisme dissuasif

Les contrats européens portent une clause stipulant que si un fabricant ne fournit pas dans les délais, il n’aura pas de permis d’exportation. Le gouvernement Draghi a actionné cette clause avec 250 000 vaccins AstraZeneca fabriqués sur place et destinés à l’Australie.

Ceci n’incite pas les pharma à produire sur le sol Européen. Comme toute mesure protectionniste, elle est à double tranchant.

Face à cet échec, la bureaucratie, comme à l’habitude, réclame plus de tout ce qui n’a pas fonctionné : plus d’intégration européenne, plus de contrôle sur la politique de la santé, un ministère de la santé européen et évidemment, un budget donc des impôts ou cotisations…

Grandes envolées lyriques, l’Europe va vaincre toutes les maladies !

https://euobserver.com/opinion/150589

Tout minarchiste dans l’âme ne peut que combattre ce point de vue. Plus une organisation est centralisée moins elle est efficace car les problèmes doivent remonter toute une lourde hiérarchie avant d’être détectés puis corrigés. La concurrence est bonne dans tous les domaines et la concentration des pouvoirs élimine la concurrence. Enfin et surtout, des gens qui ont créé des problèmes ne sont pas aptes à les résoudre. Un marché européen de libre circulation des biens, services et personnes est une bonne chose. Une telle organisation se passe d’une bureaucratie tentaculaire déconnectée du terrain.