Gabriel Attal: « On veut aussi poursuivre la redéfinition de notre contrat social, avec des devoirs qui passent avant les droits, du respect de l’autorité aux prestations sociales » (29.1.2022)

Gabriel Attal: « On veut aussi poursuivre la redéfinition de notre contrat social, avec des devoirs qui passent avant les droits, du respect de l’autorité aux prestations sociales » (29.1.2022)


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Au détour d'un entretien accordé au "Parisien", Gabriel Attal explique qu'Emmanuel Macron est en train de modifier la philosophie politique sur laquelle repose la République. Et qu'il entend bien continuer à le faire pendant cinq ans. Le porte-parole du gouvernement  se réclame ouvertement d'une pensée réactionnaire que l'on n'avait plus entendu formuler ainsi depuis Vichy: le rôle de l'Etat serait de faire passer les devoirs avant les droits. Mais qui parmi les (futurs) compétiteurs de Macron est prêt à défendre sérieusement les libertés contre l'Etat? La tradition politique de Benjamin Constant a-t-elle disparu en France?

C’est une phrase au détour d’un entretien accordé au Parisien par Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement: « On veut aussi poursuivre la redéfinition de notre contrat social, avec des devoirs qui passent avant les droits, du respect de l’autorité aux prestations sociales » Il a osé le dire! 

Et j’ai eu beau chercher, je n’ai vu que très peu de réactions à cette déclaration….proprement réactionnaire. 

Faut-il croire que la liberté s’est réfugiée dans « Nantes révoltée« , chez les anarchistes: 

Il y a aussi l’essayiste lucide, Matthieu Slama, sur Twitter, auteur d’Adieu la liberté, qui déclare à ses 31 000 followers:

Gabriel Attal, sur le projet du futur candidat Macron : « On veut aussi poursuivre la redéfinition de notre contrat social, avec des devoirs qui passent avant les droits, du respect de l’autorité aux prestations sociales. »

Gravissime.

— Mathieu Slama (@MathieuSlama) January 30, 2022

Ici aussi, au Courrier des Stratèges, nous aimons la liberté, nous pensons qu’elle est le bien politique le plus précieux.  Et nous demandons à Eric Zemmour, à Marine Le Pen, à Valérie Pécresse, à Christiane Taubira, à Yannick Jadot, à Jean-Luc Mélenchon, quand il prendront position contre ce qui apparaît plus qu’une déclaration. C’est un véritable projet. Vous souvenez-vous de Macron criant pendant la campagne présidentielle de 2017, « C’e que je veux, c’est que vous alliez faire gagner notre projet!« ? 

Eh bien, maintenant, nous savons de quoi il s’agissait. L’homme qui avait écrit un livre intitulé Révolution, a en fait un projet politique qui s’appelle Réaction. Vouloir faire passer les devoirs avant les droits est la marque même d’un projet réactionnaire depuis la Révolution française.

Pendant longtemps la gauche a reproché aux monarchistes d’avoir la nostalgie d’une société des devoirs. Lorsque le Maréchal Pétain a tenu un discours similaire après la défaite de 1940, on avait cru qu’un tel discours politique était enterré.  Récemment, tous les candidats LR – et d’autres –  reprochaient à Eric Zemmour d’avoir trop d’empathie historique pour la période de Vichy. Mais où sont-ils passés les Xavier Bertrand, les Michel Barnier, les Valérie Pécresse qui rejetaient avec mépris Zemmour pour ne pas respecter l’héritage du Général de Gaulle? 

Curieusement, quand il s’agit du président sortant, toutes les critiques s’évanouissent. 

Peut-être croit-on, chez LR, qu’il s’agit d’un discours de droite? Mais la droite se méfie de l’Etat, du jacobinisme, de l’empiètement sur les libertés individuelles, sur la liberté d’association, la liberté de conscience. Quand la droite veut parler des devoirs, elle confie cela à l’éducation familiale (conservatisme) et à la discipline propre de l’individu et des associations libres (rule of law, tradition du « self-governement », libertarianisme). 

Ce qui caractérise le macronisme, comme la famille progressiste en général, c’est une alliance d’hyperindividualisme des moeurs, des comportements économique et d’un projet autoritaire de contrôle de la société par un mélange de nudge et de contrôle numérique

C’est ce que j’ai appelé le « fascisme gris » et qui se nomme soi-même « Great Reset ». Un nouvel autoritarisme, qui s’appuie sur le « pouvoir gris », la partie la plus âgée de la population; et qui met en place un contrôle social selon les mots d’ordre d’un groupe dirigeant mondial mondialiste, épris de crédit social, d’enfermisme sanitaire, d’écologisme autoritaire

Merci à Gabriel Attal d’avoir confirmé ce que nous disons régulièrement dans le Courrier des Stratèges: le candidat le plus dangereux pour la démocratie, celui qui met à bas les institutions républicaines dont la raison d’être est la défense des libertés individuelles et collectives, c’est Emmanuel Macron. 


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