« Merkel doit partir! »: l’opposition durcit le ton devant le fiasco de la gestion allemande du COVID 19

« Merkel doit partir! »: l’opposition durcit le ton devant le fiasco de la gestion allemande du COVID 19


Partager cet article

Panique à la Chancellerie: devant l'opposition qui montait au reconfinement quasi-complet du pays pour Pâques, Angela Merkel a dû reculer. Elle s'est excusée publiquement. Mais cela n'a pas suffi pour apaiser le Parlement. Lors d'une séance de questions à la Chancelière mercredi 24 mars en début d'après-midi, l'opposition a bruyamment réclamé son départ.

Tout a commencé par la stupéfaction le 23 mars au matin. L’Allemagne s’est réveillée en découvrant que la Conférence des Ministres-présidents, qui décide régulièrement avec la Chancelière de l’aménagement des mesures de précaution sanitaires avait décidé du confinement le plus strict depuis le début de l’épidémie. Les magasins seraient strictement fermés dès le Jeudi Saint et jusqu’au lundi de Pâques inclus. Les offices religieux seraient inaccessibles au public. Et les déplacements de vacanciers interdits. L’opinion publique s’est d’autant plus enflammée contre l’autoritarisme de la Chancelière et des chefs d’exécutif régionaux que la vaccination progresse très lentement. Il est loin ce printemps de 2020 où la Chancelière était félicitée pour sa bonne gestion de la crise du COVID 19.

Panique à la Chancellerie et chahut au Bundestag

Toute la journée d’hier, les ministres-présidents ont été confrontés à des critiques très dures dans leurs Länder respectifs. En particulier les Chambres de Commerce et d’Industrie ont fait valoir le coup qui serait porté à la croissance avec l’arrêt complet de l’activité pour les commerces durant une période de grande fréquentation. Les Eglises aussi ont fait savoir comme elles étaient mécontentes de se trouver mises devant le fait accompli, alors même qu’elles n’avaient cessé tout au long de l’épidémie de prendre des précautions. La Chancelière a eu aussi des remontées des fédérations locales de la CDU soulignant que le confinement prévu ajouterait encore à la débâcle électorale des dernières élections régionales (en Bade-Wurttemberg et en Rhénanie-Palatinat) au scandale des masques et à la baisse continue du parti dans les sondages. Alors que la succession de Madame Merkel devait être « un long fleuve tranquille », les deux prétendants, Armin Laschet, Ministre-président de Rhénanie du Nord-Westphalie et Markus Söder, ministre-président bavarois, commencent à être inquiets. Et ceci d’autant plus qu’ils sont eux-même partie prenante de la décision de reconfinement.

Du coup la Chancelière a décidé qu’elle ne pouvait pas laisser la situation s’envenimer. Elle a présenté publiquement ses excuses: « Une erreur doit être appelée une erreur et, plus important encore, elle doit être corrigée et si possible à temps » a explqué sentencieusement celle qui naguère imposait sa volonté sans consulter ses concitoyens. Et d’ajouter: « Je sais que cette proposition a provoqué une incertitude supplémentaire, je le regrette profondément et pour cela je demande pardon à tous les citoyens ».  Panique, épuisement psychologique après seize ans à la tête de gouvernement, tentative de connaître un dernier regain de popularité dans les six mois qui lui restent à la Chancellerie: tous ces motifs se mélangent pour expliquer une déclaration étonnante de la part d’une femme politique qui n’a jamais reconnu les grosses erreurs qui jalonnent sa période au pouvoir: de la désastreuse sortie de l’énergie nucléaire en 2011 à l’absence de leadership sur l’Union Européenne en passant par la catastrophique ouverture des frontières à un million de migrants entre septembre et décembre 2016.

Pourtant, l’auto-critique n’a pas suffi à l’opposition, qui, lors d’une séance de questions ce 24 mars en début d’après-midi au Bundestag a ouvertement réclamé que la Chancelière pose la question de confiance à sa majorité. L’AfD conservatrice, la Gauche socialiste et les Libéraux ont tous eu le même message, bien résumé par le président du FDP libéral, Christian Lindner dans un tweet: « La Chancelière ne peut plus être certaines du soutien total de sa majorité. La question de confiance au Bundestag serait recommandée pour voir dans quelle mesure le gouvernement a encore les moyens de son action ».

La procédure pour remplacer un chancelier est compliquée en Allemagne puisqu’il faut qu’une majorité des deux tiers présente un candidat de remplacement. Cependant les derniers mois de Madame Merkel à la Chancellerie ressemblent de plus en plus à un chemin parsemé d’obstacles.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Cette réforme libertarienne des retraites qui ferait consensus...

Cette réforme libertarienne des retraites qui ferait consensus...

L'Assemblée Nationale vient de voter la suspension de la réforme des retraites... Faute d'un possible consensus sur la meilleure façon d'assurer l'avenir de notre Etat-Providence. Nous présentons ici les grandes lignes libertariennes d'une réforme dont nous sommes convaincus qu'elles feraient consensus ! L’acharnement de la caste au pouvoir à vouloir uniformiser le système de retraites est une erreur fondamentale. En cherchant à imposer un "jardin à la française", parfaitement aligné et cen


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Facturation électronique: quand les patrons deviennent les secrétaires de Bercy, par Eric Lemaire

Facturation électronique: quand les patrons deviennent les secrétaires de Bercy, par Eric Lemaire

En France, on a inventé un nouveau modèle économique : l’État sous-traité à ses assujettis. Depuis quelques années, le secteur privé devient la véritable administration du pays — sans statut, sans retraite garantie, et surtout sans le café syndical de 10h. À partir de septembre 2026 pour les grandes entreprises, et septembre 2027 pour toutes les autres, les entreprises françaises devront émettre et recevoir leurs factures via un service de facturation électronique certifié par l’État. Un nouvea


Rédaction

Rédaction

Or vs. bitcoin : faut-il choisir à l’heure où le dollar recule ?

Or vs. bitcoin : faut-il choisir à l’heure où le dollar recule ?

Dans la stratégie Barbell que le Courrier a concoctée pour vous pour gérer le risque de chaos « par les extrêmes », figure une poche spéculative, notamment constituée de métaux précieux et de cryptos. Nous vous expliquons aujourd’hui quels éléments nous ont conduits à vous proposer cette approche complémentaire entre l’or et le bitcoin, plutôt qu’à en exclure un au détriment de l’autre. Le duel monétaire et la trahison de l’État Le temps est venuen effet de livrer la vérité, nue, sans fard :


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

Le double jeu du trumpisme : la paix promise, la guerre préparée, par Thibault de Varenne

Le double jeu du trumpisme : la paix promise, la guerre préparée, par Thibault de Varenne

"Nous voulons la paix". Combien de fois avons-nous entendu cet élément de langage, devenu le pilier doctrinal du trumpisme? Une promesse de se retirer des "guerres sans fin", de cesser d'être le gendarme du monde, et de se concentrer sur l'Amérique. Puis, vient la réalité. Cette réalité nous a été livrée sans fard par le nouveau Secrétaire à la Guerre, Pete Hegseth, lors de son discours désormais tristement célèbre au National War College. Ce discours n'est pas une simple allocution ; c'es


Rédaction

Rédaction