Masque à l’école : ces enseignants qui font du zèle

Par Dimitri JACQUES – L’impact positif de cette mesure sur l’épidémie n’a jamais été démontré. Pourtant, de nombreux enfants continuent de subir des pressions psychologiques et même des punitions pour ne pas avoir porté leur masque correctement. Les témoignages de parents affluent. Alors que plusieurs pays voisins abandonnent les restrictions sanitaires, y compris à l’école, le moment est-il bien choisi pour faire du zèle ?

Au Collège Guillaume de Lorris, dans le Loiret, un jeune de 13 ans qui souffre de troubles de l’attention, est rentré chez lui avec une punition quelque peu singulière : écrire un texte sur l’intérêt du port du masque. Le protocole sanitaire de l’Education nationale ne prévoit pourtant aucune sanction disciplinaire pour les élèves en cas de non-respect. Les parents ont contacté l’enseignant par téléphone : « On s’est trouvé face à un mur. Nous lui avons parlé de l’augmentation du taux de suicides chez les jeunes, mais aucune compassion de sa part. Il a même dit à notre fils qu’il le mettait en danger ! »
Nous aurions tant aimé que ce professeur, vraisemblablement très au fait de l’utilité du masque en classe, fournisse lui aussi un travail documenté, avec les preuves scientifiques de l’impact de cette mesure sur l’incidence de l’épidémie en population générale. Parce qu’au bout de deux ans d’épidémie et de 16 mois d’obligation de port du masque à l’école, nous les attendons toujours. L’évidence voudrait que la charge de la preuve appartienne à ceux qui imposent une mesure contraignante, non à ceux qui la subissent, a fortiori lorsqu’il s’agit d’adolescents.
Une efficacité que la science ne parvient pas à démontrer
Déjà en population générale, l’efficacité du masque à bloquer la transmission des virus, SARS-Cov-2 ou autres, n’est pas clairement établie à ce jour. Ce florilège de 32 études conclue à une inefficacité, certaines d’entre elles pointent même des risques au port prolongé du masque. Une étude randomisée, menée sur 6 000 participants avec groupe contrôle, n’est pas parvenue à trouver de différence statistiquement significative quant au risque d’infection au SARS-Cov-2. Quant à l’impact sur le système de soins, obsession gouvernementale, cette étude de la Southern Medical Association parue en septembre 2021 conclue que le port du masque ne montre aucune réduction de la mortalité quotidienne et de l’occupation des lits soins intensifs.
Concernant le milieu scolaire, la littérature scientifique est pauvre, avec des données parcellaires, incomplètes et insuffisantes, ce qui est compréhensible en début d’épidémie mais certainement pas au bout d’un an et demi de port du masque systématique dans de nombreux pays. Aux Etat-Unis, l’immunologiste pédiatrique Elissa Schechter-Perkins, pourtant favorable au masque en début de crise, a déclaré récemment « qu’il incombe désormais à ceux qui recommandent de masquer les enfants de démontrer de façon convaincante un avantage significatif, alors même que les études n’en ont pas trouvé et qu’il existe des préjudices émotionnels et éducatifs. »
Le Royaume-Uni est en train de lever la plupart des mesures, dont le port du masque à l’école. « Le gouvernement avoue que les données sur l’utilisation de masques dans les écoles pour réduire la propagation de la COVID-19 ne sont pas concluantes » titre un article de The Sun. Le Danemark est en train de faire de même. Les suédois, les serbes et les biélorusses quant à eux, n’ont jamais demandé aux enfants de porter des masques et ne l’ont pas regretté sur le plan sanitaire. De quoi rendre certains enseignants un peu plus humbles et moins sûrs d’eux, face à des enfants dont le sens critique est à construire.
