Le processus de la succession du Professeur Raoult a été lancé. Certains parlent d'une semi-victoire pour le grand chercheur, puisqu'il ne sera remplacé qu'à l'été 2022. En fait, sous la pression politique, les stakeholders de l'IHU mettent à peine les formes. Au-delà des mauvaises manières infligées à l'un des très grands chercheurs français, on se souviendra du quinquennat d'Emmanuel Macron comme d'une période très sombre, où le pouvoir, de mèche avec des intérêts économiques, aura tenté de mettre fin à l'indépendance de la recherche scientifique.
Cet article est dédié à la mémoire de mon père, Jean-Marc Husson (1938-2011), praticien hospitalier, chercheur, industriel, qui toute sa carrière est resté, d'abord, un médecin.
Le vendredi 17 septembre dernier, un communiqué officiel a annoncé l’enclenchement d’une procédure de recrutement du successeur de Didier Raoult à la tête de l’IHU qu’il a fondé. Les six membres fondateurs de l’Institut Hospitalo- Universitaire Méditerranée Infection de Marseille (Aix-Marseille Université (AMU), les Hôpitaux universitaires de Marseille (AP-HM), l’Institut Mérieux, le service de santé des armées, l’Etablissement français du sang et l’Institut de recherche pour le développement) ont ainsi validé un appel d’offres qui indique que le nouveau directeur de l’Institut aura été recruté le 30 juin 2022. A priori, le successeur devra prendre les rênes à compter du 30 septembre 2022. Ce qui laisse encore une années à Didier Raoult. Le communiqué sorti précise ainsi qu’ “une commission de recrutement sera créée à cet effet et un appel d’offres international sera lancé ». Quand on voit les médias français s’extasier devant cette annonce, cela prouve tout simplement qu’ils ne connaissent pas les procédures de recrutement standard dans le monde scientifique.
Faut-il rappeler que l’IHU du Professeur Raoult a été créé en 2011 suite à une procédure internationale de sélection dans le cadre du Programme Investissement d’Avenirs lancé par le gouvernement Sarkozy – en même temps que cinq autres IHU?
Faut-il rappeler, aussi que le Professeur Yves Lévy, lorsqu’il était président de l’INSERM, en 2017, avait fait un tel lobbying, alors qu’Agnès Buzyn, son épouse, était ministre de la Santé, pour mettre fin à l’indépendance des IHU et les refaire passer sous la coupe des organismes de recherche que le président du jury international, le Professeur Richard Fracowiak, chargé d’évaluer le travail effectué par les IHU depuis 2011, avait démissionné? Devant le risque de perte de réputation internationale pour la science française et internationale, Emmanuel Macron, destinataire d’une lettre de Richard Fracowiak, avait reculé et donné tort à Yves Lévy. En particulier, l’INSERM n’avait pas obtenu gain de cause sur la réduction de 200 millions du budget des six IHU.
Mais il faut connaître cette histoire pour comprendre ce qui se passe depuis dix-huit mois à Marseille. A l’époque du hold-up manqué de l’INSERM, en effet, Didier Raoult avait été le plus courageux et s’était battu en première ligne pour préserver l’intégrité des IHU, leur indépendance. Cette dernière est en effet vitale, en face d’organismes de recherche qui sont devenus des mastodontes bureaucratiques dont la prétention à avoir une stratégie est relativisée par le fait que l’essentiel de leur budget est de la masse salariale. Les IHU, ce sont en quelque sorte des ETI de la science, suffisamment gros pour pouvoir mener une recherche d’envergure, mais à taille suffisamment maîtrisable pour ne pas se bureaucratiser. Les IHU rendent la recherche française compétitive internationalement parlant.
