Les petits patrons français sont incontestablement les grands perdants de la gestion de la pandémie par le gouvernement. Le "stop and go" permanent imposé par les restrictions fluctuantes aux libertés de circulation touche durement le dynamisme des petites entreprises, qui sont pourtant celles qui portent la reprise (et surtout la reprise de l'emploi). Voulue ou non, consciemment ou non, par la caste au pouvoir, la destruction massive des petites entreprises devrait se solder par un chômage massif et durable. De là à dire que ce scénario, annoncé dans le livre de Schwab, est en train de se réaliser, ne semble pas forcément incongru.
On est embarrassé avec la politique de Castex, car elle est floue, imprécise, pataude, mais elle respecte les grands leit-motivs que la caste bercyenne impose à la population : une croyance inébranlable dans les vertus d’un capitalisme d’Etat ou de connivence où les intérêts privés et publics se mélangent, une méfiance innée pour la liberté d’entreprendre, et une aversion urtiquée pour la “concurrence émiettée” des marchés en libre concurrence. Cette constante dans la détestation du capitalisme libéral nous oblige à nous interroger sur la signification profonde des fermetures ordonnées aux commerces “non-essentiels” à l’occasion des confinements qui se succèdent.
Et si l’empêchement de tourner en rond qui empoisonne la vie de nos petites entreprises répondait à une sorte d’envie, de désir, de javelliser la concurrence et de déblayer le terrain aux grandes entreprises ?
Nos petits patrons portent la croissance et l’emploi
Pourtant, les petits patrons ne sont pas si nuls ni si nuisibles. Si on se fie aux chiffres que l’ACOSS vient de publier, ce sont eux qui relancent l’emploi et la croissance.
On le voit : au premier trimestre 2021 (avant le troisième confinement, donc), les recrutements de plus d’un mois n’ont progressé que de 4,8% dans les entreprises de plus de 20 salariés. Dans les moins de 20 salariés, la progression était de 8,8%, soit le double de leur grande soeur.
On peut dire beaucoup de mal des très petites entreprises, on peut leur reprocher leur “émiettement”, il n’en demeure pas moins qu’elles restent le meilleur outil pour lutter contre le chômage. Et si les gouvernements qui se succèdent depuis trente ans avaient réellement mis Bercy au pas, les règles étouffantes qui entravent le dynamisme des très petites entreprises seraient assouplies pour lutter contre le chômage de masse.
Mais on se demande parfois si la caste ne préfère pas une masse de chômeurs dépendants des interventions de l’Etat plutôt qu’un pays debout, autonome, vivant de son seul travail sans demander de compte à personne.
Le confinement torpille les très petites entreprises
Pour nourrir cette interrogation, on peut reprendre point par point les conditions dans lesquelles le confinement interdit aux très petites entreprises de continuer normalement leur activité.
On notera par exemple que les magasins de lingerie sont fermés… parce qu’ils sont non-essentiels. Leur exaspération est telle que leurs propriétaires se sont ligués pour envoyer des petites culottes à Jean Castex. C’est leur façon à eux d’appeler à l’aide les pouvoirs publics.
Pendant ce temps, la vente en ligne de lingerie explose, et les grandes surfaces sont libres d’en vendre comme elles le souhaitent. On peut pourtant imaginer qu’il est plus facile de se contaminer à l’hypermarché du coin, surtout les samedis où les clients se pressent à la caisse, plutôt que dans une boutique du slip français ou du string brésilien.
À notre connaissance, il n’existe d’ailleurs aucune étude scientifique montrant qu’un quelconque magasin de petite culotte ait été un cluster, en France ou ailleurs. Alors pourquoi interdire à des petits commerçants de vendre ce que les grandes surfaces capitalisées et cotées en bourse ont le droit de proposer à leurs visiteurs ? La seule réponse rationnelle qu’on peut trouver à cette question est que l’appareil d’Etat tenu par la caste défend mieux les intérêts des grands distributeurs que des petits commerçants.
On récapitule ?
Les très petites entreprises ont massivement embauché au premier trimestre de 2021, mais leur élan est stoppé net par un confinement dont la rationalité est totalement mystérieuse…
Débarrasser les grandes surfaces de la petite concurrence ?
Mais peut-être faut-il examiner l’état de la grande distribution pour comprendre la stratégie gouvernementale ! Depuis plusieurs années, en effet, l’hypermarché est en perte de vitesse au profit du commercee de proximité. Ce phénomène a été assez bien théorisé dans une très bonne tribune publiée à l’automne 2020.
De fait, la stratégie gouvernementale pendant la pandémie a largement servi les intérêts de la grande distribution (dont le lobbying est puissant), pendant que le petit commerce était torpillé en plein vol. S’agit-il d’une simple coïncidence “sanitaire”, où la caste a-t-elle saisi l’opportunité de la pandémie pour débarrasser les copains du poids de ces centaines de milliers de gêneurs qui continuent à tenir un petit commerce ?
Autrement dit, la technostructure a-t-elle utilisé un prétexte sanitaire pour javelliser autant que se peut la concurrence émiettée dans le secteur du commerce ?
Si l’on met bout à bout les retards dans les versements des aides promises, et l’effondrement de l’activité dû à la pandémie et aux mesures de restriction, on comprend en tout cas que la survie de nombreuses très petites entreprises tient ou tiendra majoritairement du miracle.
Un projet contenu dans le Great Reset
Ce qui nous gêne profondément dans cette possibilité d’un dessein implicite destiné à diminuer drastiquement le nombre de très petites entreprises (dans le secteur tertiaire, c’est-à-dire le commerce, principalement), c’est qu’on en trouve l’idée dans le livre de Schwab et Malleret, le Great Reset. Dans une phase de profits décroissants pour la grande distribution, la destruction massive des petits concurrents est une aubaine que les grandes chaînes de distribution ou de restauration ne peuvent pas manquer.
Dans quelle mesure ce calcul très intéressé, consistant à masquer une mesure favorable aux grands acteurs derrière une argumentation sanitaire, guide-t-il les pouvoirs publics ? On aimerait le savoir, même si l’on sait que la réponse factuelle n’est pas prête de venir.
D’ici là, on doit se contenter d’exprimer notre embarras devant autant de coïncidences troublantes qui instruisent toutes, au minimum, le procès d’une caste peu soucieuse de préserver les forces vives qui créent de l’emploi, et beaucoup plus réceptive à l’intérêt des grandes entreprises qui offrent de belles mobilités aux hauts fonctionnaires de Bercy.
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