En catimini, Bercy milite pour la mise en place de péages urbains…

En catimini, Bercy milite pour la mise en place de péages urbains…


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Malgré l’épisode des Gilets Jaunes, Bercy n’a pas désarmé dans sa volonté de multiplier les taxes sur les carburants, au nom de l’écologie, bien entendu. Une note de la direction du Trésor prône ouvertement l’instauration de péages urbains pour faire payer les citadins et, parallèlement, une hausse de la fiscalité sur le carburant au niveau européen pour empêcher les poids lourds de traverser la France sans faire le plein. Bien entendu l’alignement de la fiscalité sur le diesel et sur l’essence fait partie de la panoplie de mesures proposées. La folie fiscale en France est prête à lâcher les chiens et à lancer la chasse au contribuable.

Mettre en place des péages urbains pour couvrir fiscalement le coût des externalités négatives de la route et des moteurs thermiques, telle est l’une des idées émises par la direction du Trésor à Bercy pour récupérer des recettes fiscales. Bien entendu, il ne s’agit pas d’augmenter les impôts pour réduire les déficits, mais de mettre en place une politique écologique où les utilisateurs de l’automobile au sens large (individuelle ou professionnelle) paieraient le juste prix des « externalités négatives » qu’ils produisent, c’est-à-dire de la pollution et de la construction ou de l’entretien des routes.

L’écologie, une folie fiscale tous azimuts

La note du Trésor, délibérément technocratique et « savante » mérite d’être lue, car elle illustre parfaitement la folie fiscale qui règne à Bercy, ministère où tout est bon pour justifier une taxe, même parfaitement aveugle.

Ainsi, sans considération pour les externalités positives du trafic automobile (notamment en termes de prospérité économique), Bercy propose de taxer tous azimuts, et de mener une politique d’harmonisation européenne de ces taxes pour éviter les passagers clandestins.

On lira tout particulièrement ce passage savoureux :

Certains pays frontaliers ont une fiscalité sur les
carburants faibles comparée à celle de la France, ce
qui incite les usagers à faire le plein à l’étranger. C’est
en particulier le cas des poids lourds, soumis à une
concurrence internationale et dont la consommation de
carburant est six fois plus importante au kilomètre que
celle des véhicules particuliers, alors qu’ils peuvent
traverser le territoire français avec un plein. Une plus
grande harmonisation de la fiscalité des carburants au
niveau européen, dans la cadre de la révision de la
directive de 2003 sur la fiscalité de l’énergie,
permettrait une meilleure couverture des externalités
du transport routier de marchandises.

Autrement dit, pour éviter aux poids lourds de transporter de la marchandise du port d’Anvers jusqu’en Suisse, en Italie ou en Espagne sans faire le plein en France (ce qui revient à utiliser nos routes sans payer les taxes qui vont avec), obligeons tous nos voisins à s’aligner sur notre pression fiscale… Mais ne baissons pas nos taxes pour donner envie aux poids lourds de se ravitailler en France…

La contrainte, et non le désir, est la mère de toute politique écologique.

Pour la mise en place de péages urbains

Comme le remarque très bien la note de Bercy, le grand angle mort de la fiscalité française sur l’automobile se trouve dans les villes. C’est là que les routes sont gratuites, alors que la France périphérique paie les péages sur les autoroutes (qui sont, au passage, une vraie spoliation comme le montre très bien la note du Trésor).

Qu’à cela ne tienne, le Trésor propose, pour corriger cette inégalité, d’instaurer des péages urbains :

Enfin, en milieu urbain très dense, les taux de
couverture très faibles (de l’ordre de 10 %,
cf. Tableau 4) pourraient être améliorés en permettant
aux grandes agglomérations de mettre en place des
péages urbains, dont les ressources permettraient
d’abaisser d’autres taxes. Cette option a été mise en
œuvre avec succès à l’étranger. (…) Dans les villes plus petites, les municipalités pourraient être encouragées – comme elles en ont la possibilité depuis le 1er janvier 2018 – à relever globalement leurs tarifs de stationnement et à les
moduler en fonction de la motorisation des véhicules,
du degré horaire et du degré général de congestion de
la zone considérée.

Là encore, on voit bien que Bercy considère l’automobile comme un coût et non comme un investissement qui crée de la richesse…

Les lendemains de présidentielles seront difficiles…

On comprend donc à quelle sauce nous serons mangés après les présidentielles de 2022 : au nom de l’écologie et du dogme de la dépense publique incompressible, les impôts augmenteront et taperont dur là où ça fait mal. Surtout pour ceux qui n’habitent pas en centre ville.


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