Qui a traité Valérie Pécresse de « pimbêche »?

Qui a traité Valérie Pécresse de « pimbêche »?


Partager cet article

Nicolas Sarkozy a-t-il vraiment traité Valérie Pécresse de "pimbêche" comme le rapporte le Canard Enchaîné? D'autres journaux rapportent des propos moins désagréables en apparence de la part de l'ancien président mais qui témoignent des difficultés de Valérie Pécresse à faire campagne

« La comtesse de Pimbêche, celle des Plaideurs de Racine » (sa seule comédie) c’est, si l’on en croit l’étymologie, « la comtesse de pince-bec ou du bec pincé ». Et si nous continuons notre provisoirement savante investigation, nous lisons: « Il est clair que le nom Pinche-bec existait avant le XVIIe siècle. Racine est-il l’inventeur de la forme pimbêche ? Il ne semble pas : il aura trouvé ce sobriquet attaché à un caractère ; mais il a rajeuni et renforcé l’un et l’autre par l’application qu’il en a faite, et la célèbre comtesse des Plaideurs restera le type immortel de la dame au bec pincé, de la vieille précieuse acariâtre, de la pimbêche enfin ».

Ainsi donc, Nicolas, vous qui avez souffert au lycée à lire la Princesse de Clèves, vous puisez tout de même dans la langue du Grand Siècle pour  qualifier votre ancien ministre des universités puis du budget ! 

Aujourd’hui, « pimbêche » est utilisé dans le sens d’une femme prétentieuse, capricieuse, qui fait des manières et est souvent impertinente. 

Alors, l’ancien président a-t-il vraiment dit cela? C’est ce qu’affirme le Canard Enchainé

Ce vieux lion qui rugit encore et qu'il ne faut pas oublier de flatter

Les confidences recueillies par le Figaro sont moins désagréables dans la forme mais elles sont terribles politiquement. «Valérie part dans tous les sens, explique l’ancien président. Déjà, si, dans une campagne, tu arrives à imprimer une ou deux idées, c’est un miracle! Il faut marteler en permanence. En 2007, on parlait de Sarko matin, midi et soir. Mais là, qui parle de Valérie Pécresse? Elle est inexistante» Et il ajoute: « Pourquoi elle ne parle que de Chirac? .Elle se dit chiraquienne? Ah, très bien, mais qui l’a fait ministre pendant cinq ans, hein, c’est Chirac ? »

Une vanité blessée? Peu importe, à vrai dire. Je me souviens de la campagne des élections régionales en 2010. Valérie Pécresse sillonnait l’Ile-de-France dans une petite Fiat bleue. Elle payait de sa personne, faisant les marchés dès l’aube et commençant une seconde journée de travail dans son Ministère en fin d’après-midi. Elle oubliait juste de passer voir les vieux caciques du parti, à commencer celui qu’elle avait évincé de la tête de liste, Roger Karoutchi, qui semait les peaux de banane….

Nicolas Sarkozy, c’est un autre niveau; mais Valérie Pécresse commet les mêmes erreurs à douze ans d’intervalle. Oui, le vieux lion est agaçant. Il ressasse sa gloire passée. Mais il est capable de rugir, encore; et les animaux de la forêt se rappellent avec nostalgie de la peur qu’ils avaient quand il régnait sur eux. Une visite de courtoisie régulière à la tanière du vieux monarque retiré aurait évité bien des mésaventures. 

Et puis, un ancien président, qui a gagné une présidentielle et effectué une remontée spectaculaire de 23 points durant sa seconde campagne présidentielle (il était entré en campagne avec 25% d’approbation de son action ! et il a fini à 48% au second tour de l’élection présidentielle de 2012) ça ne peut pas faire de mal. Valérie Pécresse a-t-elle entendu parler de la campagne présidentielle américaine de 2016, quand un autre vieux lion, Bill Clinton, attirait en vain l’attention de sa femme candidate, Hillary, sur les cibles de campagne de Donald Trump en lui disant que lui, le vieux Bill, il aurait fait comme Donald, visité l’Amérique ouvrière, parlé aux Blancs déclassés….? 

Peut-être Nicolas Sarkozy, qui, d’après une de mes sources, pense que Zemmour est sous-estimé dans les sondages, aurait-il des choses à expliquer à celle qui pense qu’elle n’a « besoin de personne … ». 


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Libérons le capitalisme de l’Etat pour sauver la liberté!

Libérons le capitalisme de l’Etat pour sauver la liberté!

Le diagnostic dressé en février 2023 par Martin Wolf, célèbre éditorialiste au Financial Times,dans The Crisis of Democratic Capitalism, est d’une lucidité brutale, mais il se trompe de coupable : oui, le mariage entre capitalisme et démocratie bat de l'aile ; oui, les classes moyennes se sentent trahies par la mondialisation ; mais non, le capitalisme n’est pas intrinsèquement responsable de cette dérive vers l’autoritarisme. Ce qui tue la démocratie libérale aujourd'hui, ce n'est pas l'excès


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

Patrick Cohen vire complotiste devant les députés, par Veerle Daens

Patrick Cohen vire complotiste devant les députés, par Veerle Daens

C’était un moment de télévision d’une pureté soviétique, un instant suspendu où la réalité a fait une pirouette avant de s’écraser sur le marbre froid de l’Assemblée nationale. Nous avons assisté, émus aux larmes (payées par nos impôts), au calvaire de Patrick Cohen. Imaginez la scène : un employé de l’État, payé par la puissance publique, assis au cœur d'une institution publique, expliquant avec le plus grand sérieux que l'indépendance, la vraie, la seule, c'est celle qui est subventionnée. Et


CDS

CDS

La loi spéciale ou l'autopsie du "cadavre exquis" gaulliste

La loi spéciale ou l'autopsie du "cadavre exquis" gaulliste

Il aura fallu attendre l'hiver 2025 pour que la fiction juridique de la Ve République s'effondre enfin sous le poids de sa propre obsolescence. Le spectacle tragi-comique auquel nous assistons — ce rejet du budget, cette valse des Premiers ministres (Barnier, Bayrou, Lecornu) et ce recours humiliant à la "loi spéciale" — n'est pas une crise. C'est une clarification. C'est la preuve définitive que le logiciel du "parlementarisme rationalisé", conçu en 1958 pour museler la représentation natio


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Ukraine, Mercosur, fédéralisme : l'UE revient à la case départ, par Elise Rochefort

Ukraine, Mercosur, fédéralisme : l'UE revient à la case départ, par Elise Rochefort

Si les sommets de décembre sont traditionnellement ceux des bilans, celui qui vient de s'achever sous la houlette d'António Costa (son premier "vrai" grand oral d'hiver) a surtout ressemblé à une veillée d'armes budgétaire et géopolitique. Le document final, sobrement intitulé « Conclusions », se lit moins comme une liste de cadeaux de Noël que comme un inventaire lucide des défis qui attendent l'Union en 2026. Attention aux 3 sujets mortifères du Conseil européen, par Thibault de VarenneAutou


Rédaction

Rédaction