C’est ce qui explique que le Professeur Raoult ait été l’un des premiers en France, lors du déclenchement de l’épidémie de COVID, à proposer un traitement précoce (hydroxychloroquine et azithromycine): il avait réagi très vite aux rapports de ses collègues chinois; et son traitement a vite obtenu une notoriété mondiale. La carte que nous reproduisons ci-dessous montre une utilisation massive de ce traitement sur la plus grande partie de la planète à la date de février 2021. Là encore, les médias français subventionnés qui vivent en vase clos ne savent pas ce qui se passe dans le reste du monde. Les limitations du traitement précoce du COVID à l’hydroxychloroquine sont le fait, par exemple, des Etats-Unis, où les Démocrates en ont fait une arme de campagne contre Donald Trump ou…la France, où les apparatchiks du Ministère de la Santé et des organismes de recherche ont voulu prendre leur revanche contre un très grand chercheur français qui ne respecte aucun des codes compassés d’un petit milieu “parisien” où l’on fait tout sauf de la science.
La cabale des lyssenkistes
Didier Raoult n’est pas seulement un très grand chercheur. C’est aussi un médecin comme l’école française en a produit pendant des générations. En période d’épidémie, il a pris les moyens de soigner les gens rapidement et efficacement. Il a eu recours aux vidéos et aux interviews pour faire connaître sa méthode. Comme un vrai médecin, Raoult ne peut pas passer une journée sans voir des patients. Et il aime les personnes qu’il soigne. Il faut être une journaliste très parisienne, comme Ariane Chemin, pour parler à son propos de “populisme médical”. A vrai dire une telle formule en dit long sur l’état d’esprit de la caste qui croit nous gouverner et organise un système d’encensement mutuel en vase clos. Soigner, c’est être populiste ! Rien ne dit mieux finalement que la priorité de notre gouvernement, des médias subventionnés, d’une partie de la technocratie sanitaire, depuis le début de la crise, n’a pas été de soigner. Soigner, c’est populiste. Surtout, cela aurait voulu dire renoncer rapidement à cette pandémie qui est si pratique pour verrouiller des positions de pouvoir, confisquer les libertés individuelles, mettre en place un système d’économie administrée, garantir la rente perçue des grands laboratoires pharmaceutiques.
Emmanuel Macron a bien senti à un moment que le Professeur Raoult avait gagné le coeur des gens et il s’est rendu à Marseille pour le voir. Mais le Président de la République, à peine rentré à Paris, n’a pas résisté à l’essoreuse des nouveaux médecins de Molière qui fréquentent le Ministère de la Santé ou les plateaux de télévision. Que reproche-t-on à Didier Raoult? Mais tout !
- Il est un des chercheurs les plus cités au monde dans son domaine.
- Il écrit de bons livres de vulgarisation scientifique.
- Il est un médecin qui aime ses patients.
- Il a dénoncé l’absurdité d’un système de recherche qui engloutit des milliards d’argent public et privé pour inventer péniblement de nouvelles molécules alors que la réutilisation des molécules existantes et le marché des médicaments génériques sont le seul avenir rationnel pour le système de santé.
En écrivant ces lignes, je pense à la cabale d’un nouveau lyssenkisme – pour faire allusion à Lyssenko, chercheur soviétique dont les théories non étayées furent soutenues par Staline et Khrouchtchev. Mais dans la France de 2021, Lyssenko est devenu vénal. Il préfère le fascisme gris de la corruption par l’industrie pharmaceutique au néo-maoïsme d’un Xi Jingping.
Il ne faut donc pas se raconter d’histoires. La manière dont le conseil d’administration de l’IHU, APHM et François Crémieux en tête, prend le prétexte de la retraite de Raoult en tant que PUPH (Professeur des Universités- Praticiens Hospitaliers) pour le faire partir de la direction de l’IHU est non seulement une très mauvaise manière. Mais c’est totalement stupide si l’on pense à la réputation scientifique du pays et à ses intérêts. Et de ce point de vue, peu importe que Raoult parte dans un mois ou dans un an, le mal est fait !
Nous vivons dans un pays où le budget de l’université n’a pas cessé de chuter depuis 2012; où notre gouvernement est incapable de garantir un contrat industriel international à une grande entreprise de la défense, où on ne sait pas sortir un vaccin contre le COVID au même rythme que les grandes nations scientifiques; et où l’on pense pouvoir se passer du talent scientifique et médical de Didier Raoult.
Le quinquennat d’Emmanuel Macron représente vraiment un point bas. Mais on aura oublié depuis longtemps le Président de la République quand on se souviendra encore de Didier Raoult.
Didier Raoult aura mené un combat extrêmement courageux !