Fin du masque dans les écoles anglaises : le gouvernement avoue ne pas avoir d'études concluantes sur son efficacité. A quand les aveux en France ? @jmblanquer https://t.co/zCCkKUp4xE
— Enfance & Libertés (@EnfanceLibertes) January 17, 2022
L’argument de se protéger, de même que celui de protéger les autres, ne repose sur aucune base tangible. C’était un réflexe logique au début d’une épidémie potentiellement dangereuse, une mesure de précaution en attendant que la science fasse son travail. Avec un an et demi de recul, la science n’est pas concluante et ne permet pas de justifier une obligation. Il s’agit donc de mesures politiques. Et puis osons poser la question : une règle qui repose sur des bases fausses ou inexistantes doit-elle être observée, a fortiori si elle porte préjudice ?
Une violence morale très éloignée de la gestion d’une épidémie
Nous pourrions également infliger à cet enseignant une « punition » à visée pédagogique : visionner les huit heures du Doctothon spécial enfants, au long desquelles une centaine de professionnels de santé et de l’enfance se sont succédé pour faire état de l’impact délétère de la crise sanitaire sur nos enfants. Et qui concluent, unanimement : les enfants sont innocents du covid. Une des intervenantes, Caroline, pédopsychiatre, nous rappelle que « les enfants sont plus forts que nous pour s’adapter, mais on les abîme. Les enfants maltraités ne disent rien et continuent à obéir. Les conséquences psychiques sont de plus en plus aigües, avec des tableaux que je ne voyais pas auparavant. »
La Convention internationale des Droits de l’enfant semble avoir été mise entre parenthèses par la crise sanitaire. Sous prétexte d’éviter une catastrophe hypothétique, basée depuis le départ sur des modélisations mathématiques et une amplification médiatique à outrance, l’intérêt de l’enfant est ignoré. Quant aux parents, à aucun moment ils n’ont été consultés, dans un climat d’état d’urgence permanent où les directives tombent d’en-haut et ne semblent pas avoir vocation à être discutées.
Dr Benoît Ochs : « On est capable de faire souffrir des enfants simplement parce que c’est la loi. C’est comme dans l’expérience de Milgram. L’intelligence, c’est être capable de désobéir. »
Depuis le début de la crise et de manière croissante, de nombreux professionnels de santé et de l’enfance ont alerté sur les conséquences, notamment psychologiques, des protocoles qu’on applique aux enfants, sans commune mesure avec le faible risque sanitaire qu’ils représentent. Ces experts n’ont jusqu’ici pas été entendus. La propagation du variant omicron, simple rhume chez les enfants, ne semble aucunement impactée par l’ensemble des mesures sanitaires. Quant aux enseignants, ils sont masqués et pour la plupart vaccinés. Que craignent-ils ? Est-ce aux enfants de protéger les adultes ?
Né en 2021 face à l’urgence de considérer la souffrance des enfants, le mouvement les Mamans Louves, qui regroupe 35 000 mères de famille, affirme recevoir quotidiennement plusieurs centaines de témoignages concernant le mal-être des enfants. Roxane Chafei, porte-parole du collectif, a déclaré sur CNEWS « comprendre la peur des enseignants à qui on a fait croire qu’on les jetais dans la fosse aux virus. Mais je ne comprends pas l’inhumanité de certains. Des milliers d’enfants ne veulent plus aller à l’école. »
📣Parents, nous seuls pouvons mettre fin à leur maltraitance !
— Mamans Louves (@MamansLouves) January 19, 2022
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La psychologue Marie-Estelle Dupont, très engagée dans la défense des enfants depuis le début de la crise, s’indigne : « Des surveillants hurlent après les enfants qui portent le masque sous le nez. Ce n’est pas ça qui va résoudre la crise de l’Hôpital. Psychologiquement, on ne va pas récupérer ces enfants. Ce sont des adultes qui se construiront là-dessus. » Aux côtés du Dr Martin Blachier, qui soutenait la politique sanitaire gouvernementale jusqu’à récemment, elle a lancé en début d’année une pétition pour demander, au vu des données scientifiques disponibles, la fin du port du masque en classe et lors des activités extérieures, l’arrêt du testing massif et l’absence de toute forme de pression vaccinale sur les enfants.
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