Sur la gestion de crise, Macron sort un rapport « indépendant » qui le congratule

Le rapport Pittet, commandé par Macron en juin dernier pour dresser un bilan de la gestion du COVID en France, vient d’être publié deux mois après sa remise au Président de la République. Quand on le lit, on comprend pour quelle raison Emmanuel Macron l’a commandé : le rapport explique en effet que, malgré quelques défaillances initiales, l’administration sanitaire française a bien travaillé et bien appris de ses erreurs. Contrebalançant les missions parlementaires sur le même sujet, ce rapport permet donc au Président de la République de se livrer à un exercice d’autosatisfaction. En France, tout va bien et l’administration fonctionne !
Rapport Pittet sur la gestion du COVID en France from Société Tripalio
Le rapport Pittet vient d’être publié deux mois après la conclusion de ses travaux. Il est officiellement le fait d’une équipe « indépendante », présidée par un médecin genevois inventeur du gel hydroalcoolique et accessoirement proche de l’OMS. D’autres membres de l’équipe , comme Laurence Boone ou Raoult Briet, sont des proches du pouvoir en place.
La conclusion du rapport délivre un exeat aux pouvoirs publics français qui ne manque pas de surprendre.
Les conclusions générales du rapport Pittet réhabilitent le gouvernement
Dans ce rapport de près de 180 pages, on retiendra d’abord la conclusion globale mentionnée page 11 :
Les autorités ont su tirer les enseignements de leur expérience pour améliorer le pilotage
au fil des mois sur plusieurs points importants (…)
Autrement dit, les défaillances du début ne doivent pas faire oublier que la gestion de la crise s’est améliorée au fil des mois. C’est l’absolution que le pouvoir exécutif s’accorde pour enterrer les graves dysfonctionnements jamais sanctionnées, à commencer par la destruction massive de masques en 2018 et 2019 jamais remplacés.
La centralisation excessive pointée du doigt
Le rapport ne fait pourtant pas l’impasse sur les défauts majeurs de l’administration sanitaire, à commencer par son manque d’anticipation, auquel on ajoute son excessive centralisation.
Le caractère détaillé et la mise en œuvre uniforme des décisions prises au niveau central
ont mis les acteurs de terrain en difficulté et conduit à des situations jugées inéquitables.
Mais ces points sont édulcorés pour éviter d’interroger la faillite de l’Etat. On remarquera d’ailleurs que, en dehors du chef de la mission, les quatre autres rédacteurs sont tous salariés de l’Etat ou l’ont été…
On n’est jamais mieux servi que par soi-même !
Des contradictions dans le texte pour plaire à Macron ?
Le texte ne manque d’ailleurs pas de se contredire dans son économie générale. Ainsi, si la réponse des autorités est jugée positivement, le rapport ne peut faire l’impasse sur les ratés successifs de la gestion de crise à l’automne 2020 et durant l’hiver.
Alors que l’arrivée des vaccins était une réalité prévisible et attendue, il est dommage que
la France n’ait pas mis en place « une taskforce intégrée » dès la phase de préparation
des approvisionnements pour prendre également en charge l’organisation de la
campagne de vaccination à l’exemple notamment des équipes anglaises ou américaines.
L’administration sanitaire a donc montré de lourdes carences dans l’organisation de la campagne de vaccination, comparée aux Etats-Unis ou à l’Angleterre. Mais on voit que, pour plaire au pouvoir, les rapporteurs ont « arrangé » la réalité.
Cette complaisance de la caste pour ses propres performances a une conséquence simple : ses travaux sont inaudibles, et nourrissent la suspicion d’un public qui n’est pas dupe.
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