Il est effectivement un grand scientifique ! Visionnaire, brillant, pédagogue et avec une éthique, il aura contribué de beaucoup a ce qu’on parle de la recherche Covid française !
Se séparer de lui est mesquin..
La recherche française va donc continuer dans la bureaucratie, copinage, corruption, échecs…
Pour moi tout cela sent le naufrage du pays a très courte échéance.. on ne peut pas continuer comme ca.. les lois de l’Economie vont s’appliquer.. toute entité non productive est éliminée du marché.. et si soutenu par un Etat ultra endetté, ben ce sera l’Etat..
Difficile de mieux dire en peu de mots ! Merci. EH
1. Cet article est un résumé de référence ;
2. Il est un témoignage parmi des milliers d’autres de ce que le bureaucratisme généralisé (ou socialisme) peut mettre à mal la compétence et le talent ;
3. Le mal bureaucrato-socialiste n’est pas français, c’est une pandémie mondiale d’incompétence, d’arrogance centralisatrice et de manque de talent, dont les conséquences mortifères devraient être judiciarisées au niveau des Crimes contre l’Humanité, CPI de La Haye ;
4. C’est tout ce qu’ils méritent !
Ce qui s’est passé avec didier Raoult est écoeurant .
De la part du gouvernement d’abord et aussi de la presse et y compris une partie de la presse qui s’autoproclame indépendante et investigatrice:le media,les crises ,etc.Taddei qui l’a ignoré alors qu’il a consacré au moins 2 émissions à Antoine Flahaut (??!!).Je pourrais en citer d’autres,des faux-culs,ce pauvre Onfray par exemple
Je retiens l’attitude honnête et admirative de Joachim Son Forget qui est reparti de Marseille dernièrement avec la médaille de l’IHU,ce qui l’a profondément touché.
Forza Bastia ,disait-on à Marseille il y a quelques années .
Aujourd’hui c’est “Forza Raoult”.Et à Marseille on a du recul face au petit Paris..
vraiment bravo et merci; une excellente analyse; dans ce pays, on n’aime pas la réussite et on la casse, même quand cela est contre l’intérêt général et contre les intérêts nationaux et internationaux de la France; l’administration, même haute et fossilisée et rongée par son corporatisme venant tout droit de l’ancien régime; même Taddeï ! j’avais confiance en lui, mais de plus en plus de remparts s’effondrent; heureusement que d’autres se font jour. Cependant, ils n’ont rien pu faire contre la très grande popularité méritée du professeur Raoult et cela les a rendu fou de rage; il y a une justice immanente; le boomrang finit toujours par revenir et ils le prendront dans la gueule, du moins c’est ce que j’espère.
Professeur Raoult, mille bravos et mille mercis; même à supposer que le traitement ne fonctionne pas ou peu, vous avez été et êtes toujours la lumière de l’espoir dans cet invraisemblable renversement/effondrement qui nous projette dans un monde terrifiant, celui que l’on croyait appartenir uniquement à la science-fiction; ma devise, c’est toujours “on les aura” alors continuons
On peut d’ores et déjà projeter ce qui va se passer avec l’IHU une fois qu’il sera tombé dans les griffes de l’inserm et autre officines improductives de ce pays, il deviendra un institut parmi tant d’autres, où la corruption règne en maîtresse et où le vrai scientifique sera obligé de mendier les quelques milliers d’euros qu’ils lui faut pour un projet révolutionnaire aux scientistes, budget qui sera bien entendu amputé sous des prétextes fallacieux, voire refusé tout net parce que “pas dans la lignée de ce que l’institut attend”.
En con-séquence, soit les bons chercheurs vont reste ici pour diverses raisons et s’enkyster dans cette daube pour devenir aussi mauvais que ceux de l’inserm, soit ils vont capeler la valise et aller se faire voir ailleurs, là où l’herbe pousse encore et où l’on considère les chercheurs comme il se doit en leur donnant les moyens de travailler correctement.
Il y a donc de bonnes raisons de penser que D.Raoult sera le dernier des vrais chercheurs “complet” et que le reste restera… ce qu’il est, c’est à dire bien peu de choses à part une pompe à pognon improductive.