Vladimir Poutine reconnaît les Républiques sécessionnistes de Luhansk et de Donetsk et y fait pénétrer l’armée russe pour le « maintien de la paix »

Vladimir Poutine reconnaît les Républiques sécessionnistes de Luhansk et de Donetsk et y fait pénétrer l’armée russe pour le « maintien de la paix »


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Vladimir Poutine a reconnu ce soir 21 février 2022 les Républiques sécessionnistes de Luhansk et de Donetsk. Une reproduction de ce qui s'était passé en 2008 avec la Géorgie et l'Ossétie du Sud. L'OTAN et l'UE n'ont rien appris.

🔴 Reconnaisse de l’indépendance des Républiques du #Donbass: Vladimir Poutine s’adresse à ses concitoyenshttps://t.co/jUPsoh6wk2 https://t.co/OkfFXdNoIa

— Sputnik France (@sputnik_fr) February 21, 2022

Vladimir Poutine a prononcé ce soir 21 février 2022 un discours de presque une heure à la fin duquel il a annoncé reconnaître les Républiques sécessionnistes du Donbass. Deux heures plus tard, il a donné l’ordre à l’Armée russe d’assurer le maintien de la paix dans les territoires concernés, attaqués depuis plusieurs jours par l’armée ukrainiennes et ses milices fascistes.  Vous trouvez dans le tweet ci-dessus le lien avec une vidéo du discours assortie d’une traduction simultanée, de qualité moyenne mais qui a le mérite d’exister. 

Plus qu’un discours solennel, c’est un exposé des motifs de sa décision que propose un Vladimir Poutine parfaitement maître de lui, qui parle sans notes. 

Il montre comme l’Ukraine dans ses frontières actuelles était en partie une construction historique artificielle sortie des cerveaux de Lénine et Staline.  La radioscopie qu’il fait de la corruption des gouvernements ukrainiens est saisissante de vérité pour qui connaît le pays. Et le président russe n’a pas besoin de hausser le ton pour décrire l’agressivité de l’OTAN depuis les années 1990. 

L'OTAN prise à son propre piège

En fait, les stratèges de l’OTAN, bien mal nommés ont un gros problème de perception. Ils croient qu’ils ont encore affaire à l’URSS. Mais Poutine ne réagit pas en chef d’Empire comme Lénine ou Staline. Il défend ls intérêts d’une nation. Il est très économe de ses forces là où l’URSS les gaspillait. Il ne prévoit que des opératiuons ciblées. 

Les Occidentaux aimeraient une bonne invasion de toute l’Ukraine. Vladimir Poutine ne leur fera pas ce cadeau. A chaque crise il verrouille un territoire stratégique: la Crimée en 2014; le Donbass aujourd’hui. Mais le président russe sait que l’Ukraine est un pays complexe, appauvri, gouverné par une clique corrompue. Il ne pourrait absorber d’autres territoires que si le peuple ukrainien rejetait clairement les réseaux de corruption qui l’oppressent. Je reviendrai sur tous ces sujets dans le prochain numéro de Géopolitique du chaos

Les Etats-Unis projettent en fait sur la Russie leur façon de faire. Ils auraient aimée que Vladimir Poutine envahissent l’Ukraine comme ils ont envahi l’Irak ou saccagé la Libye. Ils menaçaient déjà la Russie de sanctions globales. Cependant, ce soir 21 février (cet après-midi à Washington), l’administration Biden commence déjà à se demander si elle ne va pas y aller plus progressivement. 

NEW: In a conference call with reporters on responding to Putin, and what comes next, a senior admin official suggested that Russian troops in Donetsk/Luhansk *alone* may *not* warrant the « swift and severe » sanctions the admin has been previewing.

— Ali Rogin (@AliRogin) February 21, 2022

Traduction: « Lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes sur la réponse à Poutine et sur ce qui va suivre, un haut responsable de l’administration a suggéré que les troupes russes à Donetsk/Luhansk *seules* pourraient *ne pas* justifier les sanctions « rapides et sévères » que l’administrateur a prévisualisées . »

Vladimir Poutine vient d’utiliser exactement la même tactique qu’en 2008 avec l’Ossétie du Sud  et l’Abkhazie, républiques sécessionnistes attaquées par la Géorgie: apporter sa protection à des territoires ciblés, attaqués par leur ancien gouvernement à qui les Etats-Unis ont promis l’intégration dans l’OTAN.  S’établir sur des points de contrôle qui permettent une possible nouvelle avancée si les intérêts stratégiques de la Russie étaient menacés.  

L’OTAN, qui n’a rien appris, est prise à son propre piège. 


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