Levée immédiate du passe vaccinal : pourquoi la recommandation des sénateurs est une arnaque

Tout ça pour ça. Le Sénat a présenté son rapport sur l’adéquation du passe vaccinal à la situation épidémique jeudi 24 février 2022. Bien qu’en apparence il préconise une levée « rapide » du dispositif, il nous propose surtout de vivre avec une épée de Damoclès constamment au-dessus de nos têtes. Le passe vaccinal doit être réversible – alors qu’ils jugent eux-mêmes l’outil de « gadget » – et n’est pas synonyme de levée du passe sanitaire dans les hôpitaux ni de l’obligation vaccinale pour les soignants. Les parlementaires tentent ridiculement de nous faire croire qu’ils sont encore un organe de contre-pouvoirs. A d’autres.
Le rapport initial fait 248 pages, vu les conclusions on se contentera de la synthèse de 38 pages (ce qui est déjà trop).
248 pages de rapport pour constater que le passe vaccinal est « un pur gadget »

Les sénateurs tirent le bilan des auditions menées depuis janvier. Pour eux, le passe vaccinal a servi tout d’abord à imposer la vaccination sans passer par une obligation légale, « stratégie désormais très clairement assumée par le gouvernement » – alors que c’était initialement interdit par le Conseil Constitutionnel.
Les parlementaires pointent une gestion sanitaire trop isolée – décidée de conseil de défense en conseil de défense – et de mesures restrictives à l’assise scientifique insuffisamment expliquée.
Il en résulte une stratégie sanitaire confuse, en plus d’un déséquilibre institutionnel.
« La substitution du conseil de défense au conseil des ministres, et donc la soustraction de la décision au jeu normal des institutions, ne trouve sa justification que dans le caractère exceptionnel de la situation. Or l’exception dure depuis deux ans. »
L’outil ne rempli pas pleinement ses objectifs « et ses effets sont incertains face à l’évolution de l’épidémie ». Les primo-vaccinés recensés depuis mi-décembre ne constituent pas la cible prioritaire pour réduire les potentielles formes graves de la covid-19 et l’on constate dans la population un essoufflement de la vaccination.
Le dispositif n’est pas assez suivi pour que son efficacité soit prouvée. Ni le Gouvernement, ni les agences sanitaires n’ont mis en place une évaluation de la contribution de cet outil à la vaccination et à l’évolution de l’épidémie. « Plusieurs personnes entendues par la commission ont ainsi confirmé que nous ne disposions pas de données sur les effets du passe vaccinal. »
Le passe vaccinal a été présenté comme une fin en soi, a ensuite paru servir de justification au relâchement des réflexes prophylactiques (dépistage), et a enfin semblé être un pur gadget – puisque le ministre de la santé a estimé pouvoir faire dépendre la levée de l’obligation de port du masque et du passe vaccinal selon « deux critères indispensables » : le nombre d’hospitalisations et le taux d’incidence.
Un « gadget » aux lourdes conséquences pour bon nombre d’entre nous … des gens perdent leur travail et leur vie sociale, certes dans l’indifférence générale mais je tiens tout de même à le rappeler …
248 pages de rapport pour rien
Le rapport tire des conclusions édifiantes, mais les solutions apportées par les sénateurs sont loin d’être à la hauteur (sans surprise).
En page 37 se trouve les recommandations les plus inutiles de l’histoire de la Commission d’enquête.

Malgré toutes ces observations alarmantes – qui démontrent bien l’inutilité du passe ! – la Commission estime qu’une levée de ce dernier doit désormais s’engager avec précaution et de manière transparente.
Cette levée doit s’engager sans délai, mais avec prudence. D’accord, ça c’est de la poigne.
Surtout, les conditions de la réversibilité de la décision devront être assurées et la levée du passe vaccinal n’est pas synonyme de levée du passe sanitaire dans les hôpitaux ni de l’obligation vaccinale pour les soignants.
De plus, la territorialisation du passe doit pouvoir être envisagée.
Les Indicateurs proposés par la commission afin de savoir si la passe doit être imposé sont ceux dégagés par Delfraissy lors de son audition du 1e février 2022, à savoir :
- la situation hospitalière
- les déprogrammations
- le nombre de contaminations
- l’acceptabilité des mesures
Comment en venir à conclusions en ayant reconnu dans la première partie du rapport que le passe « n’est qu’un gadget » ?!
Courage Sénateurs, fuyons !
Ca se mouille pas trop rue de Vaugirard et ça se met à la mode de la rue du Faubourg Saint-Honoré : en même temps on dit que ça sert à rien, mais en même temps on dit qu’il faut le garder.

Les Sénateurs peuvent bien être gênés par l’omniprésence des conseils de défense, leur avis leur a été demandé et personne n’est dupe de rien. Il est bien facile de se cacher derrière le gouvernement, et ce n’est vraiment pas notre style de défendre le gouvernement.
Il est aussi totalement inutile d’organiser une mission d’information sur le passe vaccinal après l’avoir voté, les parlementaires pensent s’en tirer ainsi ? étant donné l’extraordinaire complaisance de la commission envers le ministre de la santé et quelques fausses gesticulations dans les médias – il aurait mieux fallu s’abstenir.
Les parlementaires ont reçu des collectifs de citoyens lors de leur permanence, différents points de vue sur la vaccination et sur le passe vaccinal leur ont été exposés et c’est eux-mêmes qui ont fait le choix de suivre l’exécutif dans ce vote.
Choix qu’ils n’assument qu’à moitié apparemment, en voulant être à la fois en dehors et en dedans de cette décision. Ils n’ont même pas le courage d’aller jusqu’au bout des conclusions de leur propre rapport.
Bref, quelle indignité comme dirait l’autre.
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